dimanche 9 mai 2010

Zef - texte intégral (2ème partie) ... sans la bande son

Didier de Lannoy
La mort d'un sorcier, on fait la fête
2000-2001
Texte intégral (2ème partie) ... sans bande son
ni enseignes lumineuses


deux lourdes marches

les murs bruns patinés par la fumée des pipes et des cigarettes


CAFE RIO


d

deux

deux marches

deux lourdes marches

saupoudrées de gros sel marin


je m m'embusque à l'ntr entrée et à la sortie des th théâtres et des cinémas, des gg galeries d'rt art et des casinos, des chalets de ch chasse et des quais d'mb embarquement des cr croisières en bateau

je me mêle aux foules q qui se délaient nt dans les rues, s'ng engouffrent dans les cafés

je m'installe au pied d des billetteries, devant nt les ascenseurs p rm permettant d'accéder aux parkings souterrains des grands nds magasins, dans les rues sp piétonnières

s'il vous plaît ? watte ?

danke

cela me donne l'impression dd d'avoir des loisirs et des occupations, des relations

Z-BAR


une harde de bourgeois en goguette

jetant quelques pièces de monnaie dans les pattes des mendiants

- les mendiants devraient être punis par l'Etat !

pour qu'ils se dispersent et les laissent passer sans encombre


le homard est un charognard


des habitués qui le tutoient et lui refilent de grosses dringuelles

interrogent le portier, calculent le nombre de doigts de la main qu'on leur tend

- dites-nous, cet être répugnant appartient-il vraiment au genre humain ?


ça me donne l'mpr impression d de de de v vv venir

de q quelque part rt

d'ici ou là

- cet objet d'aversion, cette épave en rupture sociale, ce légume pourri, ce pervers, ce rustre, ce galeux, ce verrat cacochyme et grincheux, ce cadavre déterré, ce pilleur de troncs, ce beideleir, ce crotté, ce débris, ce merdeux, cet invisible, ce mauvais genre, ce malveillant, ce voleur de caniches d'exposition, ce sous-produit de la fabrication d'un dérivé chloré du phénol est-il censé appartenir aux couches sociales les plus défavorisées ? est-il inscrit sur une liste autorisée de personnes démunies ?


- ik ?

jj je m'embusque à la sortie des sc cathédrales, je tends ma c sq casquette, je côtoie les gens sd de la haute société : les gg généraux de corps d'armée préoccupés de leur gl ggl gloire militaire, les diseurs de mots j jj justes, les porteurs de bonne parole, les touristes aux visages r rayonnants en br nz bronze doré, les pr présidents-fondateurs, les magnats du p tr pétrole, les romanciers du Pulitzer, les j rn journalistes du Goncourt

les p paons et les d dd dindons se berçant de phrases cc cocottes, poudrées et tr reliftées, fourrées à la lq liqueur et au chocolat, où l'acc cadémisme se mâtine de modernité, eh, eh, tandis qq que l'émoi jamais ne l'emporte sur la j jj justesse du t ton, eh, eh, alors même que les ombres rs le disputent à la lumière, eh, eh, que la sp splendeur des p pp papillons n'a d'égal que la c mplx complexité de leur système d'organisation sociale, eh, eh

les arst aristocrates et les banquiers confits, m br membres de l'asbl Cercle de Lorraine, utilisant des billets ts de banque p rf parfumés comme cartes de visite et pièces d'dn identité, ayant reçu, dp depuis leur naissance, la mm meilleure m mamelle et les meilleurs m rc morceaux de viande, éleveurs de chiens ns de race, attachés à tr nsm transmettre leur dominance à leur d descendance, s'att tribuant nt les places d d'honneur dans les ég glises, les sicav et les cimetières

nh inhumés dans des cr cryptes de style g th gothique fl mb flamboyant br brabançon

honorées de deux étoiles dans le g guide Michelin

ayant acquis une réelle m maîtrise dans l'art de sélectionner, mélanger et tt torréfier les plus exécrables boudins

- dites-moi, ce Monsieur à l'air peu recommandable, ce mauvais sujet, ce vilain bonhomme est-il un Ennemi des Riches ?

je tends ma c sq casquette, je m'ff affiche, je fraie, je me commets ts

avec

les écc conomistes du grand mm marché commun mondial, vendant aux gens ns l'air qu'ils respirent, l'eau qu'ils bv boivent, la terre qu'ils c cultivent, les passions qui les tr transportent, les maux xq qui les accablent, les rancoeurs qui les m minent nt, s'appropriant nt la lune et le soleil, la fr forêt de Brocéliande et le droit de p pâturage, la cire et le miel d des abeilles qui lutinent

le p pubis des fleurs et les cerises mises à macérer rd dans de l'alcool de cannabis

les grands pr prêtres, les grands brahmanes, les grands imams, les gr grands maîtres et les grands philosophes, les grands rrr rabbins, les grands bonzes, les gr grands p pasteurs

illusionnistes, montreurs de p poupées russes, faiseurs de bulles de savon, c cr crieurs et pr proférateurs, ff fabriquants d'automates, tr transformistes, éch changistes

en règle de cots cotisation singes supérieurs, seuls à avoir accès à la rr reproduction, seuls à avoir le dr droit de vote aux ass assemblées sg générales de l'ONU

les gr gr grandes dames du s spectacle, engageant un artiste japonais pour leur d dessiner des lèvres en or r

détendre les sp peaux, effacer rl les salissures, lisser les sc craquelures, décaper rl les écailles, colmater les sf fissures, décrasser les sd dorures, atténuer les sc cernes, les rougeurs et les rr irritations

les drag-queens de la ppp politique, se pr précipitant au devant des caméras, ff faisant des mignardises aux micros qui se tendent, s sachant comment nt tr étrangler la poule sans la faire br braire

les pr princesses lascives

pt putains du royaume se faisant nt passer pour rd des saintes, réputées sp pour leur inlss inlassable enggmt engagement nth humanitaire, dont une f ff fausse couche laisserait tl le royaume sn sans sh héritier

portant un nb bourrelet par-dessous leur jupe pour la faire b bouffer, aimant s s'entourer d'rch archers, d'eunuques et de c rt courtisans, de p ntr peintres de roses et de collectionneurs de m mouches, de clowns et d'érudits, de f fauconniers et de cr cracheurs de feu, de ss savants et de lettrés, de joueurs de p polo et de ch champions de lawn-tennis, d'envoûteurs et de mg magiciens, de c confesseurs et de bouffons, de marabouts et de ng ngangas, de tradc traducteurs et d'ntr interprètes, de voyageurs et de bn bonimenteurs, de pèlerins et de navg navigateurs qui sillonnent les mers du g globe à l'aide de cartes dr dressées par des str astronomes, de b botanistes et de pr st prestidigitateurs, de m musiciens albanais et de jt jeteurs de fdr foudre c ng congolais, de chats p rs persans qui p portent un collier de cl cl clochettes autour du cou, de p poètes serbo-croates, de p paysagistes n gr nigérians et de nains de jjj jardin allemands nds

vvynt vouvoyant leurs lévriers à poil long, ne portant pas de brillants avant l'après-midi, se montrant attentives aux souffrances d'autrui

offrant nt de la dinde et des cr croissants aux pp pauvres qu'elles pr protègent, qui v vont à la messe et leur font nt allégeance

in inaugurant des unités de s ss soins pour nf enfants malades du sida, pr prenant dans leurs b bras des enfants en pleurs et les b rç berçant jusqu'à ce qu'ils s'nd endorment

provoquant nt des tonnerres d'ppl applaudissements


- dites-moi, cet homme au comportement agressif et menaçant est-il un Ennemi du Commerce et de l'Industrie, de la Liberté d'entreprendre et du Progrès technologique ?

je tends ma c sq casquette et j'ntr entretiens des relations sc compromettantes et déshn déshonorantes

avec

les m marchands d'armes, les st stars de Hollywood, les pr propriétaires de vignobles et de mines de diamants radioactifs, les xpl exploitants de puits de pétrole, les gestn gestionnaires de f rt fortunes, les magnats de l'nd industrie ph pharmaceutique, les magst magistrats hn honoraires débattant nt la q st question de savoir si le camp mp de conctr concentration de Breendonk et le cn centre f rm fermé pour étrangers de Vottem doivent nt être rangés p rm parmi les biens du d domaine public bien qu'ils ne s rv servent pas à l'usage de tous et que l'cc accès en soit rigrs rigoureusement r réglementé

les couples r royaux et les monarques républicains, cr gn craignant Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux, Béni soit Son Nom


tout se prend pour n'importe quoi

aimant le B Bien, appréciant l'ng engagement c ntm contemplatif des Moniales de l'rdr Ordre de Bethléem, renfr renforçant leur p présence sur le terrain, parrainant des ssc associations caritatives, écoutant les r cr récriminations des possédants nts et rc recevant les c cahiers de doléances des b banquiers, souriant aux nf enfants en peluche qui agitent des drapeaux, ouvrant un lavoir p pour les sans-abri, serrant des sm mains, rc frt réconfortant une famille de boursc boursicoteurs en détresse, leur pr prodiguant des paroles nc encourageantes, c mpr comprenant leur douleur et y compatissant, survolant nt en hélicoptère les régions nsd dévastées par le c cc cyclone, rassurant les sn syndicats de c cc commerçants, se déclarant pr profondément b bb bouleversés par les ch chagrins qu'ils côtoient, disct discutant avec les n notables, sst assistant à une séance cd académique, distrb distribuant des charges et des d députations, les terres et les pr propriétés, pr présidant un d dîner de gala, portant des toasts sts, ouvrant nt la saison des moules, inaugurant nt des classes m maternelles, des nst installations sportives, des exps expositions culturelles, des ct str catastrophes aériennes, des incendies de gr grands magasins et des inondations du siècle, faisant pr preuve de c mp compassion, cr caressant la tête d'un enfant ntm malade, laissant nt percer leur émotion, embrs embrassant les proches parents nts des v victimes, s gn signant les registres de c nd condoléances, visitant une csr caserne de p mp pompiers, présentant nt de br brèves sxc excuses après avoir excrt excrété un pet, une suée ou une q qq quinte de toux

applaudis par les nc anciens combattants, les scouts catholiques et les s ss sacs poubelles déposés le long des tr trottoirs

v visiblement émus

et toute autre p personne

vedettes de la finance, du sport et du spectacle

ayant fait l'objet d'une faveur nobiliaire, tr transmissible de mâle en mâle, par pr primogéniture

et ayant mené à bbb bonne fin la pr procédure de levée des lettres patentes

- dis-moi, cet dépravé, cette canaille, ce parasite, cet acarien, ce nuisible à l'apparence répugnante, cet écumeur de pissotière est-il une vermine rouge ? un Ennemi de l'Etat ? un ennemi de la Police, de la Justice, du Clergé, de l'Autorité et de la Propriété ?


Z-BAR

une harde de bourges en goguette

portant un masque devant la bouche, enfilant des gants de plastique, s'asseyant sur leur portefeuille

interpellent le portier, s'indignent

- trop is te veel ! on ne devrait pas permettre ! on devrait empêcher ! on devrait interdire ! on ! on ! on !

- on devrait intervenir, mettre de l'ordre, nettoyer les trottoirs, contrôler les papiers, confisquer les caddies et les poussettes, demander la feuille de paie, la fiche de pointage, le numéro d'immatriculation, la prescription médicale, l'acte de naissance, la carte d'inscription au registre des étrangers, le récépissé tenant lieu de titre de séjour, le bon d'alimentation, le carnet de milice, le certificat de baptême, la déclaration d'impôts, la lettre de motivation, la procès-verbal de conformité, le compte rendu d'audience, le C4 ou l'annexe 26 bis, le relevé bancaire, le bulletin scolaire, le contrat de bail et l'abonnement au gaz, la quittance de loyer, l'inscription à la commune, l'accusé de réception, le timbre oblitéré, l'attestation de soins donnés, l'ordonnance présidentielle, la recommandation épiscopale, le témoignage de satisfaction, le diplôme de paralytique, le brevet de cécité, la facture du fabricant de béquilles, le cachet du vétérinaire d'Etat, le label, la vignette, la franchise, le visa, l'assurance obligatoire, le formulaire et le reçu, le poinçon d'origine, la notice et le mode d'emploi, le permis d'exister, le taux de cholestérol, la carte de visite prophylactique, le ticket de métro, l'arbre généalogique et les secrets de famille, le code-barres, l'étiquette de traçabilité

- on devrait donner une prison à tous les sans-abri !

- vous ne vous imaginez pas tout le confort dont on dispose en prison ! cinq à sept personnes par chambrée ! s'isolant par des serviettes de bain ! loubards, drogués, braqueurs, vagabonds et escrocs ! maraudeurs, déportés, violeurs et pédophiles ! tuberculeux et sidatiques ! tous confondus ! couchés jour et nuit ! sur leur paillasse ! à ne rien faire ! en tenue grise ornée d'un liséré bleu ! à regarder la télévision et à s'échanger des expertises ! un seau de pisse et un seau de merde vidés toutes les 24 heures ! ou un WC chimique vidé une fois par semaine ! des promenades dans la cour ! des visites de l'aumônier ! des confessions et des absolutions ! le linge mis à sécher sur une corde en morceaux de tissus ! la nourriture, le chauffage, l'électricité, les soins médicaux et les médicaments gratuits ! de même que le coiffeur ! la sodomisation des pointeurs par les caïds et les matons ! les travaux d'ordre éducatif ! la possibilité d'apprendre la cuisine, le balayage et le nettoyage des chiottes collectives ! et comment mettre en boîte des filtres pour aspirateur ! et comment plier des t-shirts publicitaires ! et comment les emballer ! et le secret du montage des chasses d'eau ! et les techniques de fabrication des plaques minéralogiques !

- oui mais les demandeurs d'asile engorgent déjà les prisons du Royaume !

- et ils y meurent trop facilement !

- et s'y suicident sans autorisation ! à l'insu de leurs gardiens ! en avalant d'un seul trait 25 comprimés de nivaquine ! ou en faisant la grève de la faim !


le suicide est un péché mortel

surtout quand on se rate


- on devrait à tout le moins envoyer les bulldozers municipaux déloger les vendeurs ambulants ! on devrait raser les baraques de tôles et les cabanes en bois de caisses dans lesquelles s'abritent les indigents !

- on devrait délivrer un ordre de quitter le territoire aux vieillards cancéreux impropres à la résurrection et à tous les non-régularisables dont les carcasses délabrées ne se prêtent plus à prélèvement d'organes !

- on devrait interdire aux pauvres de vivre au-delà de 25 ou 26 ans ! on ne devrait pas permettre aux gens qui n'en ont pas les moyens de venir mourir chez nous, sur nos trottoirs, dans les halls d'entrée et les cages d'escalier de nos immeubles !

- on devrait capturer les nécessiteux au lance-filet, les écrouer sur de vieux cargos désarmés, les soumettre à la quarantaine et les rendre inoffensifs !

- on devrait ramasser tous les chemineaux qui pissent sur nos trottoirs, les mettre en vente publique, les euthanasier au gaz carbonique ou les jeter hors de nos frontières !

- ou les parquer dans des réserves indigènes !

- ou dans des zoos !

- ou dans des parcs à gibier !

- ou dans des Musées de l'Homme !

- ou dans des Expositions Universelles !

- ou les concentrer dans des camps !

- oui, mais à supposer qu'on parvienne à les exterminer tous, par qui pourrions-nous les remplacer ? comment maintenir les salaires à la baisse ? qui descendra dans nos mines et travaillera dans nos plantations ? qui explorera le lit des rivières de nos concessions riches en gisements alluvionnaires ? qui priera dans nos chapelles et donnera à manger à nos missionnaires ? qui cirera les souliers de nos assistants techniques et portera les bagages de nos experts ? qui bénéficiera de notre coopération au développement et de notre aide humanitaire ? qui souscrira à nos emprunts ? qui mangera notre maïs génétiquement modifié, nos vaches malades et nos poulets à la dioxine ? à qui revendrons-nous nos médicaments périmés ? où dénicherons-nous les mannequins racés qui présenteront nos collections d'été ? d'où importerons-nous nos religieuses gazouillantes et nos pétillantes putains ? d'où transférerons-nous nos footballeurs aux pieds d'or ? qui enfantera nos bébés de compagnie ? où recruterons-nous nos supplétifs armés ? qui mourra pour notre Patrie en danger ? où exercerons-nous notre devoir d'ingérence ? de qui aurons-nous encore peur ?

- évitons tout atermoiement funeste et toute précipitation inconsidérée !

- on devrait d'ailleurs se poser la question de savoir ce qu'il adviendrait des pauvres s'ils se hasardaient au-delà des limites de leur enclos et parvenaient à échapper à la surveillance des agents de la douane et de l'immigration : deviendraient-ils revendicatifs ? opéreraient-ils un raid audacieux sur nos dépôts militaires ? prendraient-ils nos touristes en otage ? s'attaquereraient-ils à nos banques, à nos temples et à nos églises ? occuperaient-ils le Cinquantenaire et le Musée de Tervuren ? détruiraient-ils nos cimetières et nos calvaires ? ravageraient-ils nos récoltes ? pilleraient-ils nos magasins ? jeteraient-ils des pierres sur nos voitures ? mettraient-ils le feu à nos villas et à nos supermarchés ? épouseraient-ils nos enfants ? causeraient-ils des dommages irréparables à nos écosystèmes ?

- on pourrait en castrer quelques-uns et les adopter comme employés de maison?

- on pourrait en élever quelques-uns pour la chasse et les relâcher dans les avenues de nos beaux quartiers

- on pourrait en atteler quelques-uns à des carrioles ou à des machines agricoles ?

- on devrait, de toute manière, tatouer les mendiants, les gitans et les immigrés clandestins avant de les remettre en liberté ! on devrait les amener chez le vétérinaire d'Etat, les épouiller, les évangéliser, leur couper les cordes vocales, les dégriffer, les lobotomiser !

- on devrait les obliger à terminer leur soupe aux pois cassés et leur brouet de betteraves ! et les contraindre à ravaler leur vomi qui souille nos trottoirs !

- on devrait éliminer les scories humaines qui abusent des bienfaits de notre société ! on devrait aspirer tous les chewing-gums et tous les sparadraps qui collent au revêtement de nos rues piétonnières ! on devrait arracher les mauvaises herbes, les pesticider et les emballer sous vide ! on devrait diriger les réfractaires et les récalcitrants vers une zone de stockage où un bras robotisé se chargerait de les enfourner et de les carboniser ! on devrait faire usage de nos armes pour éradiquer la vermine et les improductifs !


Z-BAR

jj je fais la m nch manche sur les tr trottoirs, je me p poste aux feux rg rouges, à l'entrée des c cinémas, dans les g galeries et devant les t terrasses, tous les jours de la s mn semaine, seize heures dff d'affilée

- à vot'bon coeur !

avec un gb gobelet en carton, pour rv éviter de tr transmettre la poisse à mes b nf bienfaiteurs

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames !

je fais les th théâtres de boulevard et les musées d'art nc ancien, les autobus et les b bouches de métros, les bords de mer, les ss stades de football, les distributeurs automatiques de billets de b banque

- bien gentil ! bien aimable !

je fais les vrt ouvertures des tr tripots d'rt art des potes

Achille Ngoye, Djuna Djanana, Jacques Simon, Jean-Pierre Jacquemin, Alain Brezault, Gougoui Kangni, Pascale de Villers, Peter Weihs, Marianne Berenhaut, El Hadj Kassé, Chéri Samba, Lye Mudaba Yoka, Ward Vervoort, Michel Antaki, Bernard Villers, Walter Swennen, Henri Jouant, Jean-Pierre Verheggen, John Ngouissani M'Boutany, Dizzy Mandjeku, Dieudos Makwanzi, Carmelo Virone, Lieve Joris, Mwepu Mwamba, Boyikasse Buafomo, Moseka Yogo-Ambake, Violaine et Jean-Marc, Tshitungu Kongolo, Barly Baruti, Emongo Lomomba, André Stas, Alain Germoz, Syms, Sim-Simaro, Kungu Luziamu, Paul Van Ackere, Daniel Locus, Mireille Ayakaluka, Bofane Inkoli, Gérard Adam, Aimé Mpane, Moke, Jean-Marie Lahaye, Etienne Bernard, Roby Comblain, Maggy Frimat, Olivier Le Brun, Tierno Monenembo, Ray Lema, Alonzo Nzau, Pascal Kongo, Aura Msimang-Berton, Dread Litoko, Anne Thyrion, Marie-Anne Pieva, Andreas Roels, Papy-Tex, Pipou Lacomblez, Yannick Koy, Michelino Mavatiku-Visa, Jean-Baptiste Nsamela

je f fais les défilés de mode, les pr processions, les bordels de haute couture, les halls de gg gare et les grands magasins

je fais les entrées des hôtels de luxe, de st stupre, de tourisme et d'affaires, je fais les salles d'tt attente des cabinets d dentaires et les consultations de gynécologie

je v vide les parcmètres, je pille les tr troncs des églises avec un attrape-mouches enroulé autour d'un f fil de fer r

j'enfonce des b baguettes de s ss sourcier, enrobées de m miel, de t toiles d'araignée et de s nd saindoux, à l'intérieur des t termitières

je vole des c cierges ou des bougies, des hosties consacrées, du vin de m messe, des anges en chêne s sculpté jouant de la trompette d dorée

d dank u


qqq quelquefois, je passe des v vv vacances à la mer, je me régale de ch chenilles, de l limaces, de cr crr crrr criquets et de vers de tr terre que je repère à l'ouïe, de perce-oreilles, de pl plancton, de larves d'ns insectes, de crabes, de crevt crevettes gr grises et td de pucerons au miel

les bêtes à bon Dieu

charmantes petites boules rouges à deux, sept ou quatorze points noirs

investissent les villages, font rouler les têtes des hommes en âge de se battre et de procréer, étouffent les vieux, éventrent les femmes enceintes, enfilent les fillettes, défoncent le cul des garçonnets, empalent et embrochent les petits Jésus de lait sur des fourches ou des rapières

et les font rôtir au fer à souder

de serpents violets, de lézards oranges et d d'oiseaux tr trouvés morts sur la plage, de petits escargots à la cq coquille transparente, de raisins murs, d'lg algues et de b baies sv sauvages fr fermentées et alcoolisées, de mr marrons et de ch champignons ns, de noisettes pp pourpres et de prunes bleues, de cr cerises amères, d'écorces d'arbres, de bousiers, de lichens et d de m mm mousses ss s

je me n nourris d'ignames, de manioc et de patates d douces volés dans les ch champs, à proximité des villages


les grives et les merles boudent les nichoirs de l'Armée du Salut

les mangeoires et les abreuvoirs

les urinoirs

je s survis en repêchant des noix de c coco flottant dans l'eau, arrachées aux p lm palmiers p par les vents ts

je t tète les tubes de colle et de dentifrice

j'aspire la s sève e des plantes, je gr grignote le sexe des fleurs

je m'abreuve à la rosée du m matin, à l'rn urine des chevaux et au sang des gn agneaux

je me lave le vv visage et les mains à l'eau des bénitiers

s'il vous p plaît ? watte ?

gotferdoume


je j jette e la foudre, j'allume des lucioles, je f ferre les cerfs-volants, je cr crève les ballons des enfants et la p peau des tambours

gotferdoume

je d détruis les rêves à coups de canne, j j'étripe et j'écartèle les m marionnettes de bois et une poupée de ch chiffons souillée de sp rm sperme astringent nt, je boute le feu aux cheveux des s sorcières rousses et des accoucheuses de foetus s, j' ar arrache les dernières pages d'un carnet td de poésie, je décp décapite les champignons à coups ps de pied

j'appâte des moines tns tonsurés, en robe de bure, m ménopausés, pour sats satisfaire mes appétits mystiques

je b bb baise la main ng gauche d'une religieuse, celle q qq qu'elle résr réserve à ses ss soins nt intimes

g godverdomme


je lève des v vents ts qui les rendent fous

je m'attache au tr tronc d'un arbre mort

creusé par les v vers s

pour ne pas être mp emporté par la t tempête


j'envoie des s signaux que personne ne décrypte, je décvr découvre et je garde en mémoire des tr trésors enfouis dans des cachettes qq qu'ils ignorent, des arches de Noah dissimulées dans des mouillages dont ils ont p rd perdu le s secret ?

ggg goeie avond

danke, n'avend

bonj'oir r

Z-BAR


une harde de bourges en goguette

des nantis, des sangsues, des gras du bide, des habitués qui le tutoient et lui refilent de grosses dringuelles

préférant jeter des pièces de monnaie dans la fontaine aux porteuses d'eau, en lui tournant le dos

- toujours est-il que ça porte chance !

par-dessus leur épaule, en formulant un voeu

plutôt que de les donner au Zef

- il pue !

interpellent le portier, s'indignent


le homard n'a pas le vertige

le homard enfile des gants de plastique et porte un masque devant la bouche

le homard tue par procuration


se disent irrités par la prolifération des mouches à merde, des blattes et des mendiants, des larves, des rats, des crapauds et des choux

par leur pauvreté, leur visibilité, leur incivisme et leur mauvaise éducation, leurs odeurs

- les pauvres sentent le chou et l'oignon

- les pauvres puent la peur et la sueur, l'eau de Javel et l'alcool de contrebande

- les pauvres ne se brossent jamais les dents tous les soirs avec du dentifrice à la chlorophylle, les pauvres ne changent pas de slip et de chaussettes tous les matins, les pauvres ont une haleine détestable

- les pauvres mangent leurs ongles

- les pauvres ont de vilaines mains avec du noir dessus

- les pauvres mangent du ragoût de chien

- les pauvres ne se frottent pas le corps entier avec du savon parfumé à la lavande une fois par mois

- les pauvres mangent du singe, de la chauve-souris, du cancrelat, du cochon d'Inde, du canari, de la toile d'araignée, du lézard, du serpent, de l'herbe, des détritus et de la farine animale


on ne peut pas avaler un serpent plus long que son intestin

tout cru

avec la peau, les arêtes et le venin

sans le couper en petits morceaux


- et les enfants des pauvres disputent des squelettes de poissons à des chats de poubelles

- les pauvres se lavent dans des fontaines publique, des abreuvoirs ou des toilettes des gares

- les pauvres mangent de la neige

- les pauvres puent des pieds

- les pauvres ne demandent pas la permission avant de fumer

- les pauvres n'ont pas fait d'excellentes études dans des écoles renommées, les pauvres sont de constitution fragile, les pauvres n'ont pas d'hygiène alimentaire, les pauvres ne sont pas nés dans une maternité privée et n'ont pas été élevés à la lumière artificielle, les pauvres se font bouillir des pommes de terre dans un jus de têtes de cabillaud ou des haricots noirs à la couenne de lard ou des macaronis charançonnés, les pauvres ne mangent pas de la viande fraîche chaque semaine, les pauvres avalent convulsivement et ne mâchent pas leurs aliments, les pauvres régurgitent, les pauvres développent un mauvais cholestérol, les pauvres toussent en dormant, les pauvres crachent des glaires et du sang

- les pauvres puent du cul

- les pauvres ne sont pas capables de mourir comme tout le monde, à la maison ou dans un lit d'hôpital

- les pauvres meurent gelés, de faim, roués de coups, sur les trottoirs et dans les caniveaux, en infraction avec la législation sociale et la réglementation en vigueur en matière de santé et de salubrité publique

- les pauvres meurent électrocutés par les barrières électrifiées du Mur de Schengen, asphyxiés par deux ex-gendarmes à l'aide d'un coussin réglementaire, noyés en tentant de traverser le détroit de Gibraltar sur un esquif de fortune, étouffés dans un semi-remorque de 18 mètres transportant des palettes de tomates de Zeebrugge à Dover

- les pauvres marchent dans la nuit sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute qui mène à Calais et se font écraser par les transporteurs routiers

- les pauvres tombent dans des crevasses et sautent sur des mines

- les pauvres sont attaqués par des crocodiles, chargés par des troupeaux de buffles, croqués par des lions édentés, piétinés par des éléphants affamés, piqués sur tout le corps par des abeilles tueuses, frappés par les éclairs, écrasés par des arbres, empoisonnés au curare, dévorés par les oncles sorciers

- les pauvres sont emportés par des glissements de terrain et des coulées de lave incandescente, ensevelis sous une montagne d'immondices, brûlés vifs dans l'explosion d'un oléoduc, expulsés de leurs habitats par le réchauffement de la planète et l'élévation du niveau de la mer, décimés par le virus d'Ebola

- certaines races de pauvres, obligées de quitter leur environnement naturel, émigrant vers le Nord, sont menacées de disparition

- les pauvres meurent pourchassés, attrapés et abattus par les services de police

- les pauvres meurent d'homicide involontaire

- les pauvres meurent d'un arrêt cardiaque, au commissariat, dans une cellule de dégrisement ou menotés à un radiateur, asphyxiés par compression thoracique, avec une large plaie dans la région occipitale de la tête, des ecchymoses multiples sur tout le corps, deux côtes cassées, un poumon perforé et la rate fissurée

- les pauvres meurent lentement

- les pauvres meurent du tétanos, de la tuberculose, de la variole, de la rougeole, du kwashiorkor et de la bilharziose, de la trypanosomiase et de l'onchocercose

- ou d'accès pernicieux de paludisme

- ou de la dengue

- ou de la rage

- ou de la syphilis

- ou du choléra

- ou piqués par le sida

- les pauvres attrapent même le scorbut, la peste noire, la morve et la cocotte, la lèpre et la grippe espagnole

- et la fièvre aphteuse et la myxomatose et la tremblante du mouton et l'encéphalite spongiforme bovine


les pauvres naissent, grandissent et meurent pauvres


- les pauvres expectorent du sang

- les pauvres sont contagieux

- les pauvres meurent 20 ans plus tôt que les riches


mais peuvent aussi le devenir


- les pauvres vieillissent plus vite que les riches

- les pauvres meurent plus souvent et plus longtemps que les riches


tout le monde est en droit d'accéder à la Sainte Pauvreté

égalitaire et rédemptrice


- les pauvres n'ont aucune considération pour la propriété privée d'autrui

- les pauvres s'habillent de vieux manteaux volés à des épouvantails, les pauvres portent l'une sur l'autre plusieurs couches de vieux vêtements pour lutter contre le froid

- les pauvres ne paient pas régulièrement leur loyer

- les pauvres s'entassent à onze personnes, dont trois vieillards et cinq enfants entre quatorze mois et quinze ans, dans des deux-pièces humides de trente-cinq mètres carrés, équipés de compteurs d'électricité limités à six ampères, sans gaz de ville, sans chauffage central et sans eau courante

- quand on loue un deux-pièces à un pauvre ils s'amènent à vingt-cinq, ils installent cinq ou six matelas dans la chambre et autant dans le séjour, on est tout de suite envahi

- les pauvres qui font l'objet d'une mesure d'expulsion ordonnée par le Juge, jettent des paillasses sur nos trottoirs et viennent camper devant les portes en verre fumé de nos immeubles distingués

- les pauvres ont quelques cartons ficelés pour tout bagage

- les pauvres ne sont pas inscrits au registre des baptêmes, les pauvres ne sont jamais déclarés à l'administration, les pauvres ne sont couverts par aucun système d'assurance maladie

- les morts des pauvres n'appartiennent jamais à personne

- les pauvres contreviennent aux règles d'organisation communautaire les plus élémentaires, les pauvres oublient toujours de fermer à clef la porte d'entrée des immeubles qu'ils habitent, les pauvres bloquent la minuterie de la cage d'escalier avec des morceaux d'allumette, les pauvres restent enfermés pendant des heures dans les douches, les pauvres salissent les planches des toilettes, les pauvres se plaisent à obturer les gouttières avec des cadavres de pigeons bisets et de chats marrons, les pauvres élèvent des poules et des lapins sur les balcons, les pauvres ne respectent pas l'heure de sortie des poubelles, les pauvres bloquent les disques des compteurs, les pauvres organisent des combats de singes dans les caves, les pauvres causent bien des tracas à leurs bailleurs

- les pauvres sont sources de nuisances politiques, économiques, sociales et culturelles

- les pauvres chantent dans le métro

- les pauvres ne parlent pas correctement le français ou le néerlandais

- les pauvres chuintent

- les pauvres n'arrêtent pas de se marier entre eux

- les pauvres sont porteurs de risques génétiques

- les pauvres ne compostent pas leur billet, les pauvres braillent et s'enivrent dans les lieux publics, les pauvres ne sont pas propres sur eux, les pauvres dégueulent à contre-vent, les pauvres tiennent des propos malséants, les pauvres urinent dans les buissons

- les pauvres défèquent, en position accroupie, dans les parterres de fleurs et sur les plages de sable blanc

- les pauvres ont des vers

- les pauvres ramassent nos mégots mais ne ramassent pas leurs selles

- les pauvres nous chient dans la gueule

- et les selles des pauvres manquent d'azote

- et les voitures des pauvres sont polluantes

- les crottes des pauvres sont anti-hygiéniques, les crottes des pauvres sont rongées par les vers et les parasites, les crottes des pauvres constituent un grave danger pour la santé publique

- et la pisse des pauvres sent mauvais



seule la merde a l'odeur de la merde, surtout la nuit


- les nomades et les miséreux qui se postent en embuscade à la sortie des églises et des supermarchés incommodent les prêtres, les fidèles, les riverains, les promeneurs et les consommateurs

- les pauvres mettent les honnêtes gens dans l'embarras et leur font éprouver un sentiment de culpabilité très inconfortable

- les pauvres importunent les automobilistes bloqués aux carrefours, ils se faufilent, grimacent, implorent, passent d'une voiture à l'autre, gênent la circulation automobile lorsque les feux repassent au vert

- les pauvres qui rôdent dans les strotjes obscures inquiètent les clients et les filles, effrayent les vacanciers, font du tort au Commerce et à l'Industrie

- les pauvres mordent par derrière, les pauvres ne votent pas comme il faut, les pauvres sont sidatiques et tuberculeux, les pauvres se chopent des morpions, les pauvres ne savent pas se soigner et conserver leur corps, les pauvres revendent leurs médailles de guerre et leur yeux de verre pour s'acheter du pain et des médicaments

- les pauvres ont oublié le goût de la viande rouge

- les pauvres cuisinent un jour sur trois, les pauvres mangent des feuilles de salade trouvées dans les poubelles et les caniveaux, les pauvres se nourrissent de chenilles et de limaces, les pauvres se régalent d'abats de volaille achetés au kilo

- les pauvres regardent dans l'assiette des autres

- les pauvres vivent de rapines, pillent nos potagers, volent nos autoradios, s'emparent de nos annuaires téléphoniques, dévalisent nos congélateurs, emportent nos fromages et nos saucissons, fouillent nos immondices, volent les graines de nos oiseaux, achèvent les écuelles de nos chiens

- il faut tenir les pauvres en laisse et leur faire porter une muselière dans tout lieu public ou privé accessible au public

- les pauvres sont de mauvais parents, les pauvres se soustraient à leurs obligations légales au point de compromettre gravement la santé, la sécurité, la moralité et l'éducation de leur progéniture

- les pauvres se servent de leurs bâtards aux yeux larmoyants, aux plaies purulentes et aux doigts agiles, pour harceler les voyageurs dans le métro, exciter la Pitié, demander la Charité, ouvrir les sacs à main et s'emparer des portefeuilles, appâter les pédophiles, soulevant ainsi l'indignation des villégiateurs étrangers, portant gravement atteinte à la réputation du Royaume, ruinant les efforts de nos entreprises de tourisme

- les pauvres abusent de la religion d'autrui


les pauvres mordent les doigts des prêtres qui consentent à leur donner les Saintes Espèces


- les pauvres ont commis des péchés qu'ils n'ont jamais confessés

- les femmes des pauvres sont illettrées

- les femmes des pauvres accouchent sur le trottoir en face de nos cliniques privées

- les femmes des pauvres ont des seins comme des gants de toilette

- les filles des pauvres ne sont pas pleines de grâce, le Seigneur n'est pas avec elles

- les pauvres achètent des boîtes de conserve bombées qu'ils ouvrent avec les dents

- les dents des pauvres se déchaussent

- les vieux des pauvres recrachent leurs dernières dents dans les casseroles de l'Armée du Salut ou de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, perdent connaissance dans la rue et meurent d'une crise cardiaque en faisant la file devant le guichet des urgences d'un hôpital public

- les hommes des pauvres sont paresseux, voleurs, menteurs et sales

- ils ont un gros zizi

- ils ne pensent qu'à forniquer,

- ce sont des incontinents sexuels

- les pauvres trichent au jeu

- ils utilisent des dés pipés et cachent des cartes dans leur slip

- la grande majorité des personnes handicapées ou mentalement retardées naissent chez les pauvres

- et les enfants des pauvres souffrent de saturnisme et la morve leur coule du nez

- et les vieilles des pauvres sont épaisses, marchent lourdement sur leurs jambes variqueuses et ne portent même pas de bas

- et les enfants des pauvres viennent, la nuit, dans nos parcs publics, subrepticement, comme des voleurs, jouer avec leurs chiens squelettiques et galeux, grimper sur nos arbres centenaires, s'amuser sur les balançoires de nos petits et se noyer dans les pièces d'eau des espaces verts des beaux quartiers de nos riantes communes périphériques

- et les enfants des pauvres vont à l'école sans manger

- et les enfants des pauvres meurent asphyxiés au gaz de carbone

- et leur mère, en larmes, assise dans un fauteuil, ivre-morte, défoncée à l'acide, n'est même pas capable de leur porter secours

- et les enfants des pauvres ont des poux

- et les chiens des pauvres ont des puces

- et les femmes des pauvres ont des morpions

- et leurs hommes ont des tiques

- et les paillasses des pauvres sont remplies de punaises


une harde de bourges en goguette

des nantis, des sangsues, des gras du bide, des habitués qui le tutoient et lui refilent de grosses dringuelles

interpellent le portier du Z-BAR

s'indignent de voir Zef faire la manche, stationner sur le trottoir, heurter la pudeur d'autrui

- dites-moi, mon ami, ce Monsieur, ce malpoli, ce mal habillé, cet épouvantail à touristes sexuels, cet abuseur, ce fainéant, ce parasite, cet écornifleur, ce fantôme, cette blatte, ce chétif, ce minable, cet avorton à la filiation coupable et à la nationalité incertaine, ce nuisible, cette gargouille, cet extravagant, ce manipulateur frauduleux de compteurs de gaz et d'électricité, ce nécessiteux ne serait-il pas en train de s'adonner de façon habituelle à la mendicité sur la voie publique ? ne serait-il pas en train de nous demander de lui faire des cadeaux sans raison valable ni contrepartie équivalente ? à l'encontre de toute bienséance et de toute rationalité économique ? sans la moindre vergogne ?


- ik ?

je m'adonne, je fais les plages, les ff foires et les kermesses

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames ! à vot'bon coeur !

je m m'adonne e


- dites-moi encore, mon brave, rassurez-moi, confirmez-moi, informez-moi, cette mouche, cette merde, ce pouacre, ce crachat, ce récalcitrant, ce professionnel de la misère organisée est-il en situation régulière au regard de la législation sur le séjour des étrangers ?


- ikke ?

armé d d'un bâton, d'une canne

on imm imagine e et je m'adonne

s s'il vous plaît ? watte ?

dank u


on se dit irrité par l'insolence des pauvres

- les rires et les larmes des pauvres sont indécents, les rires des pauvres sont agressifs et menaçants, les larmes des pauvres sont dérangeantes et perturbent nos petits


on suggère d'interdire aux pauvres de rire ou de pleurer en public sans y avoir été expressément invités par l'Autorité

et de mourir sur scène


il vaut mieux mourir sur scène, en vedette, sous les spots

plutôt que de prendre son ticket et de faire la file à l'abattoir


on suggère de contrôler la sexualité des pauvres

- on compterait près de neuf pauvres pour chaque bourgeois de la planète

- dont les plus vigoureux et les plus dangereux, ceux qui appartiennent à des races réputées querelleuses, empruntent des filières criminelles d'immigration clandestine, traversent l'Ukraine et la Roumanie, se cachent en Hongrie, en Serbie et en Croatie, se pressent à la frontière de le Slovénie et de l'Italie, menacent d'envahir le Grand Empire d'Occident et de s'établir à Sint-Martens-Latem ou à Lasne

- infestant nos immeubles et faisant peur à nos concitoyens

- comme les rats à New York

- la situation a assez duré

- créons une unité spéciale pour régler ce problème

- mettons en oeuvre des programmes rigoureux de contrôle des naissances

- commençons par séparer les juments des étalons

- et les enfants de leurs parents

- pas d'enfants ! pas de chiens !


les immigrés retrouvés sur les plages proches de Bari, de Tarifa et d'Almeria

indisposent les touristes

qui doivent enjamber les cadavres crus avant de plonger dans la mer


on suggère de permettre aux commerçants de nuit, aux tenancières de maisons de plaisir et patrons de dancings, d'assumer leurs responsabilités, de se constituer en comité de vigilance ou en groupe d'autodéfense, de stériliser les vagabonds et les réfugiés qui font la manche avec des gobelets en carton, vivent à nos crochets, se reproduisent comme des lapins, chapardent dans les poubelles, vident les fonds de caves et de greniers, volent des caisses de bois pour fabriquer des guitares à leurs enfants, s'éclairent à la lampe à pétrole ou à la bougie qu'ils déposent sur des valises en carton, mettent le feu à des cageots de fruits ou de légumes éventrés et à de vieux annuaires téléphoniques pour se réchauffer les mains, les orteils et le nez, souillent les trottoirs et nuisent à la bonne réputation du quartier

- tatoués, déclarés, blanchis, vaccinés, stérilisés et lobotomisés, encadrés, tenus en laisse, muselés dans les lieux publics, resocialisés et christianisés, les pauvres sauvages et les familles des demandeurs d'asile pourraient, après autorisation du vétérinaire d'Etat, être placés chez des particuliers

- ils apporteraient une touche bien sympathique à notre quartier, ils ne se battraient plus entre eux, ils ne se disputeraient plus les couvertures et les colis de nourriture que les bonnes soeurs Consolatrices du Coeur Sacré de Jésus et les braves boy-scouts d'une paroisse du Christ Ressuscité ne manqueraient pas de leur distribuer

- on leur coudrait un point au coin de la bouche pour leur donner un gentil sourire

- ils garderaient nos parkings et nos maisons, laveraient les pare-brise de nos voitures, feraient notre ménage et porteraient nos paquets, ils repasseraient notre linge et repeindraient les châssis de nos fenêtres, ils prendraient nos messages téléphoniques et veilleraient sur nos animaux de compagnie, ils promèneraient nos enfants à dos de poney, ils changeraient les couches-culottes de nos vieux, ils tondraient nos pelouses et entretiendraient nos parterres de fleurs, ils déboucheraient nos toilettes et ramasseraient nos ordures, ils couperaient notre bois et remettraient un joint au robinet de la buanderie, ils répareraient nos séchoirs et nos chauffe-eau, ils planteraient des vignobles sur nos terrils, ils fabriqueraient nos sièges en osier et nos vases en terre cuite, ils travailleraient sur nos chantiers de construction et déchargeraient nos bateaux la nuit, ils joueraient dans nos équipes de football et de basket, ils chanteraient et danseraient dans nos groupes de rap et de salsa, ils fabriqueraient des bébés que l'Autorité mettrait à la disposition des opérateurs socio-économiques du marché mondial de l'adoption, ils feraient don à la collectivité de leurs organes et leurs embryons, ils ne déposeraient plus d'odeurs âcres au coin des rues pour se créer des territoires, ils n'afficheraient plus d'attitudes provocantes, ils n'effrayeraient plus les clients et les filles de nos établissements d'utilité publique par leurs cris intempestifs, leurs gesticulations grotesques, leurs brames morbides et leurs convulsions désordonnées, ils cesseraient de mordre la main qui les masturbe

- on devrait néanmoins ordonner l'abattage massif et immédiat, par tirs à balles, surtout la nuit, sans plus attendre, des rats errants, affamés, hargneux, querelleurs, immunisés contre les raticides usuels

- on devrait interdire certaines races

- celles dont la dangerosité a été établie par des études scientifiques

- on devrait neutraliser les agitateurs, veiller à ce qu'ils n'incommodent pas les honnêtes gens de quelque manière que ce soit, ne pas les laisser discourir et se multiplier, leur imposer la muselière et l'étui pénien, les tenir en laisse dans les lieux publics

- on devrait commencer par leur couper l'eau, le gaz et l'électricité

- on pourrait également mettre en décharge les dissidents et les extravagants ou les brûler à très hautes températures, transformer les réfractaires en farines animales ou en briquaillons, s'en servir pour des expériences scientifiques, utiliser la graisse des récalcitrants pour fabriquer des produits cosmétiques

- on devrait recommander au Vétérinaire d'Etat de chloroformer les irréductibles et les irrécupérables avant de les égorger au son d'une musique douce de façon à ne pas altérer la qualité de la viande

- on pourrait aussi rendre la canaille fluorescente en utilisant de l'ADN de méduse et se donner ainsi les moyens de contrôler tous ses mouvements

- on devrait peut-être laisser faire nos skinheads

- on éviterait ainsi d'exposer la réputation de nos ex-gendarmes

- ce qui importe, c'est d'éviter que les nappes polluantes se dispersent dans l'environnement

- il y va de l'honneur et de la sauvegarde de nos institutions royales, politiques, ecclésiastiques, agro-industrielles, financières, pénitentiaires, vétérinaires, familiales, raciales, judiciaires, artistiques, journalistiques et gastronomiques, militaires, pharmaceutiques, diplomatiques, européennes et policières


on m me demande de vivre entre ppp parenthèses ? entre le ch chaud et le froid, le haut et le bas, le zist st et le zest, le s sable et la mer, le ciel et la tt terre, le pénis ss et le v vagin, le bf bef et l'euro, le lundi des Roses et le mm mercredi des Cendres, la sc scène et l'alcôve, les ardents d fn défenseurs et les farouches opposants, le hard et le s soft, la n nn nonne et la putain, le foulard slm islamique et le m sq masque de carnaval, la baguette et la f fr fourchette, l'ng onglet de boeuf et le f filet de sole, la ch chikwangue et le st stoemp, le fr fr frans et le vlaams, le fej et la r rebeu, la b bintje et la c corne de gatte, la mafuta ya mbila et l'huile d'olive, l'aigle et le p pigeon, le rr rire et les larmes, le salé et le s sucré, la gouache et le f fusain, l'amour et la haine, le pp pourquoi et le comment nt, le semblable et le d différent, le sp sperme et l'urine, le pet et le r rot, le XIXe et le XXIe s siècle, la vie et la mort, le r réel et le vv virtuel, eh

entre un ch chapeau d'abbé et une casquette de fl flic, entre ici et ailleurs s

entre le Z-BAR et le cc café RIO

n'avend

et je trace de ff furieux moulinets de canne qui me font perdre

verdoeme toch !


tous les chevaux ne sont pas nés avec un feignard sur le dos

l'éq quilibre e, tr tré-

bucher, q quelque-

fois


Z-BAR



crissement des pneus

une fille, une très jeune fille n'ayant jamais pouliné, un peu barje, complètement schlasse, un garçon l'accompagne, elle a des petits seins pointus et de longs cheveux blonds qu'elle rejette en arrière d'un grand coup de tête

- t'as compris ? begrijp je ?

revenant d'une soirée chaude, sous chapiteau, avec tombola, strip-tease, karaoké et concours de body-painting, organisée conjointement par un revendeur de bagnoles d'occasion et un commerçant en pneus rechapés

une jeune fille conduisant une grosse voiture

américaine

une Pontiac décapotable, couleur cerise, chromes rutilants, sièges de cuir beige, autoradio tonitruante

éclatant de rire et se parquant devant le Z-BAR


un petit groupe de clients prend l'air sur le trottoir

- santeï !

hilares, bitus, pétés, gelés à mort, sécheurs de cours, pinceurs de fesses et palpeurs de nichons, des bandards de students tuent leur onzième chope

- skoooooooooool !

braillent, décident de faire un tour dans la rue de Malines

- où sont les zoizelles, qu'on leur mette la pine au cul ?


A L'AMBASSY


forcent la porte d'entrée, investissent le bar et les deux arrière-salons, consultent les magazines pornos et les catalogues de lingerie spécialisée, embrassent sur les joues trois petites nièces

Merita, Milika et Maleki

encore imberbes et récemment importées d'Illyrie, qui s'entraînent à parler d'amour et d'argent en français et en néerlandais, qui se montrent encore craintives et se tiennent quelque peu à l'écart

- waouououh, un arrivage de fruits frais ! des premières moules ! de la viande de chasse ! des pommes de terre nouvelles ! des asperges de primeurs ! des maatjes !

baisent la main des deux Cheffes boursouflées qui se goinfrent de pralines au cognac et se ventilent les aisselles avec des cartons de bière

agrippent le peignoir de Gudule, la Tantine-Mère, et la ceinture de son panty

- oesje !

qui lui gaine les jambes, lui aplatit le ventre, lui remonte les fesses et lui soutient les reins,

- retire tes couches-culottes, salope ! qu'on puisse te r'nifler la chatte ! qu'on puisse vérifier si c'est bien vrai qu'tu pues du col de l'utérus, tue-l'amour ?


des students caressent, tripotent, pressent, tordent, secouent brutalement les doudounes en gants de boxe de Waudru, Tantine-Sous-Mère

et lui demandent s'ils peuvent têter à l'oeil ou à crédit

et repèrent la présence de petites boules de graisse dans les chairs

- ouh là ! ce corps est mal tenu, souillon ! tu n'prends pas soin de tes attraits, saleté ! tu t'négliges le sein gauche, malpropre !

et se font éconduire énergiquement à coups de matraque par un inspecteur de police, alcoolique et dépressif, puant le rollmops, spécialisé dans le réglement des litiges entre cafetiers à propos des limites de terrasses, et qui s'est arrogé les fonctions de protecteur du poulailler et se fait payer en bière brune et en chaleur humaine

- borsten niet aanraken ! ne pas toucher aux mamelles !

insultent le représentant de l'Ordre Public et des Bonnes Moeurs

- bouffi d'la prostate !

s'esclaffent, observent une voiture qui s'apprête à parquer, conduite par une jeune fille

discutent, commentent


Z-BAR


une fille, complètement schlasse, un peu barje, elle a de petits seins pointus, un garçon l'accompagne

- begrijp je ? t'as compris ?

ils fument, ils rient, ils friment, ils entrent


q quelquefois


puis un silence


s'il vous plaît t ? watte ?

danke

survient, s'installe

qu'un vent gifle et chasse


une canne, un bb bâton pour soutenir la taille et redrs redresser le d dos

qui se v voûte et s'use encore sur des tr trottoirs

pavés de gr grès, de pluies acides, de ddd dégueulis d'ivrognes, d'hosties recrachées, de fr frites froides et de merdes de chiens m mm malades


et s si chaque jour je rapetisse, si m ma jambe gauche ne cesse de rr raccourcir r, si ma couille dr droite tombe plus bas q que l'autre, eh

c'est ma façon de r rajeunir ?

goeie avond

dank u, n'avend

il vaut mieux mourir tout de suite, dès la première représentation

après on écrase, on assume

on avale les pépins, les arêtes, les broches métalliques, les yeux de verre et les prothèses dentaires

on s'oublie dans son froc


- tiens, Zef, attrape ça !


le portier rd du Z-BAR me lance une gr grande écharpe rouge à la g gueule

- on me cherche ?


le portier du Z-BAR a décidé de commencer la soirée par une bonne action

- ça porte chance, nom di djos !

et de se montrer généreux

- tiens Zef, un cache-nez, potverdekke !


- on me cherche ? qui me cherche ?


- spreekt gij vlaams ? en fait, c'est une écharpe, c'est un client qui l'a oubliée, il y a déjà plus d'un an ! et le vestiairiste tient absolument à se débarrasser avant l'hiver de tous les vieux vêtements abandonnés par les clients ! ça attire les poussières ! et puis ça prend de la place sur les portemanteaux !


- on me cherche ? qui me cherche ? qui est à la recherche de quoi, ici ?


- en fait, le vestiairiste et moi, on a décidé de t'en faire cadeau ! tu vas pouvoir faire le beau maintenant, Zef, de Dieu !


le portier, de q quoi se mêle-t-il ? le vestiairiste, qu'est-ce qu'il me v veut t ?

gotferdoume

qu'on cesse des sss s'apitoyer sur mon p putain de sort, qu'est-ce qu'on me cherche, qu'est-ce qu'on me tr trouve e ?

godverdomme


le portier essaie de se défendre, s'empêtre dans ses explications

- mais nooon Zef, potverdekke ! en fait, je


des gens d déposent une assiette de hachis de veau et un bol de lait fr frais à côté de la pissotière, dans le Busleidengang, pour nourrir une vieille ch chatte et un chaton


et du p pain déjà sec, des viscères de pigeon et des légumes ff fanés devant la pr porte de mon réduit à outils, au fond du potager

qu'est-ce qu'ils me v veulent ?

gotferdoume


le portier n'arrive pas à convaincre

- mais noooooon Zef, nom di djû !

Le portier s'énerve, s'embrouille, s'emporte

- en fait, les barmans et les serveurs ont peur d'attraper la peste, la rage, la lèpre ou le sida, nom di djos !


ç ça va ! ça va ! je m'excuse d'avoir fr froid, je m'excuse d'avoir faim, je dis b bonj'oir, je dis s'il vous plaît, j'ttr attrape au vol une pièce de monnaie qu'on nm me lance et j je dis

- vous êtes bien aimable, manneke !

ml mel'si d'être Zef, je dis

danke

en peu de mots, un tr tr trop de mots pourrait les of offenser r

- ça va aller, quoi !

bonj'oir


dès cinq heures de l'après-midi, c'est l'hiver, des pluies sifflent et s'écrasent


et mes colères m mouillées déjà

c ch chancellent


des vents qui sont des répliques cinglantes

des vents qui rendent fou

f ffou fffouuu f ff fffouuuuu

f ffou f ff fouuuuu

ff f fffou

f fou

ff

f

se f fatiguent nt déjà

des ombres et des s silences me dissimulent

des confusions

je cr creuse e un trou avec ma canne, j'enterre à la hâte une tête de mouton ppp piquée d'épingles dans le Busleidengang, juste à côté de la p ss pissotière

ou un petit coeur de ch chaton cru

un poulet ég gorgé à l'aide d'un tesson de bouteille de bb bière, un s slip de femme r ng rongé par l'rn urine des morpions, un étron d'ab abbé fraîchement ch chié, un livre d'images pieuses, q quelques pages de l'an annuaire du téléphone, un b billet de banque froissé, une épingle à ch cheveux t tordue e, une b bouteille vide, un pr préservatif usagé rr ms ramassé dans la poubelle de Tina, une v vieille photo de famille, un oeuf g gg gobé


et des b brouillards me dissimu-

lent, dont je m m'habille, dont

je s ss rg surgis s

n'avend

bb bjoir


- Bompa ?

une enfant quelquefois, une petite fille, hanches étroites, seins à peine formés

qui piquent déjà

yeux boutons, translucides, vitrifiés, recouverts d'une glaçure incolore

une petite fille jette son cartable aux orties, enferme son tchoc-tchoc en laine dans une boîte à chaussures, enlève ses lunettes rondes, démêle ses longs cheveux, utilise du gel et de la laque pour se fabriquer une nouvelle tête et se maintenir la coiffure en place, mâche du chewing-gum à la menthe, se vernit les ongles, se peint les paupières en blanc, se rosit les joues au blush, se passe les lèvres au gloss

- Bompa Zef ?

une petite fille se met une goutte de sent bon derrière chaque oreille, demande du feu aux hommes sans rougir, glisse de l'ouate dans les bonnets de son soutien-gorge, remonte jusqu'à mi-cuisse sa jupe marine à plis, enlève sa petite culotte de flanelle et passe rapidement un bikini fil dentaire subtilisé dans une boutique de lingerie coquine, déboutonne son chemisier, enfile une bague encore munie d'une étiquette de prix, se noue un foulard autour des fesses et vient se laver la salade au filet d'eau rouillée qui se déverse en crachouillant dans la rigole de la vespasienne du Busleidengang

- Bompa, tu ne m'embrasses plus ? qu'est-ce qui se passe, Bompa, tu ne me dis plus bonjour ?


s'y laver le sexe

et s'y brosser les dents, déguster des écailles de vieille peinture au plomb, téter le soufre des allumettes, les tubes de colle et de dentifrice, se péter la gueule à la mousse à raser, à l'insecticide, au shampooing, à l'eau de toilette, à l'hostie avariée, au baba de pissotière, au sirop pour la toux, au bleu de méthylène, au dissolvant, au déodorant et à la crème fraîche

au suppositoire expectorant à base d'eucalyptus et de codéine

s'éclater, se coller un pétard entre les lèvres

- lala lalala lala, z'auriez pas du feu ? qui veut jouer avec moi ?


et sucer le gland des chefs scouts d'une paroisse du Christ Ressuscité et de l'abbé ayant en charge la vie spirituelle de la troupe, agitant un trousseau de clefs

rassemblés autour du drapeau pour une prière collective

- dans la troupe y a pas d'jambe de bois !

leur demander d'écrire quelques mots tendres dans son carnet de poésie, bleu ciel, cadenassé, d'y dessiner un joli canari jaune ou un gentil poisson rouge

- M'sieur l'Abbé ! s'il te plaît, M'sieur l'Abbé !

- ne m'adressez pas la parole en premier, ma fille, attendez que je vous interpelle et ne m'interrompez point !

- M'sieur l'Abbé ...

- baissez les yeux, ma fille, vous me manquez de respect !

- s'il te plaît, M'sieur l'Abbé !

- baissez les yeux quand j'ouvre les trente-deux boutons de ma braguette, mon enfant, les petites filles ne doivent pas fixer les grands prêtres dans les yeux !

- M'sieur l'Abbé, M'sieur l'Abbé ! qu'est-ce que tu vas m'donner, aujourd'hui, M'sieur l'Abbé ?

- on me suce d'abord le p'tit Jésus, mon enfant ! on s'agenouille ! on se sert de trois doigts et non pas de la main entière ! on ne parle pas la bouche pleine ! on ne se mouche pas dans la soutane des gens ! on ne se lèche pas les doigts !

- que...

- cessez de renifler, de rechigner, de quémander incessamment ! retenez-vous de tousser ! soyez modeste, effacez-vous, faites preuve d'abnégation ! sucez et veillez à ce qu'on vous oublie, qu'on ne sache même pas que vous êtes là ! sucez-moi jusqu'à la moelle et qu'on ignore votre existence !

- qu'est-ce que ...

- voulez-vous bien ne pas me regarder quand vous me sucez, ma fille ! arrêtez de prendre des photos, vous me faites mal aux yeux ! cessez de larmoyer et enlevez-moi cet affreux chewing-gum de votre bouche !

- qu'est-ce que tu m'donnes aujourd'hui, M'sieur l'Abbé, un Jésus un or ou un Jésus en argent ?

- taisez-vous, petite, sucez à fond et avalez le jus, restez à votre place, faites ce que les hommes vous commandent de faire ! élevez votre corps, mon enfant !


Z-BAR


une petite fille racolant sur les quais de la gare, le long du canal, sur une aire de repos en bordure de l'autoroute, dans les couloirs du métro et les parkings du centre commercial, à proximité d'un dancing et d'une boîte de nuit, sous un vieux platane, à la sortie de la grand-messe du dimanche

aguichant les talas et les entraînant au fond d'une impasse

- les talas ?

- ceux qui vont à la messe, quoi ! d'où tu sors, M'sieur ?

ou leur donnant rendez-vous dans des terrains vagues, au bord de cratères creusés par les bombes, derrière une palissade ou à l'intérieur d'une baraque de chantier, sur une paillasse moisie, posée à même le sol

ou dans un cimetière, traversé par un ruisseau, aux heures de fermeture

ou le long de voies de chemin de fer désaffectées, envahies par de très hautes herbes qui lui arrivent à la taille


une petite fille redoutant les relations vaginales mais tolérant les relations buccales et anales

- ça pue, c'est dégueulasse et ça fait plus mal mais ça craint moins !

se postant à côté des distributeurs de préservatifs installés dans les toilettes des écoles sans Dieu, agitant son cul, proposant des tarifs variant selon la nature des prestations à fournir, cassant les prix de 3 à 1

- lalala lala lalala

100 befs pour donner des baisers avec la langue et les dents (environ 2,5 euros), 200 befs pour soulever la jupe et renifler la minette (environ 5 euros), 400 befs pour tripoter les seins et embrasser la vulve (environ 10 euros), 500 befs pour un toucher avec deux doigts seulement (environ 12,25 euros), 700 befs pour enculer (environ 17,5 euros), 1000 befs pour faire des bébés (environ 25 euros), même pas le dixième du prix d'un bel enterrement ou d'un mariage en smoking, souliers ivoire et robe de satin à l'église du Christ Ressuscité

- et pour tirer à blanc, pisseuse ?

- tu m'donnes 300 befs (environ 7,5 euros) et j'te fais ça avec la main, une simple traite, sans prendre dans la bouche, moins cher !

- et pour une relation bucco-génitale, suceuse d'anus ?

- une quoi, M'sieur ?

- une pipe, laitue !

- j'te taille une pipe en profondeur pour à peine le double du prix, chéri ! pour 600 befs seulement (environ 15 euros) ! moins cher ! vite fait ! bien fait ! et j'avale toute la fumée ! sans crapotter ! sans recracher !


BAR Z-BAR Z-BAR Z


singe rieur se balançant, sautant et voltigeant dans tous les sens, tombant de l'arbre et s'écrasant sur un toit de tôle comme une mangue trop mûre

oreilles fanées, emportées par les vents

désorbitation de Dieu qui perd sa couronne et ses ailes, s'effiloche, se décompose, se désintègre et se consume en pénétrant dans l'atmosphère

hirondelles désertant leur nid sous les ardoises de schiste, caméléons refusant de changer de couleur, hélices des hors-bord se prenant dans les cheveux des enfants noyés

fumées d'usine souillant les draps étendus sur l'herbe des jardins

racines d'un vieux platane remontant à la surface pour y chercher de l'eau, étendant désespérément leurs radicelles en direction de zones humides ou d'une pissotière


l'iris des jardins ne supporte pas d'avoir les pieds dans l'eau


cloches fondant dans leur tour, coulées de boue ensevelissant les maisons, cheval de selle grignotant une carcasse de poulet sur un parking d'autoroute

lézards des vieux murs se couchant sur le dos pour mieux crever, au chaud, exposant leur ventre au soleil, ouvrant les jambes, exhibant leurs couilles flétries

cafard se noyant dans une assiette de soupe aux pois cassés, autruche avalant des gravillons pour faciliter sa digestion, moustique peinant à couver ses oeufs, voiture hoquetant et calant son moteur au milieu d'un gué ou d'un passage à niveau non gardé, vieilles locomotives à vapeur débitées au chalumeau par des charognards de la ferraille


on ne donne pas vraiment aux petits pois le temps de grandir

ni aux nains de jardin

ni aux spruitjes de Sint-Gillis


serpent de mer se vidant lentement de son sang dans une baignoire d'eau tiède, s'agrippant à la poitrine d'une femme gravide, sollicitant humblement, avec insistance, une dernière caresse

taurillon s'efforçant de quitter la scène avant qu'il ne soit trop tard, cherchant une issue, franchissant d'une bond le callejon, atterrissant parmi les spectateurs des premiers rangs, se prenant la tête dans les montants d'une barrière, donnant des coups de museau et de sabot pour se libérer, parvenant à se décoincer ses cornes, chargeant les policiers et les photographes

aussitôt renvoyé dans l'arène, bastonné, frappé sur le crâne à l'aide de crucifix, de fourches et de piques, de barres de fer et de matraques électriques, pissant vert-jaune, chiant jaune-vert, vomissant rouge vif, tombant à genoux, s'affaissant, s'effondrant, s'écroulant, se frottant le dos sur le sable, implorant les Dieux Osborne


le premier combat d'un taureau est toujours le combat de trop


terres confisquées, granges incendiées, veaux égorgés, crapauds immolés, enfants volés par les services sociaux, femmes vermifugées et stérilisées, jambes de bois débitées à la hache, cigognes portant des sacs-poubelle dans leur bec, files s'allongeant devant la porte des toilettes et le rideau des confessionnaux, rangées de chaises disposées devant la maison du mort

conspirations ourdies contre Un Seul Dieu et le Parti Unique de l'Ordre et du Progrès

banques, prisons, gares, bordels et bureaux de poste gardés par l'Armée Fédérale

papes, rois, présidents, gestionnaires de fonds de pension, nervis et gardes du corps, idoles du show-business et vedettes du porno, éleveurs industriels de poulets et membres du gouvernement réfugiés à l'aéroport, protégés par un mur de sacs de terre, surpris par la marée montante sur un banc de sable mouvant, souffrant d'un déficit d'image auprès de la population, égrenant un rosaire richement ouvragé, sollicitant l'intercession du Bienheureux Frère Mutien-Marie, priant avec ferveur les Saints et les Dieux de la Bourse dans l'attente d'un retournement de conjoncture, tentant de regagner le rivage à la nage

Christ rongé par les vers, tombant de sa croix et se recevant mal, dans un pot de chambre ou un bidet, au pied d'un paillasse où une pute éponge un cave

poissons mis à sécher sur une corde à linge, abeilles souffrant de problèmes d'identité et de troubles d'orientation, cathédrales et bâtiments publics rongés par la rouille et le cancer de la pierre

chênes pourrissant de l'intérieur, rats d'égout grouillant autour des machines à débiter les viandes et à emballer les saucisses, autobus se renversant sur les passagers qui se tiennent accrochés aux portières, canne d'aveugle heurtant les pattes d'un crocodile assoupi

eau des sources et des fontaines prenant subitement feu, linge pris dans les barbelés, filets verts tendus sur toute la largeur des rues pour protéger les passants des chutes d'oiseaux-suicides

larves d'agriotes suçant les orteils des plants de houblon, parapluies fanés retournés par le vent, chrétiens bénis au vinaigre

orques et cachalots s'échouant sur la plage d'une piscine couverte et climatisée, équipée d'un moteur à vagues

poissons morts enterrés dans des chaussettes de nylon, explosion d'un tabernacle à haute tension, statues décapitées à la machette, fumées noires s'échappant des cercueils éventrés au marteau-piqueur, poules pondeuses et enfants affamés se disputant les hosties activées qui jonchent la nef de l'ancienne chapelle du vieux cimetière adossé à l'église, rumeurs sifflant dans les oreilles

ébats guerriers, voix étranglées, sanglots retenus, gorges tranchées, têtes plantées sur des piques, ciels embrasés, villes incendiées, douceurs du meurtre

camions faisant la queue devant les stations d'essence, marins bloqués à quai depuis plusieurs mois

ouverture du mémorial Baudouin Ier en présence de toute la famille royale d'ex-Belgique


IMPASSE DES MURMURES


panneaux d'exclusion cloués aux arbres, pancartes agressives, obscènes et menaçantes

affichettes de rendez-vous pervers placardées sur les palissades ou collées sur les poubelles ou les portes de secours, murs des chiottes barbouillés de graffitis merdeux, mots d'ordre effrayants et slogans haineux tagués au spray, monstres libidineux et violeurs sadiques dessinés au charbon de bois, déclarations de haine tracées à la craie

signatures, chiffres maléfiques, initiales et lettres majuscules gravés au couteau sur l'écorce du tronc d'un arbre mort


interdiction de laisser les chiens crotter

défense d'uriner sur les jambes des dames

défense de lècher le sang qui coule sur les cuisses des jeunes filles

interdiction de dormir à deux dans les toilettes des gares et sur les tables de cuisine

interdiction de porter atteinte à la moralité publique

praten zonder poepen is kut

il est interdit de parler d'amour aux putes sans conclure

et aux conducteurs de tram

interdiction de cracher dans les autobus

défense de se fendre la gueule

interdiction de ne pas croire en Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux, Béni soit Son Nom

le personnel travaillant en cuisine est prié de se laver les mains après avoir fait ses petits besoins


devenu incontinent

se déplaçant à l'aide de béquilles

se remettant difficilement d'une cuite

assailli par un essaim d'épouses légitimes et de contre-épouses qui lui reprochent d'avoir eu des relations sexuelles avec Judas dans le placard à balais d'un restaurant végétarien

Dieu déprime :

- c'est très pénible de vivre avec le sentiment qu'on ne croit plus en vous, qu'on devient progressivement inutile

et se lamente :

- ils disent que je suis trop vieux pour travailler


défense de perdre ses eaux dans la rigole de l'urinoir

défense de se teindre la moustache en bleu électrique

verboden op de werf te komen

défense de se promener glamoureusement sur le chantier du Berlaymont

la nicotine ne provoque pas d'addiction

merci de ne pas cracher sa chique dans le bénitier

on est prié d'enlever son chapeau avant de se pendre au lampadaire

interdiction de décéder les jours non ouvrables


THE BEAUTY OF DARKNESS ! MAKE MONEY !COMMIES STAY OUT ! FUCK THE WORLD ! DISCOUNT ON DRAUGHT BEERS ! IN GOD WE TRUST ! GOD IS POWER ! WELCOME TO TCHERNOBYL ! WHITE POWER ! FUCK THE FLOWERS, LET US RIDE ! BLOOD AND HONOUR ! PREPARED FOODS ! RUN, RUDOLPH, RUN ! GOD BLESS AMERIKKKA ! DON'T MESS WITH TEXAS ! DAVID LANE FOR PRESIDENT ! WHITE MALE, 56 JRS, SEEKS CONTACT WITH ATTRACTIVE WOMAN FROM AFRICA, ASIA OR LATINO ! BEWARE OF DOGS ! JESSE GO HOME ! MAKE WAR, NOT LOVE ! BIG BROTHER IS PROTECTING YOU ! AMERICAN DREAM ! ZERO TOLERANCE ! NO VISITORS IN ROOMS ! NO PROFANITY ! READY TO DIE ! GOD IS ONLY SUPERPOWER ! NO WORK, NO LOVE, ONLY SEX ! STAY ALIVE, STAY DIFFERENT, STAY CRAZY ! NO RISQ, NO FEUN ! POLICE LINE DO NOT CROSS ! DID 6 MILLION REALLY DIE ? I'VE FUKED YO MOMMA !


il est interdit de blanchir ses rêves et de les garder au congélateur

il est interdit de parler au curé pendant qu'il fait sa magie, sinon ça rate

niet met de wattman spreken

il est interdit de mourir sans s'être déchaussé

il est interdit de tomber amoureuse du petit ami de son institutrice

il est interdit aux païens de consommer de la viande froide de Dieu

il est interdit aux abeilles de s'éloigner à plus de 3 kilomètres de leurs ruches et de transporter le virus de la fièvre aphteuse

multicible, métamorphique, polymorphe, intelligent, subversif, retors, furtif et quasiment indécelable

il est interdit aux dames de monter au jubé avec des individus mâles dont la voix d'enfant n'a pas été conservée par castration

veuillez refermer la porte pour les chats


- lala lalala lala

une enfant quelquefois, une petite fille, relève sa jupe, se lave l'entrejambe au filet d'eau rouillée qui se déverse en crachouillant dans la rigole de la pissotière du Busleidengang, secoue sa salade

une enfant s'asperge le sexe, se brosse les dents, crache son chewing-gum à la menthe, se rince la gorge et l'arrière-bouche, vomit

- une pisseuse de lait écrémé ! une laitue charançonnée par les morbacs ! une suceuse de vieux boucs ! une mangeuse de bites tièdes ! un boudin de sang contaminé farci de trognons de pommes pourries !

une petite fille se frotte le pli des fesses et s'essuie l'intérieur des cuisses avec une poupée de chiffons

- lalala lala lalala, z'auriez pas du feu ? personne ne veut jouer avec moi ?


et des grandes filles, parfois, s'y font tringler par le portier du Z-BAR

le vestiairiste-videur, les barmans, les serveurs

- t'en vas pas comme ça ! nous aussi, on voudrait bien faire connaissance !

et quelques habitués

- nous aussi on a besoin d'se détendre !

qui tutoient le portier et lui refilent de grosses dringuelles


IMPASSE DES MARMONNEMENTS


interdiction de regarder les pis de la vache d'autrui

interdiction de se passionner pour quiconque et quoi que ce soit

interdiction de prendre les cocus par les cornes

interdiction de tapiner à la sortie des églises et à l'entrée des cimetières

verboden te storten

interdiction de jeter des ordures


les ordures sont immortelles

en nylon, plastique et autres fibres synthétiques


défense de laver la vaisselle dans l'urinoir et de cracher ses poumons dans le bénitier

interdiction de photographier les tueurs en béret rouge et en tenue de camouflage

défense de demander des autographes aux clochards

les décès dûs au froid seront sévèrement sanctionnés

tenez-vous tranquille et sachez que Dieu vous surveille

HITLER IS GOD ! HEIL HEIDER ! VIVE LE ROYAUME DE SERBIE ! SOLUTION FINALE ! PROPRIETE PRIVEE ! LA FRANCE AUX FRANÇAIS ! ACCES INTERDIT ! PLUS DE PARKINGS ET MOINS DE BANCS PUBLICS ! EIGEN VOLK EERST ! VOIE BARREE ! BON SANG NE PEUT MENTIR ! LES ETRANGERS DEHORS ! LA CÔTE D'IVOIRE AUX IVOIRIENS ! LES FEMMES AU LIT ET AUX FOURNEAUX ! JESUS SAUVEUR DU MONDE ! ELIMINONS L'ENNEMI INTÉRIEUR ! FRANSKILJOENEN BUITEN ! BALAYONS LA RACAILLE ! DIRIGEONS LE PAYS A LA MITRAILLETTE ! BRUSSEL VLAAMS ! EXPULSONS LES CLANDESTINS ! CHASSONS LES BURKINABES ! THAI RAK THAI ! CASTRONS LES PÉDÉS ! JUDEN RAUS ! EGORGEONS LES MACAQUES ! TENONS LES ENFANTS, LES FEMMES ET LES VIEILLARDS EN LAISSE ! COMMUONS LES PEINES DE PRISON EN CONDAMNATIONS A MORT ! VIVENT LES PRETRES ! VIVENT LES ARMÉES ! VIVENT LES PATRIES ! HAIL TO THE CHIEF ! CREVENT LES SALOPERIES DE BOUGNOULS QUI PRENNENT NOTRE BOULOT, BAISENT NOS FEMMES ET EMPESTENT NOTRE AIR ! SMRT ! MORT AUX JUIFS ! ARABI FORA ! VIVA LA MUERTE ! BE PREPARED ! NOUS VOULONS LA GUERRE ! PAS DE PAIX AVEC ARAFAT !


3x11 ! 666 ! 88 !


il est interdit de se regarder dans le miroir sans loucher, d'être pris de vertige, de perdre pied et de se noyer dans la grande profondeur

il est interdit de planter des arbres au Moyen Age


une petite fille est assise sur la bordure du trottoir

bras enserrant les jambes

une petite fille raconte comment, au départ de chaque ombre

comment une béquille s'avance, une canne, une main

et comment un rire gronde, d'un vieillard

surgit

- Bompa Zef ?


les chauve-souris n'aiment pas les courants d'air


de toute commissure

au départ de chaque ombre

surgit

- c'est toi, Bompa ? tu as failli me faire peur !


les blattes ne dorment jamais


Busleidengang

une enfant, une petite fille a peur d'avaler sa dernière dent de lait qui commence à bouger, craint de tomber enceinte, s'affole, panique, crache sur le trottoir

- ça pince très fort dans mon ventre et j'ai la tête qui tourne !

une petite fille dégueule, devient toute grise, est prise de convulsions, souffre de crampes et d'accès de migraine, se frotte une gousse d'ail sur les tempes, transpire, se met à frissonner, a des visions, voit apparaître l'Archange Gabriel, se prépare une décoction de cerfeuil sauvage, pleure, pisse, chie sous elle

- et si ça m'arrivait, Zef, si j'attrapais le bébé ? ça pense très fort dans ma tête ! et je me sens toute gonflée, toute ballonnée !

lourdeur de l'estomac, nausée, vertiges, hyperthermie, pression sur le globe oculaire, violentes crises de tremblements, bouffées de chaleur et soif intense, apparition de rougeurs sur le visage

- s'il te plaît ! s'il te plaît ! s'il te plaît !

une petite Marie supplie Bompa Zef de bien vouloir endosser la paternité de son Kinder-Surprise

- je te ferai cadeau de tout ce que tu voudras, Bompa, le Jésus en bel ivoire du Congo que M'sieur l'Abbé m'a offert, mon joli canari jaune, ma corde à sauter, mes marionnettes de bois et ma poupée de chiffons, le foulard de soie qu'une belle Madame m'a donné, mon gentil poisson rouge, mon tchoc-tchoc en laine, mon carnet de poésie, tout ce que tu voudras, Bompa, même de l'argent si tu veux



Z-BAR


chant des crapauds après la pluie

touristes sexuels cuvant leurs coïts sur les plages de sable blanc, bides à l'air, jambes ouvertes, comme des cancrelats gazés au Baygon

snipers, avec fusil à lunette infrarouge et viseur laser, embusqués au troisième étage d'un immeuble en construction, couchés sur des matelas pneumatiques, mâchant du chewing-gum et grignotant du pop-corn

gargouilles crachant leur venin, corneilles lâchant des galets sur les velux et les verrières

ébouillantage des langoustes, gazage des terriers, angelots rôtis à la broche, grenades lancées dans les piscines et les poêle à charbon

poulets accrochés à la chaîne d'abattage, tête en bas, pattes en l'air, parties génitales arrachées

jeunes gens marchant à l'aide de béquilles et jeunes filles près de mettre bas, portant des balluchons et des poupées, parqués dans des enclos à chevaux, mis à brouter dans des camps de détritus hérissés de barbelés, se passant des clopes au travers des grillages, se nourrissant d'orties et de chardons, de larves de mouches et d'asticots

épidémie d'anthrax décimant le bétail des populations soupçonnées de soutenir les bandits terroristes, stress de la vache séparée de son troupeau


aucune vache ne ressemble à une autre

chaque vache a son prénom de sainte

et un visage

qui lui appartient en propre


hommes fauves secouant les barreaux de leur cage, pointant leur dard, se mordillant les lèvres, se masturbant avec application, tirant des flèches vers le ciel, râlant, bavant, vidant tout leur chargeur, tombant d'inanition

stades, dancings, pyramides, hôtels, cathédrales et mairies pourrissant de l'intérieur, se désintégrant, s'affaissant, s'effondrant, s'écroulant sur leurs fondations, nuages de poussières et de lamentations

odeur pestilentielle des charognes boueuses, ensevelies sous les gravats et dégagées à la pelleteuse

chiens jaunes et pitbulls creusant le sol, s'efforçant de se glisser sous le grillage de leur enclos, cherchant de la chair crue et de l'eau fraîche, se disputant les restes d'un nouveau-né

bébés araignées se jetant sur leur mère et la dévorant toute nue, enseignants exécutés devant leurs élèves, ânes et truies déchiquetés par les bombardements, nutons et marmousets se réfugiant au fond des grottes

claquements des fouets des trafiquants de rivières, installés sur les berges, chicotant les eaux douces et les rouant de coups, les poussant vers les fleuves, les obligeant à se jeter dans la mer

craquements des arbres qui s'abattent, bottes noires pataugeant dans le sang des victimes et la boue des charniers, empreintes des pattes fourchues du Diable, vautours picorant les viandes putréfiées, mouettes de proie survolant les décharges d'ordures, cochons errant en grognant sur les champs de bataille, corps non réclamés enterrés frauduleusement dans les tombes désaffectées d'un ancien cimetière gardé par des scorpions, des mygales et des crotales

odeurs rances, épaisses vapeurs montant de la terre recouvrant les fosses communes, gémissements des survivants couchés sur des matelas souillés par l'urine et le jus de boudin des morts

bruit des souliers à clous des chevaux de l'ex-gendarmerie tirant des corbillards non bâchés

cadavres en uniforme, au garde-à-vous, ligotés à des brancards disposés contre le mur du couloir de l'hôpital, les uns sur les autres, verticalement, pour prendre moins de place

carcasses de paysans stockées dans des hangars désaffectés dans l'attente de la délivrance par l'Autorité d'un permis d'ériger un bûcher

rideau de fer tombant sur le devant de la scène, soleil se couchant dans la cuvette des chiottes

interview de la reine Silvia de Suède à l'occasion de son anniversaire


on ne peut pas refuser à un castrat de mourir de la syphilis et du sida sous les bombes de la Libre Amérique et de la Sainte Russie

décemment


- ik k ?

qq qui suis-je et je fais quoi?

j'habite où ça ? de quoi je v vis ?

une cliente à Tina

Tantine Goedele

cheveux de paille sèche, sourcils mauves surlignés

- oesje ! la dioxine n'a jamais fait grossir personne, savez-vous, Mevrouw Tina

Tantine Goedele dont les bas filent, ayant oublié d'ôter ses bagues et ses bracelets avant d'enfiler des mousses élastiques couvrants

exposant ses problèmes

- j'ai mal mon dos !

racontant ses salades, son chien Bobby qui n'aboie plus depuis longtemps et qui va où il veut

- mon chien fait ses besoins où ça lui plaît !

son chat Poupounet qui s'accroche aux rideaux de la douche, sa rampe d'escalier à décaper au papier émeri, ses petites nouvelles à qui elle doit tout apprendre, ses vieux habitués qui viennent la voir une fois par semaine

- on s'attache, savez-vous, Mevrouw Tina !

et ses étudiants en duffel-coat qu'il faut encore fidéliser, ses varices, ses vapeurs, ses allergies, son arthrose, sa tension, son ulcère, ses odeurs, ses flatulences, ses gargouillements intestinaux, ses gonflements abdominaux, ses douleurs du bas-ventre, son utérus rempli de pus, son ralentissement du transit du côlon, ses colites ulcéreuses

- dans ce métier, il faut toujours rester propre sur soi-même, Mevrouw Tina

se plaignant de la grossièreté des automobilistes qui roulent au ralenti et lèchent les vitrines des bars-aquariums où des galeristes exposent des femmes-bonbons pour appâter le consommateur

- la galanterie n'est plus d'usage, Mevrouw Tina, c'est vraiment très navrant ! il y a des valeurs qui se perdent ! on vit dans un triste temps ! il n'y a plus de saisons !

se plaignant de son nouveau panty qui lui gaine les jambes, lui aplatit le ventre, lui remonte les fesses et lui soutient les reins

- ma culotte me serre de trop et ça me gêne en haut de mes cuisses, Mevrouw Tina

se plaignant et se lamentant

- ce n'est plus comme avant, savez-vous, Mevrouw Tina ! il y a trop de filles qui s'exposent en vitrine et qui racolent sur les trottoirs ou par petites annonces dans les journaux toutes-boîtes ! des filles immigrées qui ne sont même pas d'ici, qui ne connaissent même pas les pratiques sexuelles en usage dans les Etats membres de l'Union Européenne et qui ne croient même pas à l'infaillibilité de notre Saint-Père-le-Pape !


qui bouffe du Pape, en meurt


- des filles qui ne parlent même pas le français et le néerlandais, savez-vous ! des femmes mariées, des filles de ferme et des ouvrières d'usine, des étudiantes et des écolières ! des filles très jeunes, sans pudeur et sans scrupules, aux petits seins, aux hanches étroites, qui n'ont pas de respect pour les anciennes, qui ne portent pas de culotte, qui cassent les prix, qui bradent leur corps et qui travaillent à perte ! waar gaat het naartoe ? où allons-nous, Mevrouw Tina ? ce ne sont quand même pas des étrangères qui vont imposer leurs prix chez nous ! seul le Pape possède le pouvoir de mettre fin au règne de Dieu !

désignant le Zef du doigt et s'en prenant à lui

- comment ? mais vous n'savez pas, Mevrouw Tina ? vous n'êtes pas au courant ? mais il est


mais je suis prpr propriétaire

de tr trois immeubles

au moins

v voyons

godverdomme e


ou comdt commanditaire d'un d domaine de plusieurs h ct hectares de vignes dont s rt sortent chaque année les meilleurs bouteilles d'un gr grand cru classé ? ou sp sponsor d'une écurie de course ? ou bailleur de p puits de pétrole ? ou mang manager d'un ch cheptel de lucioles ? ou mécène d'une g guerre civile du cobalt ou du d diamant ?

- je s'rais lui, j'aurais honte, Mevrouw !


une cliente à Tina, Tantine Goedele, l'entretient du temps qu'il fait, qu'il a fait, qu'il va faire à Knokke-Le Zoute et à Han-sur-Lesse

- oesje ! si c'est pas malheureux, Mevrouw Tina ...

se frotte les pieds l'un contre l'autre, consulte sa montre et s'exclame

- bon, j'my vais, je dois m'y aller, il m'faut qu'je m'y aille, Mevrouw Tina, je n'ai pas que ça à faire ! il y a les petites à surveiller ! et mon inspecteur de police qui déprime et qui se saoule la gueule ! et qui voudrait bien que j'lui enlève les petits points noirs qui lui chatouillent le trou de balle ! et qu'je lui fasse une gâterie ! et que j'lui remonte son moral ! et que j'lui vide son tube de dentifrice !


s'il vous plaît ? w watte ?

je b bâtis des maisons que j'habite, aux escaliers retors, clandestins et sss sournois s

et puis, traquées, que j'abandonne

n'avend, bonj'oir

il faut que c cela tienne mais cela ne doit pas être durable : des p portes m mm murées, sans tr trou de serrure, des f nt fenêtres factices et des f ff façades lisses

joder

l'entrée d'un égout, furtive et maquillée, d'un v vieux moulin, d'un banc d'école, d'un s sous-marin, d'un caveau funéraire, d'une boîte dd de sardines

v voyons

bjoir


un tas d'ombres

- Bompa Zef ?

un tas

d'ombres

- c'est toi Bompa ? je te cherchais partout, je me sens toute seule, j'ai besoin de toi, je n'ai pas d'autre ami que toi


je les effraie ee par l'intrusion des m miennes et je m'effraie, ivre et

- à vot'bon coeur !

jjj jouis d'un mot r sq risqué qui heurte un mur, fr frappe au carreau

d dégringole

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames !


d'ombres vêtues

qu'ils allument et déshabillent


je r rôde aux embranchements, je rôde aux commissures

- bien gentil ! bien aimable !

une enfant, une petite fille

une petite Marie serrant un coussin dans ses bras

- Bompa, j'ai un gros chagrin, je voudrais que tu m'embrasses et que tu me consoles, que tu me fasses un vrai câlin ! je voudrais m'asseoir sur tes genoux, que tu me passes la main dans les cheveux et que tu me racontes une histoire triste qui finit bien, Bompa !

j j'apprends des recoins, des p patiences, des portails oubliés, des mots de passe, des tt tatouages intimes, des ascenseurs cachés, des s soupiraux, des conduits dd d'aération, je regarde et je retiens, des sentiers, des messages s secrets, des corniches, des égouts, d des strotjes souterraines, des escaliers dissimulés derrière une vigne gr grimpante, des échelles abandonnées, des balcons qu'ils ss soupçonnent nt ?

bonj'oir

attrapp pant au vol une pièce de monnaie q qu'on me lance e

dank u, joder

- vous êtes bien aimable, manneke !

IMPASSE DES MURMURES


un tas d'ombres

qu'ils allument

- circulez !

qu'ils balaient, qu'ils effacent, lançant des injonctions comminatoires

- circulez ! circulez ! circulez !


on ne laisse pas les gens dormir sur le trottoir

on les harponne, on les sermonne, on les invective, on leur tire les oreilles, on leur tord les couilles, on leur jette un seau de pisse à la gueule

- cessez de mourir sur scène ! vous indisposez le public !

et c comme je les s surveille

depuis mes greniers, mes mâts et mes v vergues, mes chênes et mes hêtres, mes refuges ff fortifiés, mes phares, mes tours et mes clochers, mes cheminées d'usine, mes gr grues et mes échafaudages, mes pp pyramides et mes donjons de pierre, percés de meurtrières

gotferdoume


qu'ils traquent

et qu'ils invitent à décliner leur identité

- sortez de là, déchets de la société ! exhibez-vous, chiennes répugnantes ! montrez vos sales gueules, enfoirés de bougnouls de merde ! identifiez-vous !


on ne laisse pas les gens mourir impunément sur le trottoir

on leur demande d'exhiber leurs papiers


et t tapis derrière une porte, un rideau, une pissotière, planqué s sous une armoire, dans un trou d'arbre, un n nid de chimpanzé solitaire, une t tombe, une c cavité, une nfr anfractuosité, un réduit à outils, pr prr près d'un chemin de halage, au fond du p tg potager, dans un hamac t nd tendu entre deux mr marronniers

couché s sous un banc public de parc municipal, dissimulé d dans les rs roseaux ou dans la cq coquille d'un oeuf g gobé, dans une p rg pirogue basse creusée dans un tr tronc d'arbre, dans un refuge pour nains de jardin, dans la c cc cave à cigares d'un vieux curé mis à la r tr retraite pour avoir d dd ddd dégueulé sur l'autel ou confondu un c nf confessionnal et un urinoir, dans un pigeonnier de l'Armée Fédérale ou dans la cabine d'une baleinière en c cale sèche, dans une mm maison-radeau au tt toit de j joncs, comme je les s surprends

mes embuscades

n'avend d, bonj'oir


ou d dans une cabane construite sur une décharge républicaine

godverdomme

ou sur un chch charnier rr r fl fleuri, déguisé en c cc mt cimetière ou tr transformé en p parc d'ttr attraction

me d décrassant et me débarrassant de mes parasites en me roulant dans la b boue, en fr frottant mes croûtes contre le tr trr tronc creux d'un arbre mort rt

entouré de j journaux froissés pour ne pas me laisser surprendre

d'épouvantails fourrés de paille et de dr drapeaux à prières

et d'un cordon de c ndr cendres pour g rd garder les limaces à distance


qu'ils braquent au projecteur, harcèlent au mégaphone

éternuant, crachant, se raclant la gorge et se grattant le trou du cul

- sortez d'là ! circulez !


comme j j'étrangle une toux et je me m mords les doigts, je pisse dans mon caleçon qq quelques

gouttes de rire et d de peur et je rrr ravale un pet, comme j'é-

t tt trangle une t-

oux

b bonj'oir r

IMPASSE DES MURMURES


des flics de riches et des prêtres en or

des prêtres tapinant sur les grands boulevards, distribuant aux passants des prospectus vantant les mérites des Dieux qu'ils représentent, prêchant pour leur chapelle, proposant des visions paradisiaques en technicolor et promettant des guérisons miraculeuses, tendant la main et attendant leur pourboire à la sortie de la salle de spectacle

des flics en camionnette, informés d'agissements extravagants et de conduites inconvenantes dans le Busleidengang

- il s'y passe des choses graves !

et de la présence de récalcitrants aux comportements bizarres et inquiétants

d'apatrides et d'étrangers de nationalité indéfinie, contestée ou en litige

- un véritable coupe-gorge !


des flics aveuglant les ombres, affolant les mouches à merde, effarouchant les blattes, chassant les rats

- circulez !

levant les couples qui se lèchent les limaces et se touchent la mouillette

- circulez ! circulez !

débusquant le Zef, caché derrière le tronc creux d'un arbre mort


quand le coût de la mort augmente, on peut toujours essayer de mourir en fraude, en cachette

en espérant ne pas être pris


- on t'a vu Zef, sors de ton trou, montre ta sale gueule !

la casquette renfrognée, une grande écharpe rouge tortillée autour du cou

trois fois

fermée par une épingle de nourrice


- c'est bien lui qu'on appelle Zef, non ?

emmitouflé dans un manteau de mouche ou de crapaud, aux coutures lâchées, volé à un épouvantail, décoré d'étoiles jaunes ou roses et de triangles bruns ou rouges, dont une manche est plus courte que l'autre

- évidemment que c'est Zef !

les pieds enfoncés dans des godillots trouvés dans les buissons, ramassés dans les poubelles et qui n'ont jamais connu la pédale du frein ou de l'accélérateur

- il n'y a pas d'autre Zef que Zef, voyons ! ouah, ouah, ouah !


je c clopine et je vais, je m'nf enfuis

yeux trébuchants

s'il vous plaît ? watte ?

danke


trouvés, cueillis, tachés de

vieilles sueurs, eaux usées, odeurs passées, sangs versés, ulcères n'arrêtant pas de couler le long des jambes et souillant les chaussettes

- circulez ! circulez ! circulez !


joder

je v vais, je m'nf enfuis, je gr grumine

- quand on mourra, manneke, on sera mort !

godverdomme

traçant de f ff fur furieux m moulinets avec sa canne et balayant les cônes de sécurité, rouges et blancs, placés p par la p pp police devant un avaloir bouché

je suis tp taupe, des soleils et d des mouches m'ont rongé les yeux, l'anus s, la b bouche et les oreilles

je c creuse, qu'ils humilient

je gr gratte, jje gratte encore e


les morts n'ont pas droit au suicide

et leur rétorque des s silences qui rigolent, des bruitages qui gr grésillent, des parasites, des bonj'oirs et des m mel'sis, des litanies q qui les offensent, qu'ils me reprochent

des s silences

des si-

lences


Z-BAR

odeurs de vase

odeurs de glandes anales et de lisier

odeurs de poisson pourri et de bac à chat

odeurs d'urine bouillie et de cochon grillé

escargots et champignons se retenant de respirer


une harde de bourges en goguette, jetant des pierres coupantes et des canettes de bière sur les cadavres des pendus, s'enfonçant des somnifères dans les oreilles


le bourgeois est un homard, quand je suis mort il me tue


des habitués qui tutoient le portier et lui refilent de grosses dringuelles, se disent indisposés par les odeurs corporelles du Zef et se plaignent

- toujours est-il que ça pue !


qnd quand je devrais m m'agenouiller ?

joder

- à vot'bon coeur !

leur r rendre hm hommage ou les faire rire, les implorer, j jouer de l'accordéon ?

n'avend, bonj'oir

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames !

cesse-t-on d'être v végétarien quand, d de temps en temps, on m mange des t termites au miel rance, que l'on boit l'urine fétide des fff femmes et le sperme vsq visqueux des hommes ?

- bien gentil !

q quand on avale sa morve et qu'on en fait des g glaires, quand on m mâchouille une hostie consacrée ?


- ça pue la charogne, le vieux cageot de fruits ou de légumes, l'oeuf pourri, le compost de champignonnière, la fiente de poule, le foetus avarié, la moule crevée, le fromage de Herve ou de Bruxelles-Brussel, le hettekees ou le pottekees !

- et puis ça grogne ! et puis ça crache !


une harde de bourges en goguette

brandissant la croix de la chrétienté, le flambeau de la laïcité, le compas de la franc-maçonnerie ou la rose en plastique de la social-bourgeoisie

des habitués qui tutoient le portier et prennent à coeur la défense de ses intérêts

- toujours est-il que ça doit t'faire une sacrée concurrence, non ? tu devrais absolument réagir, tu n'dois certainement pas t'laisser faire !


- eh, eh, eh, eh

et p puis mes rires qui scandalisent, des noeuds de rires, des chapelets et des brbr braguettes de rires, éclatent

- eh, eh, eh

des c confettis de rires qui s'ccr accrochent aux cheveux, des bruitages et des parasites, des brindilles de bois m mort, des puces de rrr rat tt t p pst pesteux

- eh, eh

je perds une dernière dent, des b boutons, des centimes et des befs (s)

- eh


- ça tousse et ça renifle !

- loeissak ! sac à poux !


je m m'accroupis, je r rampe

bonj'oir

leurs s sarcasmes ! quand je trébuche, que je fais tomber ma casquette et qq que je cherche mes befs (euros) qui roulent d dans la rigole de la p ss pissotière


- ses baffes ?


quand j je leur demande s'ils n'ont pas vu mes befs (euros) ?


- ses nefs, ses Zefs, son chef ? ouah, ouah, ouah !


à q quatre pt pattes, dans la rigole d'évacuation des excréments, ramassant des mg mégots, un reste de tartine à la sardine, une assiette de hachis de veau et un bol de lait fr frais, essayant de récupérer, avec ma canne, une p pièce de 5 befs (environ 0,125 euro) qui a roulé sous les roues d'une gr grosse voiture américaine

n'avend


- s'il n'a pas vu son chef ? ouah, ouah, ouah !


puis on me lance du ss sel dans les yeux, du jus d'oignon pr pressé é, de l'ail cru et du piment vert

on m me

joder


une scie mécanique

embusquée se découvre


m'accroche au pied, s s'agrippe et m mord d

convaincu de ss sorcellerie, condamné à mort par le tr tribunal de la Sainte Inquisition, ac accusé d'avoir outragé les s mb symboles de la Patrie, menacé l'rdr ordre et la sécurité p publics, nc incité au délit, dépecé un chch chaton

ayant s rpr surpris l'animateur-vedette d'un show télévisé en c compagnie de sa collaboratrice, sous la douche ou dans les ch chiottes, en pleine activité reproductrice, les m métacarpes de l'un plaqués sur l'os iliaque d de l'une e


Z-BAR


des prêtres pourpres surviennent, se signent, grimacent et gesticulent, font entendre des cris effrayants, hurlent à la profanation, agitent des hochets et des grelots, coupent les vers de terre en deux, condamnent à mort les truies sodomisées par des valets de ferme, brandissent des torches enflammées, exterminent les petits dieux de contrebande produits par des cultes concurrents à notoriété confidentielle et décapitent les statues érigés à leur gloire, boutent le feu à des poupées de paille et les jettent dans le fleuve, tracent des croix sur le seuil des maisons, mettent au pilori les blasphémateurs, offrent à Dieu le fumet des hérétiques et des sorciers qu'ils font griller sur leurs buchers, tendent des crucifix et des icônes à bout de bras, dégainent des bibles et menacent les infidèles, noient les péchés d'autrui dans les eaux poisseuses des fleuves sacrés

- vous êtes un imprécateur, vous êtes un extravagant, vous êtes un récalcitrant, vous !

exhortent au bien et conspuent Satan

des prêtres en or et des flics de riches qui interdisent au vent de souffler, au feu de brûler, à l'eau de couler, aux oiseaux de voler, aux chiens d'aboyer, aux moustiques de piquer, aux amants de baiser

- tu veux qu'on te renverse un seau de pisse sur la gueule ? ou un seau de merde ? ça te réveillera peut-être ?


- ik ?


on organise une battue au grgr gros gibier sous la dirct direction d'un c curé légitimement nt rd ordonné, d'un m maïeur et d'un ch mpr champêtre, on me t traque à l'ouïe, on me hume, on me r nf renifle, on cherche à m'grp agripper

on pr prélève l'empreinte de mon oreille sur le v ntr ventre arrondi de la p petite Marie

- lala lalala lala

on m'envoie par le f fond, on me jette par d dessus bord, on me descend à la k kk kaka kakaka kalachnikov, on me s smashe une balle de tennis dans les tubercules, on m'enfonce d des lézards dans la gg gorge, on me plonge la t tête dans la cuvette des g gogues, on me pend avec un dr drap de lit aux barreaux de ma cellule

on br brûle mes meubles, mes vêtements, mes jouets, mes m manuscrits cr ts

on me rase la tête, on me perce le cr crâne,

on m'arrache les yy yeux x, on me coupe le pénis, on me dépèce à l'aide de tenailles r rougies au feu, on m'accroche un p pneu enflammé autour du cou

godverdomme


sppr suppression des haies vives, abat abattage des arbres cr creux, assèchement des mr mares, échrd échardonnage et destrc destruction des pln plantes nuisibles

pp pulvérisation d'armes biologiques dissimulées dans les pm pompes à vélo, les trompes des moustiques, les cr crosses des abbés et les m matraques des flics

contamination des points d'eau et d des vespasiennes situés à pr proximité des camps rebelles

dessouchage, ddd déchouquage, éradication, solution f finale

arrachage d des ongles et sévices sexuels, aspersion d'essence b bénite et immolation pp par le feu

fumigation de dd désherbant sur les cimetières et les cours de r récréation, les rizières, les ch champs de blé et les plantations de bananiers

gotferdoume

on me place s sur écoutes téléphoniques, on me br branche des électrodes sur la langue et le sexe, on mm m'implante une puce électronique derrière l'oreille, on m'introduit une c caméra dans la bouche et l'oesophage, les r ns renseignant sur tout t

mon passé s simple et mon imparfait, mon f tr futur et mon c conditionnel

joder

date de naissance, couleur des ch cheveux, forme du nez, groupe s ng sanguin, prothèses et cc cicatrices, lunettes et t tatouages

q qui je suis, d'où j je viens, où je dors, qui m me bbb baise, les rev revenus que je ne d déclare p pas, les livres que je n'ai p pas écrits, les films que je ne vais pas voir, l'état de ma dd dentition, la bonne s santé de mes ulcères, ce que je hais le p plus au monde, à qui je ne pense certainement jm jamais

on sort rt ses fusils, on se r ss rassemble au petit matin, on g gagne ses postes de tir, on scr scrute le sol boueux à la r ch recherche de mes mpr empreintes g nt génétiques et de mes tr traces nf informatiques

se m mélangeant aux pistes des mulots et des musaraignes dans les ch champs de betteraves fourragères


on ne laisse pas le gibier décider du tracé de la poursuite

installation d de caméras de surveillance et de détecteurs de v vibrations suspectes

drones de recn reconnaissance aérienne s rv survolant nt les champs de bataille, les pr prairies et les taillis, faisant nt tourner le lait des ch chèvres

capteur infrarouge signalant ma pr présence

joder


... r rentrant en ... m ... marche ar ... arrière dans mon ... ter ... terrier ... s ss... surveillant m ... mes c côtés ...

... on m'égare

... on r renifle ma voie

... on retrouve ma trace ... on m'dnt ... identifie à l'aide d'un transcd ... transcodeur ... on me locl ... localise par st ... satellite


le trait rouge indique l'itinéraire emprunté

le plan des rues s'affiche

les chemins d'accès sont signalés


on me r repère, on encln enclenche un coupe-circuit à distance, on supprime l'arrivée d'air, on m me piège, on me bloque, on m'm immobilise, on vient me r récupérer

on me cpt capture


on m'empp empoisonne, on me nourrit d'insectes ch chargés de pesticides, on m'injecte un v virus inconnu, on me tire des sb balles en argent nt dans le caleçon ou d dans le sac à dos, on me n neutralise à l'aide d'une bonbonne de gaz insecticide, de tr tranquillisants et de fléchettes anesthésiantes, on me pr prend au collet, on me castre, on me cr croque

gotferdoume

on me p pêche à la mouche, on me harponne, on me rase le crâne et le pubis, on m m'exhibe dans les foires, on me jette dans la charrette des ss supp pliciés, on me transporte jusqu'à la Grand-Place, p pieds et mains liés, c ds coudes et genoux entravés par des menottes, bouche c cousue, yeux à demi fermés par le pus

escorté par une fnf fanfare militaire à bicyclette jet d'r ng oranges, de p pétales de roses et de p gn poignées de riz, d str distribution de fr friandises et de petits c cadeaux, lancer de dr drapeaux jusqu'au t troisième étage des maisons, lâchage de b ballons, libération de pg pigeons


avocat c commis d'office s'endormant pendant l'audience

bjour b bonj'oir rg goeie avond dg goeiedag

camions s surmontés de haut-parleurs, sillonnant les rues de la v ville

qq quolibets des b badauds ds venus assister à l'bt abattage et à la découpe de la bête

nj injures et g gestes bsc obscènes, projct projection de tomates, de canettes de b bière et d'oeufs p pourris s, parades, concerts, bals, j jeux de lumières, feux d'rt artifice

foule en liesse massée derrière les barrières, qui app applaudit, danse, chante, bboit, hurle à tue-tête, lance des sc confettis et des serpn serpentins du haut des balcons

ricanements de satisfaction d'anciennes amours ccc colorisées

on m m'ns insulte, on me frappe à coups de pied et de p poing g et d'nn annuaire téléphonique, on me tire par les cheveux, on me contraint de pr pratiquer une fellation sur deux ex-gn gendarmes armés de g gants en cc caoutchouc et de cc cus coussins d'amiante

et sur un abbé chargé d'enregistrer les derniers râles des torturés, les c codes d'accès et les aveux rrch arrachés aux accusés soumis à la Sainte Question


des prêtres pourpres surviennent, considèrent la scène et se mettent à prier

- que Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux, Béni soit Son Nom, accueille avec bienveillance le sacrifice de sa Brebis Egarée et nous comble tous de sa paix !

- amen !

bonj'oir, n n'avend

dank u


les bêtes tristes

on prend plaisir à les tuer

on n'a pas vraiment envie de les manger


c coiffé d'un chapeau burlesque

un fil de fer mm me liant les m mains derrière le dos

plaqué c contre le mur r

fusillé par des as assassins ns à la ss solde des agro-trafiquants

téléphones pp portables à la ceinture, bg bagouzes aux dg doigts, sv svastikas p nt peintes sur le v visage, médailles m rc miraculeuses accrochées au cou

chargés d'éradiquer la v vermine et les mpr improductifs, les En Ennemis d de la Liberté d'ntr Entreprendre et du Pr Progrès T ch Technique:

les ss semeurs à la main, les batteurs au fl fléau, les arr arracheurs à la f fourche de betteraves ff fourragères, les cueilleurs rsd de cerises qui s ss sifflent dans les vergers, les frm fermières qui mettent les ch chevaux au pr pré, courent dr derrière les g génisses, vendent les oeufs fs et les betteraves au marché, accrochent ntd du millepertuis à l'ntr entrée des étables pour les pr protéger rd du m malheur

r ntr rentrant les oies t tous les soirs, tr trayant les vaches sl laitières et leur t tapant nt le cul, cuisant leurs c nf confitures, f fabriquant nt du cidre avec les pommes de vr verger, récoltant nt chaque année 250 kilos de p pp patates dans leur j rd jardin potager, au mois de spt septembre

les ch charbonniers et les b bûcherons, les r ramasseurs de pommes de tr terre, les nf enfants de choeur qui essaient de s se ss saouler la gueule au vin de messe, les g rd gardiens de mm moutons qui incendient les fl flancs des collines pour q que la pousse d'herbe soit plus forte, les br braconniers au furet qui reçoivent dans les fesses des décharges de gr gros sel tirées par des g rd gardes à bicyclette, les ch chasseurs d'scg escargots, les c tr contrebandiers de beurre hollandais et de c gr cigarettes anglaises


les larves, les rats, les crapauds, les choux, les mouches et les blattes

quand on leur aura coupé la tête

ne seront pas admis au Paradis


les tr trafiquants de peaux de chats, les b bonneteurs et les ill lus illusionnistes habiles à escm escamoter l'as de coeur, les b bonimenteurs, les f forains qui installent leur c mp campement et montent leurs m manèges, les débrd débardeurs qui c nd conduisent leurs chevaux à la voix, les sc scieurs de long, les c nt cantonniers, les vanniers et les tr tresseurs de cordes, les r mb rembourreurs de chaises et les r réparateurs de poupées de chiffons et de mr marionnettes de bois, les joueurs de b bb balle pelote, les savetiers, les s ss sabotiers et les ardoisiers, les potiers et les cr carriers, les paveurs, les fabricants nts de b balais qui habitent une cham chaumière en lisière de la forêt, les lavnd lavandières et les cloutiers, les c ff coiffeurs et les b rb barbiers en cache-poussière blanc, les mr maréchaux qui ferrent à chaud les sabots sd des chevaux, les forgerons, les ch chaudronniers rs, les b bourreliers et les chr charrons, les af affûteurs de couteaux et de faux, les rm rémouleurs et les laitiers qui p poussent leur charrette, les dv devins et les cartomanciennes qui r reçoivent en nc consultation, dans l'rr arrière-salle des c cafés de la gare, les allumeurs rs de r réverbères, les m mineurs silicosés, les p piqueuses-surjeteuses en atelier, les poseurs de v voies, les accr accrocheurs de trains, les ch chauffeurs de locomotives à vapeur qui rg chargent le foyer et libèrent le sss ss souffle des purgeurs, les rb herboristes et les g gg guérisseurs, les b bergers qui s'nst installent à l'ombre d'un sorbier, les colpr colporteurs, les brocnt brocanteurs et les ch chineurs, les videurs de fonds nds de gr grenier, les couloneûs qui tr transportent ntd des pigeons nsv voyageurs sd dans des paniers rs en osier, les p nch pinchonneux, les c cueilleurs de ch chanterelles et de b bolets, les bt bateliers, les pêcheurs de cr vt crevettes grises qui s gn soignent les pattes b blessées de leurs chevaux, les attr attrapeurs à la main de c rp carpes d'étangs pr privés, les dist distillateurs cl clandestins d'lc alcools de mûres et de mm myrtilles, les cn concierges de c mt cimetières, les g rd gardiens de caves à vin, les b gn bougnats, les b bateleurs, les t rn tourneurs de vielles et les rg organistes de barbarie, les colorieurs rs de c cartes postales, les pinç poinçonneurs de tickets ts de tram, les v vendeurs de barbe-à-papa, les xtr extravagants nts et t tous les rr récalcitrants nts

les r rats communs, les rats sq musqués, les rats d'g égouts, les rats des c champs, les rats des b rg berges, les taupes et les souris, les petits et les gr gros c mp campagnols

qu'ils p rch pourchassent, qu'ils démbr démembrent, qu'ils éc écorchent, qu'ils sodm sodomisent, qu'ils émsc émasculent nt, qu'ils vident de leurs ntr entrailles, qu'ils sn enfilent nt sur une broche

ou qu'ils décp découpent nt en p petits m rc morceaux

et font g griller sur un b rb barbecue ou un b brasero


gibet dr dressé au Galgenberg

échafaud et b bûcher attendant les hérétiques et les sorciers rs

on me fait avancer à coups d'gg aiguillons élctr électriques, on m me cisaille les lèvres, on me ppp pend par la langue ou par les t testicules, on me fait bouillir dans une gr grande marmite de cuivre, on me br brûle le poignet droit, on m m'empale sur un pieu rougi au feu ou sur la c corne d'un Dieu Osborne, on me ss scie dans le sens de la l ng longueur, on m'aplatit sur une enclume, on m'enfonce des clous d dans le crâne et la poitrine, on me d décapite à la hache ou au s sabre

s souffleurs de verre enfonçant l'nt entonnoir dans le g gésier, fondeurs coulant le ciment d dans les boyaux

spectateurs exsp exaspérés, se d disputant nt les premiers rangs, ne v voulant rater aucune station de la d dernière scène, eh, eh

mise au b bûcher de Bonhomme Hiver

brûlage du Roi C rn Carnaval, en dirct direct, avec les h rlm hurlements, les couleurs et les odeurs de rat gr grillé


conts contestations, altr altercations, jj jets de pierre, murs badgn badigeonnés de slogans, b rrg barrage de pn pneus nflm enflammés, billes d'cr acier, écrous, morceaux de v rr verre

canons à eau br braqués sur la foule agitée, ex-g gendarmes à cheval donnant des coups de p plat de sabre, lpg alpaguant les x excités, les mp empoignant par le col de leur bls blouson, les ttr attrapant par les ch cheveux et par les oreilles

joder


on gl gl glisse une lettre dans une pp poche de m mon manteau, expliquant nt mon g geste de d désespoir, présentant mes xc excuses à la Société Globale

et demandant p rd pardon à Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux , Béni soit Son Nom,

on m m'interdit de sépulture

pour la mort d'un cafard, qui va porter le deuil ?

qui tiendra les cordons ?

v ventre déchiqueté par le bec des corneilles et des oiseaux de pr proie e

rancissement ntd des gr graisses, éclatement d des intestins, enlèvement des viscères, tr tripes et drapeaux à prière accrochés aux b branches d'un arbre, au bord de la rivière

cerveau g gobé à l'aide d'une tr très longue et très fine tige de bronze, nf enfoncée dans la nn narine gauche

hurlement des p porcs enduits de poix enflammée

g godverdomme


flics de riches

cheveux en brosse et moustaches taillées, oreilles dressées, babines relevées, sourcils froncés, narines pincées, mentons verruqueux

du chewing-gum leur collant aux talons

faisant craquer leurs jointures

portant des pr protections d'oreille réglementaires pour ne p pas entendre les cris des s pl suppliciés


riverains ss supportant de plus en plus difficilement les nuisances occasionnées par la déportation d des réfugiés, des exilés et des demandeurs d'asile

chants et hurlements des enfants pr prisonniers, odeurs âcres d de la peur, bruit des camions déchargeant le b bétail dès 3 heures du matin n

je les trtr transpercerai d'épingles, je les larderai de c coups de couteau, je les m marquerai au fer rouge, je les enterrerai au f fond du Busleidengang


Z-BAR


Marraine Titine, minée par des crises de goutte, se déplaçant avec difficulté dans son fauteuil roulant, couverture rouge sur les genoux, châle jaune sur les épaules, collier de perles noires autour du cou, part à la recherche de son investissement

interroge un groupe de students

- vous n'avez pas vu ma petite ? une brave petite, secondant utilement sa marraine dans les tâches ménagères ! à cette heure-ci, elle devrait déjà être rentrée ! il n'est pas conseillé aux petites filles de travailler au-delà de deux heures du matin ! les enfants doivent se coucher tôt !

je les n noierai dans la pisse angoissée d'une v vilaine et m ch méchante m marraine partie à la r recherche de son chaton disparu et q qui n'ose rien d dire à p personne par crainte de p rdr perdre la gg garde de la p petite, l'rg argent des passes et les all locations ss sociales

et d'être obligée de r mb rembourser les sommes indûment p perçues, lalala lala lalala

et de payer des mp impôts sur les revenus du cul de sa petite protégée, lala lalala lala

gotferdoume

et se fait jeter dans les orties

- qui a pété ? ça sent la chicorée !

- eh oui, Marraine Titine, c'n'est pas toujours facile d'suivre la piste d'une petite chatte quand on est vilaine et méchante, ouah, ouah, ouah !

- et qu'on a toujours besoin d'un plus petit chaperon rouge que soi ! ouah, ouah, ouah !

- surtout quand on est impotente et incontinente, meï ! et qu'on s'déplace en chaise roulante ! ouah, ouah, ouah !

- va t'suicider, ça soulage !

- santeï !

s'il vous plaît ? w watte ?

je ne pp pose plus quelles questions ?

je parle sourd, à c cc cloche-pied, d'une seule oreille

je ne pose plus, j'rct éructe et j je pr profère e

s s'il vous plaît ? watte ?

prf f

un t télécopieur se met en marche dans ma tête, jour et nuit, une m machine à sécher le lg linge, j jour et nuit, un sc scanner, une imprimante, un aspp pirateur, j jour et nuit


Z-BAR


une grive, complètement schlasse, un peu barje, éclatant de rire

une grive et un merle, s'étant pété la gueule aux baies de genévrier, se donnant des coups de bec et des bourrades de cul, s'enlaçant, clopinant, claudiquant, trébuchant, se roulant sur le dos


ça fait beaucoup de bruit, dans le noir, une allumette

qu'on gratte, quelqu'un

en jogging violet, chaussant des bottes

un homme ou une femme

caché(e) dans le Busleidengang

qui sort de l'ombre, une araignée

aussi grande que la main

- Bompa ?

quelqu'un se dresse et


j je

je ggg grommelle


- c'est toi, Bompa Zef ?

quelqu'un se cache et dissimule un long couteau d'équarrisseur derrière son dos

- ce n'est pas toi, Bompa ?

quelqu'un se cache

- qui est là ? qui cherche à me faire peur ?

quand une fille, elle a des petits seins pointus, elle rit trop fort

un peu barje, complètement schlasse


que je de-

vine

une j jupe très é-

troite et dont les p plis, les rides, les humeurs, les ombres s

et les odeurs

n'avend



Z-BAR


une fille, un garçon l'accompagne, enlacés, clopinant, claudiquant, trébuchant

ils fument, ils rient, ils se donnent des coups de bec et des bourrades de cul, ils passent la porte, ils hésitent et se consultent

ils jouent une pièce de 20 befs (environ 0,50 euro) à pile ou face

au Zef ou au portier

relaçant ses chaussures sur le pas de la porte, reboutonnant sa braguette, sortant un paquet de clopes de sa poche, allumant une nouvelle cigarette au mégot de la précédente, tirant une première bouffée

et décident de la donner au Zef

- bonne fiesse, Zef !

attrapant au vol la pièce de monnaie qu'on lui lance


- bonj'oir et danke ! bien gentil ! bien aimable ! veel geluk met uw examens ! beaucoup de chance avec vos examens !


plutôt qu'au portier, morfondu

- foert !

les chiens ne se partagent pas les os


sa veste d'amiral, rouge Coca-Cola avec des boutons dorés, ses mains dans les poches et sa cravate verte

dépité


et les o-

ddd deurs

bonj'oir r

convergent tr très étroitement en dr direction du sexe

bjour b bonj'oir rg goeie avond dg goeiedag

une fille, une très jeune fille n'ayant jamais vêlé, un sein pointu lui sortant du chemisier quand elle bondit sur la piste de danse, balance son gilet sur la banquette, oscille des hanches et des épaules, lève les bras, éclate de rire, agite son corps, se trémousse et se caresse

- begrijp je ? t'as compris ?

une fille s'installe au volant d'une grosse voiture américaine, aspire une ligne de cocaïne, met le moteur en marche, branche l'autoradio, allume les


que je dv devine et que je

d dés-

habille

goeie avond

dank u, bonj'oir

joder


phares

une personne en jogging violet, armée d'un long couteau d'équarisseur, sort de l'ombre

quelqu'un

- Bompa ?

une crabesse, une méduse, une araignée

chaussant des bottes

qui se tenait cachée, en embuscade, depuis bientôt deux heures, dans le Busleidengang

- ce n'est pas toi, Bompa ?

une mère vengeresse, un grande soeur déterminée à laver dans le sang l'honneur de la famille, une voleuse de bagnoles d'occasion, un encaisseuse chargée de récupérer l'argent dans les bars où travaillent les travestis, une gouine trompée, une maîtresse jalouse ?


se rue, agrippe la poignée, s'accroche, ouvre la portière, se jette à l'intérieur de la voiture, envoie la fille rouler sur la banquette arrière, un peu barje, complètement schlasse

remonte les vitres, verrouille les portes, s'installe sur le siège du conducteur

crissement des pneus

démarre en trombe


convergent et que je ddd déshabille e

bonj'oir

avec

une fille, une très jeune fille n'ayant jamais pouliné, complètement schlasse, un peu barje

une fille, un garçon l'accompagne, se donnant des coups de bec et des bourrades de cul

- t'as compris ? begrijp je ?

et n'ont même pas le temps, l'esprit

de

elle avait d de longs cheveux blonds qu'elle rejetait en nr arrière d'un gr grand coup de tête

elle avait des chch cheveux pleins de mèches

elle avait t

elle

ell

el

e


interloqués

erloqués

loqués

qués

és

s


Z-BAR Z-BAR Z-BAR


j jj je, je tends ma casquette

je dis, je dis b bonj'oir aux gens

goeie avond

bonjoir, danke, choukrane, bonj'oir, n'avend

- beaucoup de chance avec vos examens ! en veel geluk met uw examens ! laat ze een poepje ruiken ! eh, eh, eh

une expression du pl plat pp pays, juste à côté, qq qu'ils c cc connaissent bien et qui les fait bien mr marrer, eh, eh, eh

et


- tiens Zef ! bonne fête !


q qui me vaut des cinq befs (environ 0,125 euro)

bonj'oir, n'avend

des sarcasmes, des injures, des cinq befs (environ 0,125 euro)


les pauvres contrastés et les peuplades bigarrées

on leur crache quelques sous à la gueule

on ne leur demande pas de signer des autographes

attrapant nt au vol une pièce de monnaie qu'on m me lance

- vous êtes bien aimable, manneke !

dank u, joder

d des

- bonne fête ! ouah, ouah, ouah !

- bonne fiesse, Zef !


les pauvres contrastés et les peuplades bigarrées

on leur demande de faire preuve de respect et de modestie


- ik ?

j j'explose ?

je laisse tomber : q quelle autre ride ? me pousser où ?

quelle dent t tomber ?

je hais moins quand je suis ff fatigué

j je v vais s

je vais

danke


ACUMBA MACUM- BA MACUMBA MAC

- vous prenez à droite, vous tournez, vous y êtes

je vais au MACUMBA

la porte s'ouv

re bru

- ferme ça, Zef, nom de Dieu !

talement

- ferme ça, quoi ! on se gèle !

hurlements des sorcières électriques

galop trépidant des chevaux de l'ex-gendarmerie montée s'abattant sur les cités ouvrières, piétinant les femmes et les enfants des mineurs en grève

- Zef, la porte ! godverdomme !

martèlement des sabots d'un troupeau de dinosaures, chargeant dans le brouillard, dès l'aube, pesamment, dans la plaine de Bernissart

vacarme assourdissant

les clients se pressent, se bousculent, se piétinent

- les raclures, les déchets, les rebuts, les racailles, les résidus de nuit, les ivrognes bagarreurs des fins de kermesses et de bals populaires, les crachats visqueux et les trognons pourris, les disques grillés, les bielles fondues, les jantes tordues, les chewing-gums et les sparadraps qui collent au fond des cendriers, ouah, ouah, ouah !


j j'y suis

et le juke-box m m'entre entier dans la bouche,

à la p parade e

bonj'oir


d démons xtr exterminateurs f faisant irr ruption sur la piste de d danse, tuant l'animateur-vedette d'un show télévisé, évntr éventrant sa collaboratrice nc enceinte de ses oeuvres, ouvrant le f feu sur les fidèles, jetant des gr grenades dans les peep-shows, les isoloirs, les g guérites téléphoniques, les tabr tabernacles et les confs confessionnaux

joder


s'éparpillent


miroirs au-dessus des bb ban banquettes, le barman m'aperçoit, m'interpelle


- Zef, j'viens de j'ter un client dehors ! il y a des chopes à vider ! deux 33, un tango et une Leffe rousse !

et un nv verre de Jup pr presque plein qu'un type en slp salopette et b rt béret, aux doigts gts couverts de peinture et de sp sparadraps, a dû ab nd abandonner

- ja, zeker !

des fonds de v verres de bière et des mg mégots écrasés dans les c ndr cendriers, le barman me les garde

- impeccable, manneke !

et je m'installe sur une ch chaise près de la porte, je dis b bonj'oir et le barman

s s'il vous plaît ? watte ?

et le barman r rigole

c'est sa façon

rigole et m m'interroge et m'encourage


- alleï Zef, raconte !


jn je n'avoue pas

sans b bg bagages ni mémoire, sans parents ni maîtres, sans histoire, je n n'avoue jamais

sauf q quelques poches trouées

ayant p rd perdu leurs sous et leurs trésors

une patte de lapin et un fr fer à cheval, des rgn rognures d'ongles, une t touffe de cheveux ccr accrochée à un hameçon, des pn épingles à chignon, des lames de r rasoir, des poils du p pb pubis, des graines et des dents déposés dans une c cavité scr secrète

et quelques échelles v volées


- alleï quoi, Zef, raconte ta vie !


jj je n'avoue rien, ce que je pense, ni l'âge que j'ai, les amis d dans la police, les trois immeubles dont je suis sûrement pr propriétaire et les commerces au rez-de-chaussée loués à de p petites vieilles aux mains ridées

passant leur jr journée à côté d'un vieux poêle à mazout, assises d dans des fauteuils élimés, em emmitouflées dans nsd des châles, un m tr mètre ruban autour du cou, r gr regardant par la fenêtre, p prenant les mesures, c cousant nt, br brodant, plaçant un oeuf en bois au fn fond d'un bas, r cc raccommodant, rp reprisant, repiquant, rr ss rr resserrant ou délaçant les tailles, f faisant du crochet et du tricot à la lumière d'une lampe à pétrole, perdant des m mailles, les rt rattrapant aussitôt, ôtant les pp poussières et mettant de l'rdr ordre dans les r rayonnages de bocaux à conft confitures et de f flacons r mp remplis de noyaux de cerise ou de c ss cosses de sarrasin, pliant des p papiers et f br fabriquant des c cc cocottes, consr conservant leur rg argent dans des coussins


un brollewinkel de gg gommes et de crayons, de plumiers et de b boîtes de p nt peinture, de c cahiers, de cartables, d'rd ardoises et d'ncr encriers, de b ballotins de confiserie, de ch chocolats et de nb bonbons, de p pétards et de dr drapeaux, d'ép éponges, de s souricières, de jeux de cartes, de br briquets à essence, de bouillottes en c tch caoutchouc, de montres à rm remontoir et de fers à braises, de confettis, de b bandes ds sn dessinées, de c rd cordes à sauter, de toupies, de j jouets en bois et de c rf cerfs-volants, de pl plasticine, de pz puzzles, de perles à nf enfiler, de cr carnets de poésie et de couronnes de g galette des Rois

une mercerie vn vendant du fil et des aiguilles, des lacets, des articles de bn bonneterie, des rubans et des bb bas de soie, des culottes, des porte-jarretelles et des bg bigoudis, des pantys qui gainent les jambes, aplatissent le v ntr ventre, remontent les f fesses et soutiennent les reins, des mousses élastiques c vr couvrants et des voiles lycras t transparents, des éventails et des pr paravents, des noeuds de satin noir q qq que l'on pique dans les ch cheveux, des dés à codr coudre et des boutons de nacre, des animaux de pr porcelaine, des petits caniches roses en pl peluche, des m marionnettes de bois et des pp poupées de chiffons, des sb boîtes à musique, des pendules à c cc coucou, des foulards, des m mouchoirs en d dnt dentelle, des pinces à linge et des r rouleaux de coton

une boutique d'articles religieux, de c cannes de marche avec s nn sonnette pour pèlerins pressés, de bouteilles d'eau bénite p pp pasteurisée, de médailles bénies, de b bibles en 3 volumes et de missels de poche, de br bréviaires, de c rg cierges de neuvaines et d'images pieuses, de scp scapulaires, d'habits de scène et de lumière, de calices et td de ciboires, de burettes et de s ss sonnettes, d'm amulettes, de bustes d dd de la Sainte Vierge m médiatrice de toutes les gr grâces, de ch chapelets et de cr crucifix, de partitions de chants divins, d'ng angelots de plâtre p peint, de miracles, d'indulgences et d'pp apparitions mariales


les rez-de-chaussée loués à des p tt petites vieilles

s gn signes de la croix et points nts de cr crochet

ou à des pr prostituées mn mineures venues en se cachant ntd des m nt montagnes d'Illyrie, des bords rds de la Baltique ou des hauteurs sd de Podolie, du g golfe de Guinée ou de la cordillère des Andes


- alleï, Zef, c'est promis, demain c'est ton jour de chance ! raconte !

je n'avoue rien

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames ! 20 francs seulement svp (0,5 euro) !

les trois immeubles et t tout le pognon que certainement je cache sous un tas de vieux j journaux nv invendus, dans des boîtes à ch chaussures, d des sacs en plastique et des pots de g géranium parfumé

- à vot'bon coeur !

je n'avoue rien

- bien gentil !

le pognon et les amours de la fille de Tina et de son pr prognathe de c rr carrière, les interstices de la cloison du fritkot, les c cq coquilles d'oeufs gobés, les touffes d de ch cheveux de la pf poufiasse, les poils r ch rêches de son gr gros cul viandeux de ch charolaise r pr reproductrice qui se d d vr dévore ses 5 à 7 kilos de patates par jour, les c coeurs de mouton achetés au s prm supermarché des environs de la Grand-Place, les épingles et les clous, les hamç hameçons, le ch chaton, rien

joder

je n'avoue rien, je dis b nj bonj'oir et je m'en vais

je gr grumine

- un seul passé, manneke, un seul automne, la mort !

dank u


la mort coûte cher

et plus personne ne peut s'en passer


les lampadaires au néon de la place fléchissent d'un

demi-ton, le portier du Z-BAR se fait servir une tasse de thé citron

la prend des deux mains, comme un bol de café bouillant, pour se réchauffer les doigts

et la dépose sur le rebord de la fenêtre, à côté de sa porte


et s si j'étais cul-de-jatte, si je j jouais de l'accordéon n

je m m'appellerais Juju juuuu

goeie avond

bonj'oir, n'avend


le portier du Z-BAR observe méchamment les ébats d'une mouche à merde

- de Dieu !

insomniaque, qui s'est probablement trompée de saison, commence par mourir de soif et de froid et finit par se noyer, saoule et bouillie dans une tasse de thé citron, changeant de mort en cours de route


IMPASSE DES MURMURES


un abbé de la paroisse du Christ Ressuscité, souffrant de schizophrénie paranoïde et de psychose endogène


le coq n'oublie jamais le goût du maïs


amant du Beau, amateur de vieilles deuches millésimées et d'aquarelles anglaises du XIXe siècle, un abbé fait signe à la petite Marie

- venez ici, ma fille !

l'invite à se promener à dos d'âne

- comme la Sainte Vierge sur la route de Jerusalem, mon enfant !

lui propose une ballade en calèche, à la campagne, sous la lune et les étoiles, dans une bergerie ou dans un abri à oies

- comme à Bethléem, ma fille !

délace ses bottines de cuir noir, enlève ses fixe-chaussettes, et son col romain, son surplis, son aube et son étole, sa chasuble, son maillot de corps et son caleçon long, ouvre et piétine une botte de foin ou un ballot de paille fraîche, déboutonne sa soutane et l'étend sur le sol pour en faire un tapis

agite un trousseau de clefs, mâchonne un cigarillo humide, invite la gamine à s'allonger à ses côtés

- ça va être bon, mon enfant !

s'étire, les bras en croix, grimaçant de toutes ses rides, ouvrant les jambes

- et voici mon p'tit Jésus ! entièrement à vous ! proposé à votre adoration ! venez à Lui, ma fille !


CHEZ TINA

Tina l'avorteuse sort de son fritkot, elle s'apprête à fermer sa baraque,

elle donne quelques coups de balai

je m m'appellerais Juju

ou Jojo ?


Tina m'ntr interpelle, fichu n noué sur la tête, épluchant et décp découpant les patates, p rt portant des médailles de la Sainte Vierge Marie, mère c mp compatissante, ccr accrochées à la bretelle de son soutien-gr gorge avec une épingle de sûreté, g glissant les gr gros billets de banque entre ses ss seins opulents, ayant ab abandonné toute activité sx sexuelle depuis ln longtemps, cr croyant au p vr pouvoir des étoiles et c ns consultant nt les r rebouteux, imposant les mains sur le v ntr ventre des femmes et le front nt des nf enfants nts, pr prononçant des f formules mg magiques, aimant nt les poissons ns bien r rouges et les plantes bien v vertes


- Jozef ?


- ikke ?

jj je ne dis pas non, je

- non peut-être, Tinneke ?


Z-BAR


une musique languit, mendie

le portier du Z-BAR met les mains dans les poches pour se protéger du froid et interdit sa porte à un type en bicyclette

- spreekt gij vlaams ?


j

jje

j je rric


salopette et béret, thermos et boîte à tartines, cigarette sur l'oreille, canette de bière à la main, sac de sport porté en bandoulière

poussant son vélo rouillé, marchant de travers, inclinant le corps d'un côté plus que de l'autre

un type aux doigts couverts de plâtre, de taches de couleur et de sparadraps, vivant d'expédients divers, peinant à payer son loyer, ayant mis le feu aux factures qui s'amoncelaient dans sa boîte aux lettres, faisant la tournée des bistrots à la recherche de petits boulots de peinture, de plafonnage ou de maçonnerie, de plomberie ou de serrurerie

pissant tous les quarts d'heure, verre par verre, sans attendre que la bouteille soit pleine

- dat versta ik niet !

un mineur, haveur, carrier, tailleur de pierres, métallo, fondeur, soudeur, couvreur-zingueur, tôlier, ajusteur, électricien, chauffagiste, réparateur de machines agricoles, monteur de charpentes métalliques, poseur de portes coupe-feu, coffreur, maçon, carreleur, plafonneur, peintre ou menuisier, magasinier ou clarkiste

un cheminot, marinier, receveur de tram, facteur, coursier, secrétaire-dactylographe, palefrenier, cocher, laveur de vitres, livreur de journaux, pompiste, horloger, serrurier, cordonnier, représentant en articles de jardinage

s'étant, pendant près de 20 ans, levé à 5h 45 du matin

ayant dû, chaque jour de la semaine, faire une heure et demie de bus pour arriver à son boulot, à son usine, à son chantier

étant tombé de son échelle ou de son échafaudage

ayant trébuché sur sa machine

s'étant cassé quatre dents, coupé trois doigts, sectionné deux orteils, crevé un oeil

silicosé, irradié, asbétisé

dont le poste de travail a été déclaré obsolète ou surnuméraire, dont la fonction a été automatisée, dont le métier est devenu inutile

accroché à un clou comme un vieux vêtement, abandonné par son syndicat

aujourd'hui chômeur et divorcé

alcoolique et dépressif

sentant la frite et la bière, connu dans les discothèques pour son tempérament querelleur, s'étant fait jeter dehors par le barman du MACUMBA

le bras droit bandé en écharpe, reprenant son vélo, le tenant à la main, sifflant faux

- des gars qui sifflent sur les chantiers, y en a plus !

se raclant la gorge, reniflant et urinant une dernière fois, joyeusement, sur le mur de façade du dancing, boitillant, butant sur un pavé déchaussé, trébuchant, perdant l'équilibre, manquant se casser la gueule sur la bordure du trottoir, se rattrapant de justesse, oubliant de refermer sa braguette


je r ricane

danke, mel'si


- j'ai pas l'âge, peut-être ? dat versta ik niet !

le portier du Z-BAR lui refuse l'accès de la boîte et lui conseille d'aller plutôt au café RIO

- c'est plus populaire, potverdekke ! la Jupiler y est moins chère, la salle est bien chauffée et la patronne, quelquefois, offre du pékêt et des rondelles de saucisse sèche à ses clients, nom di djos ! spreekt gij vlaams ?

- tu veux m'empêcher d'entrer, peut-être ?

le portier du Z-BAR essaie de se justifier

- le patron, la cravate, potverdekke ! de Dieu !

- dat versta ik absoluut niet ! va t'faire foutre, esclave, faux nez, cire-pompes, platloeis, morpion, punaise, trou du cul, tête-de-lard, pue-la-sueur, ramasse-crottes, boulonneux, moegere sprinkoet, cigare maigre, platvoet, façadeklacher, exploiteur du peuple, ennemi de la classe ouvrière, grosse saucisse qui vit de la misère des pauv' gens, balance des poulets, larbin des bourges et des curés, tueur de moustiques, poisson pas frais, enculeur de mouches, chien jaune décoloré, pitbull édenté, dinosaure emplumé, fromage de tête pressée, sniffeur d'essence trafiquée, larve de moustique, puce de poule d'eau, bocal à sangsues, arroseur de plantes en plastique, cracheur de noyaux de cerises en plomb, catalogue de vieux pneus, mangeur de morve d'autrui, installateur de conflits, voeile avekoet, schieven architekt ! je n'comprends pas ! je n'veux rien comprendre !


je r ri ricane e

j'rct éructe, je profère et j je ricane

prf f


- le standing, le patron, nom di djû !

et gnagnagna, et gnagnagna, le type s'énerve, s'insurge, refuse d'entendre quoi que ce soit, dépose son vélo, tente de pénétrer de force dans la boîte, provoque un esclandre, cherche la bagarre, insulte le portier, lui crache à la figure, essaie de lui balancer un coup de genou dans les couilles, brandit maladroitement un canif qu'il dissimulait dans son sac, menace le portier

- con de Dieu ! s'énerve le portier qui appelle ses collègues en renfort

fait mine de le poignarder, se fait aussitôt désarmer par le vestiairiste-videur

tirant sur sa pipe, hilare et baraqué, venu se porter au secours du portier, malingre et déconfit

remonte sur sa bécane, glisse sur une plaque de fioul, s'accroche à sa machine, heurte la bordure du trottoir, renverse des cônes de sécurité placés par la police, coince sa roue avant dans un avaloir bouché, s'étale de tout son long dans une flaque d'eau mazoutée, bouche ouverte, dents pétées, pommettes tuméfiées, genoux entaillés


Z-BAR


un petit groupe de clients prend l'air sur le trottoir

pleins comme des boudins, tamponnés, foncedés, ourdés à zéro, des pendards de students organisent un concours de taille de bite, se commandent une treizième chope, versent de la bière dans des capotes qu'ils lancent à la gueule d'un couple de jeunes gens de bonne famille

Orval de la Sèche Mare et sa bécheuse

- santeï !

élevés dans des fûts de chêne, occupés à manger un ravier de frites sous l'auvent du fritkot de Tina

et tttrouvant fffranchement dddéplaisant de se rrretrouver dddans une sssituation tttotaaalement rrridicule et absssolument insupportaaable

- op uw bakkes !


des soûlauds de students shootent dans les enjoliveurs des bagnoles garées devant le Z-BAR, gerbent sur les pare-brise, dégonflent les pneus des grosses voitures américaines, pissent dans les poubelles et les boîtes aux lettres, s'esclaffent et se font rappeler à l'ordre par le portier

- foert ! à l'entrée du bar ! et devant les clients, potverdekke ! mais vous finirez par m'faire perdre mon boulot, nom di djos !

gerbent et se calment, négocient, discutent avec le portier

- de Dieu !

le questionnent à propos du Zef, s'il se nourrit de bousiers, combien de molaires il lui reste, si on lui a coupé la langue et perforé les tympans, quelles sont ses pathologies dominantes, s'il a séjourné en prison ou dans des hôpitaux, s'il entend bien tout ce qu'on lui raconte s'il a la pleine maîtrise de ses fonctions organiques, s'il a réussi à apprivoiser les punaises de sa paillasse, s'il contrôle parfaitement ses sphincters, quelle est la contenance de son éponge, quel est son taux d'alcoolémie, s'il sait seulement écrire son propre nom, s'il parle français ou néerlandais

- ou arabe ou espagnol ? ou albanais ? ou serbo-bosnio-croate ? ou lingala ? ou quechua ?

s'inquiètent de savoir si Zef est son vrai nom, si ses verrues sont purulentes, s'il est allergique aux poussières et aux graminées, s'il crache des glaires pendant l'hiver, quelle est sa religion, depuis combien de mois et d'années il rôde dans le quartier, quelle est la part de la mendicité dans ses revenus, s'il a encore des cheveux sous sa casquette, s'il se fait régulièrement déboucher les oreilles avec un coton-tige trempé dans de l'eau de Javel, s'il sait jouer de la trompette avec les mains, s'il a une activité sexuelle normale ou s'il fait ses besoins dans une chaussette ou dans un seau, s'il a encore des chaleurs

- de flech' is af ?

s'il est insensible à toute forme de sanction morale ou sociale, si la police le laisse tranquille, s'il est capable de ressentir et d'exprimer des émotions mouillantes, s'il n'éprouve aucun remord et aucune culpabilité, s'il se sent las de vivre, pour qui des larmes lui coulent parfois des yeux

s'esclaffent bruyamment


je, je g grumine, je longe un trottoir, je fouille un tas de d détritus qui s'amoncellent dans la rg rigole

je trouve des tampax et des kleenex, des ttt touffes de poils sccr accrochés à un hameçon - impek' !

je trouve des épingles à ch chignon, des sd br débris de miroirs sur rlsq lesquels les images captives m mettent une v vie entière à s'effacer

d'autres viendront qq qui trouveront des billets de banque

- mille befs (environ 25 euros) ! ouah, ouah, ouah !

- tu craches dans tes mains, tu soulèves la casquette du Zef et tu lui frictionnes le crâne ! et ça t'porte bonheur ! ouah, ouah, ouah !

- ça t'permet de résoudre tous tes problèmes, de rendre la joie de vivre à une jolie petite chatte qu'sa salope de marraine a jetée sur le trottoir pour qu'elle grandisse plus vite et l'aide à subvenir à ses besoins, d'obtenir un permis de construire en état d'ivresse ou une autorisation d'exploiter une chambre froide d'entreprise pharmaceutique dans la piscine du Résidence Palace, de jouer gagnant aux courses de petits chevaux de bois, d'retrouver l'affection d'une vieille c copine et d'la tringler pendant 2 heures de suite sans fatiguer, de guérir de la chtouille et du sida, d'apprendre à jouer d'la guimbarde ou du berimbau, de s'initier au tir à l'arc et à la copulation à dos de cheval au galop, de réussir un examen organisé par le Selor et d'dégoter un bon petit boulot d'fonctionnaire fédéral dans un organisme d'intérêt public de type A, d'échapper aux bombes de la Libre Amérique ou de la Sainte Russie, waow ! ça sert à tout, vraiment à tout !

- et si tu veux gagner l' gros lot d' la loterie nationale, tu lui touches les verrues du menton ou tu lui caresses la braguette de la main gauche en formant un voeu !

- et ensuite tu lui arraches sa casquette, tu pisses dedans et tu t'arranges pour la lui r'mettre sur la tête aussitôt après, ouah, ouah, ouah !

- ik ? de doeme ! ga kakken ! va une fois à la gare avec ta valise !


- l'important, c'est d'courir très vite, d'faire pleurer Gracieuse en vitesse, dans un recoin discret, non exposé à la vue de Zef et du public, derrière le fritkot de Tina ou au fond de l'Impasse

- et surtout d' t'arranger, au retour, pour n'pas t'faire agripper, mordre ou griffer le bras, ouah, ouah, ouah ! sinon tu recevras une décharge électrique qui te parcourera tout le corps ! et sentiras ton sexe retrécir et disparaître !

- et Zef ne te rendra jamais ta bite, ouah, ouah, ouah ! sauf si tu lui verses une importante somme d'argent ! et seulement après t'avoir asséné quelques furieux coups d'canne sur les fesses !

- et si tu ne lui verses pas l'entièreté de la rançon demandée, jamais Zef ne te restituera ton organe, ouah, ouah, ouah ! et sois sûr qu'il utilisera la magie pour chercher à se venger et à te tuer !


j je porte chance, je r rends gagnt gagnants les billets de la loterie nationale

- allez vous faire foutre !

n'avend

je fouille encore, je t trouve : ces morceaux de pain moite et r rance qui poussent dans les poubelles,

j'ai de la ch chance

dank u


Z-BAR

dringuelles glissées discrètement dans la poche supérieure de sa veste rouge Coca-Cola, le portier du Z-BAR sort les mains de ses poches et répond à toutes les questions des clients

- à vot'service ! toujours prêt à vous satisfaire ! en fait, j'suis payé pour ça, potverdekke ! l'Union fait la Force ! Eendracht maakt Macht ! je n'fais qu'mon boulot, nom di djû ! en fait, j'vous donne la bonne nuit et j'vous remercie de vot'visite ! bonne bourre ! comptez sur ma discrétion ! n'oubliez pas l'portier ! pensez à mon p'tit bouquet, potverdekke ! à la s'maine prochaine !


le portier du Z-BAR doit tout savoir sur le marché local de la dope et du cul

tout savoir

- de Dieu ! spreekt gij vlaams ?

et ne jamais rien voir, nulle part, à propos de quoi que ce soit

tout entendre, tout retenir et ne jamais rien noter


le portier du Z-BAR fume la dernière cigarette de son troisième paquet de la soirée, sort une flasque plate de la poche arrière de son pantalon, se commande une tasse de thé citron et y rajoute une bonne mesure de pékêt, grignote des tartines à la sauvette

omelette au lard salé, rollmops à la mayonnaise, sardines portugaises ou marocaines en boîte


et m me fait un léger s gn signe de main, tr très peu de connivence ce

Klachkop pn n'aimerait p pas cela

- loop naar de maan !

n'avend

danke


le patron du Z-BAR, professionnel très habité par son métier, veut que son bar ait

- de la classe !

le patron du Z-BAR, alias Klachkop, jouissant de protections royales, politiques, ecclésiastiques, agro-industrielles, financières, pénitentiaires, vétérinaires, familiales, raciales, judiciaires, artistiques, journalistiques et gastronomiques, militaires, pharmaceutiques, diplomatiques, européennes et policières, exigeant de voir la tête du lapin qu'on lui sert

- lalala lala lalala, z'auriez pas du feu ?

demandant au portier s'il connaît l'âge de la mignonne qui l'interpelle et, tout de suite, lui met la main aux patates et lui propose de l'affection

- lala lalala lala, z'auriez pas envie de jouer au docteur avec moi ?

et si cette poufiasse a encore de la famille, si elle connaît son vrai père et sa vraie mère, si c'est déjà une professionnelle, combien elle prend, quels sont ses vices et ses tendances, ce qu'elle sait faire, avec qui elle travaille, si elle est libre, si elle est propre, si elle est saine, si elle se drogue, quelles sont ses références et comment elle s'appelle

mais se méfiant et sachant résister à la tentation, refusant de se laisser piéger par une jolie petite chatte plombée, Klachkop interdit de laisser le Zef

- il pue !

s'approcher de la porte du bar et recommande instamment au portier de bien veiller à ce qu'aucun mineur ne profite de la cohue pour se faufiler à l'intérieur de la boîte

- et surtout pas c'te salope là-bas, ce body, ce babydoll, ce t-shirt près du corps, ce caraco, cette nuisette, ce serre-taille, ce négligé, cette guêpière qui ne fume que des pétards et qui demande du feu à tous les porteurs de braguettes ! j'ai pas confiance, elle a plutôt mauvais genre ! je la soupçonne de chercher à se faire baiser par des notables pour se constituer un book ! elle racole sec et ça pourrait nous valoir de sacrés ennuis !

- lala lalala lala, z'auriez pas du feu ?



homme s sans n nombril il, cr crâne chauve rongé par la mérule et les v vers de bois

oreilles br brûlées par l'acide, yeux chassieux, sortis de leurs orbites

joder

j je, je pue, je suis une odeur de larve q qui pourrit dans le v ntr ventre de la collaboratrice de l'animateur-vedette d'un ns show télévisé, qui ccc coule et s'insinue, une odeur de charogne, de fr frm fromage de Herve ou de Bruxelles-Brussel, de hettekees ou de pottekees, une odeur d'urine qui r rancit dans un verre, s sous une armoire, une odeur de gaz vert, d'os cariés, de f foetus avarié, de moule crevée

g goeie avond dd d

bonj'oir

dank u, n'avend


gentes d dames et pr preux chevaliers, ils n'osent pas encore m m'abattre mais ils y pensent tr très sérieusement

- ik ?

m'enduiront-ils de p poix enflammée ?

g grilleront-ils mes couilles au ch chalumeau ?

me dd doperont-ils aux tr tranquillisants pour faciliter mon tr nsf transfert v vers l'abattoir ?

exhiberont-ils ma tête, plantée sur une ppp pique, dans les strotjes et sous-ruelles t nbr ténébreuses de la vieille ville ?

joder


mais, aujourd'hui, ils ne s sont pas assez saouls, ils n'ont pas encore assez b bu, ils se contentent de me reprocher d'exister

s'il v vous plaît ? watte ?


- mais pue !



BIJ TINA


Tina la frituriste

sa fille la remplace, sexuellement réceptive, refusant l'insémination artificielle et la traite automatisée

solidement charpentée, présentant tous les aspects extérieurs de la bonne reproductrice, possédant de bons aplombs et une grande profondeur de poitrine, vigoureuse, fertile, aux larges mamelles, dévorant ses 5 à 7 kilos de patates par jour, ayant enfin trouvé le mâle errant disposé à la fourrer, à partager son étable et à la féconder, aimant être besognée, réclamant qu'on la vide de son lait de bufflesse tous les soirs

- tu m'les tètes ou j'te les coupe !


Tina l'avorteuse

sa fille la remplace


l'huile de friture et la mayonnaise lui graissant les doigts et lui dégoulinant sur ses poignets, le visage défiguré par l'acné, les bras aussi gros que les cuisses d'un champion cycliste

retouchant son maquillage

donnant quelques coups de balai à l'extérieur, débranchant les bouteilles de butane et baissant le volet

odeurs d'huiles usées, odeurs de frites froides, odeurs de cervelas et d'oeufs durs, odeurs d'aisselles moites et d'eau de Javel

les pis douloureusement gonflés

dénouant son chignon, dégrafant son soutien-gorge parfumé à la vanille, engueulant son individu, son caporal-chef, son prognathe de carrière, son kastar

- et tu crois qu' ça m'amuse de voir ce vieux cochon de Zef, imbibé de pékêt, puant la Maes et la Stella, m'lorgner le cul et les tèts pendant qu'tu m'tringles ? mais fais donc quelque chose, nom de Dieu, si t'es un vrai mec !


je la d dégoûte, sa fille

- bloemkul ! voeil teif !

elle, lissant entre s ses doigts une mèche de p poils pubiens, se p sst passant de la pm pommade hydratante sur les pis pr pour les soulager

et lui, s son individu, un mégot lui pendant au c coin des lèvres, le pantalon kaki sur les ch chevilles, les gr grandes oreilles décollées, le menton et le front pr proéminents, les ttt testicules hypertrophiés


elle et lui

m'accusant d de les épier rr à tr travers des interstices de la c cloison quand ils font leurs rs amours, glissent, pissent et g glapissent de p pp plaisir, eh, eh

de pl plonger mon r regard et d'obs rv observer tout ce q qui se passe à l'intérieur du fritkot et tout ce qq qui ne s'y passe pas, de s surveiller tous les mv mouvements, eh, eh, eh

godverdomme


et d de ricaner

- sac à poils ! trou montré ! grosse vache parfumée ! gepoeierde zug ! eh, eh, eh

de ricaner

- mamelles ou ventouses ? fausse barbe ou tablier de forgeron ? vertugadin ou véritable cul ? implants fessiers ? eh, eh, eh

de r ricaner

- hi-han ! hi-han ! hi-han ! hi-han ! hi-han !


odeurs de corps en sueur, odeurs de soufre, odeurs de bêtes en cage, odeurs de testicules de castor, odeurs rauques de peaux tannées, odeurs de beurre rance, odeurs de lait fermenté, de glandes, de placenta, de pets, d'urine

- mais qu'est-ce que t'attends, nom de Dieu, pour lui faire son affaire à c't enfoiré d'obsédé sexuel de merde ? qu'est-ce que t'attends pour lui donner c'qu'il mérite à ce voleur de bites ? t'attends qu'il t'envoie une décharge et qu'il te retrécisse ?

- ...

- non, mais t'as vu son regard à Zef ? tu n'te rends pas compte qu'il se fout d'ta gueule ! tu n'vois pas qu'il m'manque de respect ! descends-le ! allume-le ! bute-le ! dézingue-le !


liqueurs glauques s'accumulant dans les cavités du cerveau, reins dilatés par l'urine, tremblement des bouleaux, souffle des purgeurs qu'on libère

- moteur en feu ! on se pose ! urgence ! urgence ! urgence ! a'aa'aaa'aarag'h !

bris du train d'atterrissage sous l'aile droite et spectaculaire glissade de l'appareil

odeurs de plaquettes de freins surchauffées, de caoutchouc brûlé, de bielles fondues

odeurs de couilles cancéreuses

le phallus grillé, trempé dans la graisse bouillante, la peau recouverte de cloques remplies de liquide séreux ou striée de raies noires


Z-BAR


un client discute avec le portier

relaçant ses chaussures sur le pas de la porte, reboutonnant sa braguette, écrasant sa dernière cigarette

menace le Zef, fait mine de lui couper les jarrets avec une faux

- comme dans le bon vieux temps !

l'insulte

- sac à poux ! loeissak !

et pousse le portier à intervenir

- toujours est-il que tu devrais faire appel aux flics !

l'invite à prendre ses responsabilités, à balayer devant sa porte

- tu devrais leur demander de chasser le Zef de ton trottoir ! je ne comprends pas comment le patron peut laisser faire ça ! ce n'est pas bon pour l'image du Z-BAR ! ça fait très mauvais genre ! ça cause du tort au Commerce et à l'Industrie !


je pue, je t tt tousse, je

gotferdoume


un vent se lève, des bars se vident


les ch cheveux pris dans un attrape-mouches, j je m'appuie des deux mains sur le c pt capot d'une gr grosse voiture américaine, sur le rebord de fenêtre d'un b bordel de fm famille sr surchauffé, r rue de Malines

n'avend

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames !

danke, bonj'oir r

joder


A L'AMBASSY


vitrine éclairée au n néon

- à vot'bon coeur !

rose-vert

fluo


je tousse ! t tousse ! t tt tousse e !

tousse !

je c crache !

che !

ch

c


un passant se détourne ou fait semblant de regarder ailleurs, murmure entre ses dents

- va crever, ordure ! honnendeef ! voleur de chiens !

craint la contagion, fait rapidement un signe de croix pour chasser les démons, retourne sur ses pas, rote, traverse la rue, change de trottoir


IMPASSE DES MURMURES


panneaux d'invitation, pancartes de bienvenue

ex-voto, écriteaux, petites annonces

bois peints agrémentés de proverbes et de sentences

images pieuses et tableaux votifs relatant de premiers orgasmes et de plantureuses éjaculations précoces

affichettes de rendez-vous légers placardées sur les palissades ou collées sur les poubelles ou les sorties de secours, murs des toilettes barbouillés de graffitis sentimentaux, messages futiles et plaisants tagués au spray, fées érotiques et enchanteurs lubriques dessinés au marqueur, déclarations d'amour tracées à la craie

signatures, chiffres magiques, initiales et lettres majuscules gravés au couteau sur l'écorce du tronc d'un arbre mort


autorisation de se shooter aux lingettes nettoyantes et de fumer des joints d'hosties séchées au soleil

autorisation de remonter à la surface et de reprendre un peu d'oxygène après trois minutes de plongée en apnée

autorisation de lever les bras en l'air et de décrocher la lune et les étoiles

autorisation de chiquer du tabac et de cracher du sang

et de consommer du cognac polonais fabriqué avec de l'alcool pur dilué dans de l'eau déminéralisée, du caramel et du colorant pour cheveux

autorisation de chier dans les confessionnaux

autorisation de profiter de la mort sans attendre, aussi longtemps qu'on est encore vivant

autorisation de se jeter sous une rame de métro aux heures de pointe

autorisation de jouer aux cartes avec son assassin

autorisation de creuses des mines d'or dans les cimetières religieux à moins de 50 mètres des concessions perpétuelles

autorisation de glisser deux doigts dans le trou de balle d'une poule et de lui voler ses oeufs avant qu'elle ne les ponde

autorisation de sucer et de ronger les osselets des pattes avant et arrière des petits Jésus après leur avoir arraché les ongles et les clous avec une tenaille

autorisation de prélever les empreintes des morts sur de vieux grimoires


Vendredi. Cinq heures du matin. Z-BAR.

Un client.

Un mec venant d'on ne sait où, avec un blaze pas possible, se prenant pour Dieu sait quoi, bafouillant, trébuchant, larmoyant, voulant absolument raconter n'importe quoi à tout le monde. A n'importe quel portier, à la sortie de n'importe quel bar. L'histoire de quelque chose ou de quelqu'un.

- De quoi déjà ?

- ...

- L'histoire de Jodi ?

- ...

- Une ville sainte, une fille publique de l'Evangile ?

- ...

- C'est pas un nom d'chrétien, ça ? Et d'où ça peut bien venir ?

Le mec ne savait plus. Ni même si elle existait ou si elle avait jamais existé, cette femme-là. Où elle pouvait bien se trouver. Et s'il l'avait jamais rencontrée. Dans la vraie vie ou dans un autre bouquin.


Le portier hausse les épaules, s'énerve.

- Va t'faire foutre, dikken bazouf ! Casse-toi ! Tu fais chier, connard ! T'es même pas drôle et le patron ne me paie pas pour recevoir les ivrognes en confession et bouchonner leurs chagrins d'amour ! C'est pas inscrit dans mon contrat !

Aidé

- Eh, Paulo, j'ai un problème, tu viens m'aider ?

du vestiairiste, hilare et baraqué, le portier envoie le client rouler bouler sur le trottoir.

- Casse-toi, connard ! Va t'faire voir en Enfer !

Air hébété du client, semble hésiter, vacille.

Mépris du portier. Campé sur le trottoir. Bras carrés.


Le client, maintenant c'est un pauv'type, une cloche, une raclure.

- Tu abimes le commerce, connard ! Casse-toi ! Va t'faire achever au MACUMBA, bedepisser !

Le portier reprend sa place à l'entrée du Z-Bar... et se dandine et salue et fait le gigolo auprès d'une bande de bourges en goguette, des habitués, qui, d'habitude, le tutoient.

- J'espère que vous avez passé une bonne soirée...

Et qui, ce soir, choqués par la scène, font mine de ne pas le reconnaître et ne lui donnent même pas de pourboire...

- Sakkerdepit ! C'putain d'salaud d'soulard m'a fait rater plein de pognon ! shoote le portier, malingre et déconfit, dans les tibias du pauv' type et fait-il mine de lui casser le cadavre d'une flasque de genièvre sur la nuque.

Des braillards de students se commandent un douzième chope, viennent la boire sur le trottoir.

- Skooooooooooool !

Ils ouvrent leur braguette, exhibent leur biroute, menacent d'arroser tout le monde, s'esclaffent.


Et le pauv'type trouve même ça drôle... se redresse et retombe dans la rigole... et se relève encore et s'affale à nouveau... et dégobille dans la vespasienne du Busleidengang.

Le nez, les yeux, la bouche dans la bile et l'estomac. Avalant sa morve. Manquant se faire étouffer par ses vomissures.

Le pauv'con montre le poing, pisse et chie dans son froc, glisse dans ses déjections, s'endort, là.



autorisation d'allumer des cierges pour éloigner la foudre et chasser les fièvres

autorisation de donner des marguerites aux chiens

autorisation d'ensorceler, de féticher, de faire des enchantements

autorisation de perdre ses clefs dans un avaloir

autorisation de niquer sa mère

entrée gratuite avant minuit pour les dames et les demoiselles


ANNEKE, IK ZIE JE ZIELSGRAAG ! ATTENTION VIEUX MÉCHANT ! TU ME QUITTES, JE VOUS HAIS ! PLEASE DON'T BUSH ! NO W ! GOLMORA ADORE UN SEUL SKALAMAR ! LIBÉREZ PIERRE CARETTE ! AN' JAT'M ! COUGNI AWE, OVRE NENNI ! LES HAMBURGERS AUSSI ONT DROIT A LA DIFFERENCE ! AFRICANA, NALINGAKA YO TROP ! TOO MUCH IS NOT ENOUGH ! LE SOIR DU 12 DÉCEMBRE, IL NE SE PASSERA PLUS JAMAIS RIEN ! WAR IS OVER ! LE POUVOIR AU MUSEE ! BEUVONS PLUS ET MEURONS MOINS ! ITALIANS DO IT BETTER ! LESBOMOEDERS KWALITEITSMOEDERS ! JE NE VOUS AIMERAI NULLE PART ! ONE ST PATRICK'DAY, 364 PRACTICE DAYS ! DON'T WORRY, BE HAPPY ! MUZIEK, HAPJES EN DRANKJES UIT AFRIKA ! LA LIBERTE NE S'ACHETE PAS DANS LESGRANDES SURFACES, ELLE S'ARRACHE SUR LES TROTTOIRS ET DANS LES AIRES DE PARKING ! ATTACHEZ VOTRE CEINTURE ! QUI SAURA ! FLEMISH IS COOL ! POUVOIR ASSASSIN ! ISLAM IS PEACE ! EU TE AMO ! SORTONS LES VIDEURS ! GEEN REVISIONISME ! ANA CROFT NIQUE LES FLICS ! NOTRE VENTRE NOUS APPARTIENT ! IN MEI LEGGEN ALLE VOGELS EEN EI ! LES REVES DE L'ETAT SONT NOS CAUCHEMARS ! DIEU A ENCORE GRANDI, IL N'ENTRE PLUS DANS SES BASKETS ! FOLLOWING MAY BE HAZARDOUS TO YOUR FACE ! NON AUX EXPULSIONS ET AUX EXPROPRIATIONS ! OUTRAGEONS LA PERSONNE ROYALE ! NZAMBE NA LIKOLO, BAYANKE NA NSE ! VIAGRA RAPE SQUAD STRIKE AGAIN ! EL QUE SIEMPRE SUMAIZ ! ON THIS SITE, IN DECEMBER THE TWELVE, NOTHING HAPPENED ! JE SUISSE DONC JE PANSE ! WE NEVER CLOSE ! AU BAC LES MACS ET LES MACHOS ! EL PUEBLO UNIDO JAMAS SERA VENCIDO ! NO A LA VIOLÈNCIA CONTRA LES DONES ! PLUS VIEUX QUE MOI, T'ES MORT ! MEAIT 'JE ! DRINK ALL THE IRISH BEER YOU CAN DRINK ! VOUS ATTENDEZ MAL ? N'ENTENDEZ PLUS ! GEBT NAZIS KEINE CHANCE ! RASONS LE CRANE DES BIOGRAPHES ! SERVICE AT THE BAR ! NAZIS RAUS ! HAIDER'S AUSTRIA IS NOT MY AUSTRIA ! D'ORAZIO ACQUITTÉ ! GEEN WONING, GEEN KRONING ! ZAPATA VIVE, LA LUCHE SIGUE ! LET IRAQ LIVE ! AFRIKA SANA ! NOUS AVONS TOUT, NOUS VOUS LAISSONS LE RESTE ! J'ST CR'ZY ! LEGALIZE IT ! ATTENTION DIEU MÉCHANT ! WARNING, ELEPHANTS DRINK AT THIS POOL, SWIMMING AT YOUR OWN RISK ! AYONS DES CONNIVENCES ! GIRL POWER ! FUCK THE WAR ! DIVERSITY INCLUDES FAT PEOPLE ! POTACHE AIME GAVROCHE ! BETOGEN ZONDER VRIJEN IS KUT ! PRINCESS ZELDA WAS HERE ! RUST IN VREDE ! NO PASARAN ! LIBEREZ LA PALESTINE ! SOYEZ TELLEMENT IMPREVISIBLES ! DJI VOS INME ! DON'T DISTURB ! WERK VOOR IDEREEN ! WIPE OUT POVERTY, NOT PEOPLE ! DEMANTELONS LES RESEAUX CLANDESTINS D'IMPORTATION DE SACS A VOMI EN PLASTIQUE DE CONTREBANDE QUI OBTURENT LES GOSIERS ET LES GESIERS DE NOS CHEVRES ET DE NOS CROCODILES ! APELES PARA TODOS ! PLUS VIEUX QUE MOI, J'TE TUE ! BOMBARDONS LES CIMETIERES ! VIVA BOMA, PAPATEN MET SAUCISSEN EN DIKKE CERVELAS !


toujours plus pr près d'un trop loin d dernier souffle, je

s'il vous plaît ? watte ?


la mort d'un chien dans la rue, ça ne se pleure pas

au chaud, à l'intérieur des maisons

je rr rapetisse et me défais, m'émiette, j'ai le mal d'un p pays où les mn moineaux pierrots, les hirondelles d'rd ardoises, les grives et les merles

p picorant nt les baies d'rg argousier, de houx, de gn genévrier et de s rb sorbier

sont des oiseaux xz zoologiques ?

godverdomme

des oiseaux de c cirque ?

n rr nourris, b bagués, lg logés, ch chauffés et choyés ?

inventoriés, v visités, dm admirés, exm examinés, photgr photographiés et f filmés, nc encyclopédiés ?

gotferdoume

r cnn reconnus, r ss rassurés, pris en ch rg charge et choyés ?

choyés ?

chch choyés s ?

yés ?


ménagères, ne brisez pas les couples, respectez les lois de la nature et du marché


du coq à l'âne, le chemin n'est pas long


mangez de l'âne de bât et de l'ours des montagnes, du petit chaperon rouge et du grand méchant loup, de la gazelle et du crocodile, de la blatte et du lézard, du pigeon biset et de l'oiseau rapace

ménagères, ayez du coeur

du coeur

du

d


on ne réveille pas les gens qui meurent sur le trottoir

on ne leur demande pas l'heure ou la route

ni le temps qu'il fera la semaine prochaine à Knokke-Le Zoute et à Han-sur-Lesse


IMPASSE DES MURMURES


une vieille deuche s'y engouffre

un homme en noir s'en extrait, fait signe à une petite Marie, l'interpelle

- M'sieur l'Abbé ? toi-même ? en civil ? qu'est-ce que tu m'veux ? quelles belles histoires on va pouvoir s'inventer ? j'étais une p'tite souris, tu m'invitais à boire un bol de chocolat chaud et tu m'enfermais dans une théière chinoise ? tu m'gardais prisonnière, tu m'faisais d'affreuses grimaces et j'me retenais de pleurer ? j'grimpais le long des tuyauteries et j'me glissais sous les portes ? tu m'mentais tout le temps, tu m'tendais des pièges et j' arrivais à les éviter ? tu bouchais les interstices des plinthes et les carrelages disjoints ? tu réparais le maillages des soupiraux et j'parvenais toujours à m'évader ? tu m'cherchais partout et j'fermais les yeux pour que tu ne m'retrouves jamais ? demande la gamine


un homme en noir invite la petite Marie à venir le rejoindre à l'intérieur de la bagnole, à prendre place sur la banquette arrière

- oui, mais dis-moi d'abord, c'est quoi les trucs que tu veux qu'on fasse ensemble, M'sieur l'abbé, que j'sache à l'avance, quoi ! que je mentalise ! qu'je puisse apprendre et répéter mon rôle ! j'étais une petite fée orpheline, tu m'coinçais la main dans un méchant tiroir de sorcière et j'te suppliais de me libérer ? j'étais un oeuf de faisan ou un nid de guêpes, t'étais un vilain blaireau qui cherchait à me croquer, tu sentais l'ail et l'oignon cru, tu n'avais plus mangé que des sardines en boîtes depuis l'été dernier et tu étais assoiffé de sang frais ? je me réfugiais derrière le frigo, sous un lavabo ou dans le bac à linge et tu m'pourchassais avec un encensoir, tu mettais le feu à mes cheveux et je plongeais la tête dans un bénitier ? tu m'kidnappais, tu m'attrapais à la sortie de l'école avec un filet à papillons, tu me plaquais au sol, tu me déshabillais complètement, tu déposais délicatement de grandes hosties en équilibre sur la pointe de mes tétons et tu me d'mandais de n'plus respirer ? tu me retournais sur le ventre, tu m'grattais le dos avec une paille ou un brin d'herbe, tu m'aspergeais les fesses avec un goupillon et tu m'enfonçais une pied de violette dans l'trou d'balle et je me retenais d'être heureuse ?

- asseyez-vous, mon enfant ! calmez-vous, ma fille ! soyez en paix ! cessez de fantasmer ! et veuillez, je vous en prie, cracher un peu de votre salive dans la patène !

- oui, mais ...

- obéissez-moi, vous dis-je !

et démarre en trombe

- que ...

- c'est moi seul qui pose les questions, mon enfant ! baissez les yeux ! faites ce que je vous dis ! ne m'interrompez point ! répondez comme il faut, poliment ! enlevez ce chewing-gum de votre bouche ! élevez votre esprit, ma fille !


une enfant pleure

une petite gamine mâche du chewing-gum à la menthe et sniffe de la colle pour ne plus rien sentir, ne plus rien entendre, tout oublier

les doigts, les bouches les sexes que les hommes tiennent dans leur main, le froid, la faim, la peur, les rires

une petite fille se colle un pétard entre les lèvres

- lala lalala lala, z'auriez pas du feu ?


je pr prends très peu de place e

une pioche, un vv vélo, une enclume, un f fagot de bois m mort ramassé dans le lit de la rivière, une bêche, un nr râteau, un nid dddd déserté par les hirondelles, un pn panier en osier tressé par un tz tzg tzigane aveugle, un trtrtr tronc d'arbre frappé par la ff foudre et creusé par les vers, une moule accrochée à une b bouée ou à un poteau d'es stacade, une anfr fractuosité d dans un vieux m mur de pierre


les morts n'aiment pas s'endormir en plein air, dans le noir, dans le froid, sous une pluie battante, au fond d'une impasse, les yeux grands ouverts

une encoignure, un bb banc d'école, une coquille d'oeuf, un couvercle de poubelle, une b brouette

je r rêve d'habiter une boîte à sardines qui se referme de l'intérieur

goeie avond

dank u, n'avend


cr creusant nt des tunnels et des puits sq qui aboutissent à des sch chambres funéraires, dans un cimetière b boueux de sangliers rss solitaires, arthritiques, s schizophrènes, paranoïaques, pervers et ps psychopathes, ch ss chassés de leur c mp compagnie

ou qui débouchent sur une piste de d décollage, ne f nct fonctionnant que la nuit, où un hélicoptère est posé, toujours pr prêt à décoller

ou qui c nd conduisent à une cr crique g rd gardée par des vautours

le vautour ne sait pas nager

ni le caïman voler


où un hors-bord est t toujours mr amarré, prêt à pr prendre le rg large, à gagner la haute mer rr r

sq esquivant les b bancs de sable, les cadavres des enfants noyés, les tourbillons s sulfureux, les s ch souches immergées


on ne meurt pas gratuitement dans la propriété privée d'autrui

j'échappe aux r rch r recherches des chasseurs de vagabonds nds, armés de fusils à balles s somnifères

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames !

qui se rn réunissent, nuitamment nt, dans un arrière-salon d'un bordel de fm famille sr surchauffé où ils ont nt leurs h bt habitudes, eh, eh

- bien gentil ! bien aimable !

qui limitent nt et nf uniformisent les es espèces, cc cultivent des échantillons de p peau dans des laboratoires, éliminent les vr variétés indésirables ou dont les f ff filiations sont coupables et les n nationalités nc incertaines, c ntr contrôlent nt la reproduction des c fr cafards, c castrent les pauvres p pour les empêcher de se reproduire, revendent nt leurs petits cm comme nf enfants de c mp compagnie


les pauvres ne sont pas étanches

leurs vêtements puent, leurs latrines schlinguent

leurs cercueils empestent

contribuant nt, de façon significative et d durable, à la définition d'une nouvelle conception de la ch chasse

écologiquement c correcte e

aux récalcitrants nts

- la p'tite pièce !

bjour b bonj'oir rg goeie avond dg goeiedag

- à vot'bon coeur !


A L'AMBASSY


organisant nt battues, r rt ratonnades, séances d'exorcisme et td de purification


un petit groupe de clients prend l'air sur le trottoir

jetés, jupés, nasqués, zatlap, stront zat, compleet weg, totaly blastered, des soudards de students, mâles, blancs, racistes, machistes, homophobes, antichauves, antipauvres, antigros, antivieux, terminent leur chemin de croix, achèvent de tuer leur quatorzième chope

- op a' bakkes ! santeï !

braillent, gerbent, organisent un concours de lancer de verres vides dans les poubelles de la friterie-frituur, se pissent les uns sur les autres, commandent un sachet de frites, s'emparent d'un cervelas, font mine de se l'enfoncer dans l'anus, ramassent une bonbonne d'insecticide gisant dans la rigole, s'en servent comme lance-flamme, allument leurs pets, manquent mettre le feu à l'auvent du fritkot de Tina, se font vider à coups de batte de base-ball par le prognathe de carrière de la fille de la patronne, se replient en désordre

- pas op, les gars ! hij heeft haar op zijn tanden ! il a pas l'air disposé à s'laisser faire ! faites gaffe, les gars ! il a des poils aux dents !

braillent, gerbent, pissent et se disputent avec le portier, s'emparent de la casquette du Zef, s'enfuient en courant, s'esclaffent

- il suffit d'découvrir le corps ! ouah, ouah, ouah !

- déposé à même le sol ou j'té dans une mare ou un caniveau, ouah, ouah, ouah ! au bord de de la grand-route ou le long du canal, ouah, ouah, ouah ! recouvert de branchages, de cageots d'fruits et légumes ou d'vieux journaux ! ouah, ouah, ouah !

- un pavé dans la mare, ça se noie ! ouah, ouah, ouah !


les pauvres ne sont pas étanches

leurs yeux mouillent, leurs narines bavent, leurs lèvres sécrètent

leur haleine dégage

leur peau suinte, leur coeur refoule, leur cervelle jute

leur sexe fuit

j'énonce, j'émets, j'rct éructe, je pr profère

prf f

je gr grrr

je g grumine s'il vous plaît ? watte ?

dank u


les intestins des pauvres produisent des jus qui coulent à travers les planches des cercueils en sapin

- ik ?

je f fr fronce e et je crécelle, je ricane, j'rct éructe et je profère

crires, sable scié, insectes pr parasites, phrases nrx anorexiques

prf f

quand j'aurais voulu apprendre à aller jsq jusqu'au bout de t très longues ng p périodes ? bien str structurées et prf parfaitement nt rgn organisées ? peuplées de verbes r ch riches et de v vocables choisis ? avec des sous-vêtements pr propres et d'xc excellentes m manières ? avec des ronds nds de serviette, une f rch fourchette et un nc couteau ? avec des sn chn enchaînements nts logiques ? avec b cp beaucoup de mots ?

gotferdoume

interdiction de jeter le bois de sapin

et la viande humaine, même déchiquetée au broyeur

sur un tas de compost


CAFE RIO


cacanéant

il y a deux marches de pierre bleue à l'entrée du café RIO

saupoudrées de gros sel marin


les murs de brique peinte, bruns, patinés par la fumée des pipes et des cigarettes, de grosses poutres noires au plafond, un crucifix, des attrape-mouches, des trophées de chasse, des marionnettes de bois, des poupées de chiffons et un fer à cheval porte-bonheur accrochés aux murs, un vieux juke-box et une télévision grésillante, deux plâtres de la Vierge Marie, un renard empaillé, des pots de géraniums, des roses en plastique et des guirlandes graisseuses


les roses en plastique ne puent pas de la gueule


une dizaine de tables de bois recouvertes de toile cirée, des affiches de cinéma placardées sur les fenêtres, un panneau mural couvert de cartes postales punaisées

quelques tableaux-puzzle poussiéreux représentant une minque aux poissons et des pêcheurs de crevettes à cheval, un paysage de moulins à eau, de fermes basses et de rus bordés de saules blancs, taillés en têtards, qui clôturent les prairies et servent à protéger le bétail du soleil

les résultats des matchs de football inscrits à la craie sur un tableau noir

un poêle-colonne au milieu du local, briqué à la stoofpommade

des odeurs de châles et de manteaux humides

un chien bâtard, âgé, humide, repu, couché sur un paillasson, se séchant, se grattant sans entrain, s'assoupissant, ronflant au pied du feu

la respiration tranquille, les oreilles au repos

se réveillant brusquement, en sursaut, peinant à se relever pour accueillir et renifler les clients

leur tendant son museau

ou leur montrant les dents


deux petits vieux dansant à petits pas

en robe de chambre

Nonkel Tichke et Tata Mariette

qui avaient été condamnés à terminer leurs jours dans des hospices, des centres d'accueil et des maisons de retraite

et qui

un jour

avaient décidé de ne plus faire ce qu'on leur commandait de faire, avaient réussi à tromper la vigilance de leurs gardiens, s'étaient évadés des hospices et des centres de revalidation, des chambres aux volets toujours clos, des albums de famille, des meubles d'époque et des recettes de cuisine à l'ancienne, des histoires rabâchées des années de guerre

collaboration lucrative et/ou résistance héroïque avec/à l'envahisseur abhorré et/ou marchandages diaboliques avec l'Armée Secrète et/ou les bandits terroristes et/ou les patriotes et/ou le Nonce Apostolique et/ou les dealers du marché noir

dans lesquels des notaires, des avocats, des juges, des ayants droit et des gardes-malades les avaient enterrés pour toujours, les bourrant de calmants

- pour qu'ils cessent de crier et ne dérangent pas le personnel pendant la nuit

s'emparant de leurs bijoux

- pour ne pas qu'on les vole

les frappant avec des pantoufles quand ils ne sont pas sages et obéissants

- pour ne pas laisser de traces

confisquant leurs lunettes

- pour ne pas qu'elles se perdent

embarquant leurs animaux de compagnie et les plaçant à la fourrière

- pour qu'on s'occupe d'eux

enfermant leurs prothèses dentaires dans une armoire à pharmacie toujours fermée à clef

- pour ne pas qu'elles se cassent

et leurs tabatières

- pour qu'ils cessent de chiquer et de priser !parce que fumer provoque des maladies cardio-vasculaires et pulmonaires !

et leurs préservatifs

- parce que l'abus de sexe nuit gravement à la santé !

les ligotant à leur lit

- pour les empêcher de fuguer

les plaçant sous contrôle électronique

- pour qu'ils ne profitent pas des heures de visite pour traverser le hall d'entrée et filer au stamcafé, pour qu'ils ne dépensent pas tout l'argent de leur pension au bistrot


deux petits vieux dansant à petits pas

en mules et robe de chambre

portant un boîtier scellé au poignet ou à la cheville

se tenant tendrement par la main, ne se quittant plus des yeux

elle, coiffée d'un fichu, se parfumant à la lavande, jetant un brin de buis dans le feu lorsque l'orage gronde, défaisant les noeuds de son mouchoir, comptant ses sous, commandant à boire

- deux extra pils Piedboeuf export !

- j'n'ai plus ça, Tata Mariette

- et des bières Lamot, la Veuve, t'as encore ça ?


et Bigoudis, debout derrière sa pompe à bière, lui répond en souriant

- j'n'ai plus ça non plus, depuis longtemps déjà ! tu l'sais bien, Tata Mariette !

- alors deux pressions, Mère ! Sans faux col !


elle et lui

elle, jument ardennaise, cherchant à reconnaître des parents et des amis sur de vieilles photos jaunies, lisant à haute voix une vieille recette de cuisine comme s'il s'agissait d'un conte de fée, plaçant un zeste de citron dans le moutardier

- pour ne pas qu'ça s'dessèche

lui, cheval de trait des Flandres, tournant les pages d'un vieux journal, promenant son index sur les titres, s'arrêtant sur les mots succulents, enfilant des caleçons longs

- pour passer l'hiver au chaud

elle et lui

cultivant des légumes entre les tombes de leurs parents


elle, son visage à peine ridé, ses yeux toujours brillants, ses rangées de salades et ses plants de tomates, sa cuisinière au bois, ses moules à cake, son fouet ballon, son presse-purée, son moulin à herbes, ses rince-doigts, sa huche à pain boulot et à pain platine, ses farines d'épeautre et de marron, son potage de châtaignes, sa choucroute préparée avec les choux blancs du potager, sa soupe au lait battu, ses potées, son petit boudin aux oignons confits, ses oeufs pochés à la Chimay, sa cervoise aromatisée au miel, son beurre de coings, sa tarte al djote, sa makeye, son plat filet de Nassogne, sa potiflette ardennaise, ses carbonnades parfumées à la tartine de pain d'épices enduite de moutarde, ses crêpes et ses croustillons, ses cougnous, ses oreilles de béguines et ses petits sablés, son sirop de Liège et son fromage de Herve, ses laines désuintées à l'urine, ses plantes qu'elle arrose avec une infusion de thé, ses placards sentant encore la naphtaline, ses oeufs de Pâques peints au jus de betterave et à l'eau de cuisson d'échalote, sa fracture de la clavicule ou du col du fémur, ses capucines semées autour des pommiers et des rosiers

- pour chasser les pucerons !

et lui, ses rhumatismes et ses cheveux grisonnants rincés à la bière brune, ses matchs de football, ses courses de chiens et ses kermesses cyclistes, son demi-anniversaire fêté tous les six mois, ses derniers poireaux de l'hiver arrachés avec une bèche, ses sels de bain qui soulagent les verrues et les durillons, son cache-poussières, ses maquettes de bateaux, sa collection de porte-clés, ses rondelles de radis noir, son stoemp au chou et à la saucisse, ses boulettes à la sauce tomate, ses ballekes op Brabantse wijze met Florivalbier en aardappelpuree, ses chicons en ragoût, ses choezels, ses caricoles, sa soupe au lard, sa tête pressée, ses mosselen préparées avec du céleri vert et des oignons, ses frites mayo, son waterzooi de volaille à la gantoise, son rôti de porc mariné aux griottes, son boudin noir aux pommes cerises et lardons, son lapin ou sa dinde à la gueuze et aux pruneaux, ses pannekoeken et ses smoutebollen, sa confiture des vieux garçons, sa galantine de Turnhout, ses crevettes de Nieuwpoort, sa trappiste de Westvleteren, ses maatjes et ses rollmops, ses dentelles de Brugge aux amandes, ses gaufres de Veurne, ses spéculoos de Hasselt, son cochon de lait décapité à la sortie du four

- pour que la peau reste bien craquante !


et la Veuve Bigoudis, patronne du staminei-estaminet, nourrissant le poêle à charbon, vidant les cendres au fond du potager, cueillant les tomates, coupant les salades et les choux, donnant du foin à un âne ivre et sourd qui tire une carriole à l'abandon, jetant les épluchures aux lapins, allant chercher les oeufs cachés dans des niches à saints de l'ancienne chapelle du vieux cimetière adossé à l'église, égarant son dentier et le retrouvant au sous-sol près du troisième tonneau qu'elle vient de mettre en perce, offrant des rondelles de saucisse sèche et servant du pékêt à ses clients de tous les jours

- j'offre une tournée générale ! que tout le monde trinque à la bonne mienne ! il faut tuer la mort !

- ça s'refuserait peut-être !

- santé ! gezondheid ! prosit !

- s'en fout la mort !

Popeye, Victoire et Tia qui nourrissent les chats du quartier, Mamy et Parrain, Dieu-le-Fils, Polleke et Gigi, Papy qui n'a plus qu'une seule dent, Bazin qui vend des bintjes au cul du camion, Mamour-la-tigresse qui est championne de catch dans la boue et dans la mousse à raser, Dame Elise qui revient d'un pélerinage à la grotte de Lourdes à Jette, le Roi Léon, Flooit et ons Louitje, Zézette-la-Contagieuse et Ma Routou-la-Fiévreuse, Eddy-le-Veinard, Zwette Maurice, Staf Verjean, Heike Grenadine et Zotte Benoît qui font dans la photo de nu intégral artistique, P'tit Robert, Grand Jaja et Dikke Miche, Fons-le-Taulard, Pietje-le-Taxi et Jimmy-l'Aristo, Gus en Chris, Dédé Vitess'ke, Frank De Hakkelaar


pour avoir droit à l'allaitement, il est essentiel d'être reconnu par sa mère


Père Ngoye, Jacky-la-Mandibule, Maggy-la-Sirène aux petits seins pointus, Rudy-la-Frite, Ilse Caricole, Brunhilde et Mie-Jeanne, Rex qui a repris le nom de son vieux chien écrasé par un bus, Mohamed, Jamal et Saïd, Vieux Oscar et Vieux Théo qui décapsulent les bouteilles de bière avec les dents

cadenassant leur vélo, s'accoudant au zinc, roulant leur tabac, rallumant leur pipe, sirotant leur brune ou leur witteke, mangeant des tartines de fromage blanc, grignotant des oeufs durs et des boulettes à la moutarde, savourant un potage à l'oignon, accomplissant les rites selon la coutume, versant le fond de leur verre dans le creux de leur main et s'en frictionnant la tête, offrant leur tournée, se retrouvant chaque soir autour des mêmes tables pour regarder une émission de variétés à la télévision, assembler des puzzles, jouer aux dames ou aux dominos, taper le carton à 2 ou 3

battant les cartes, les distribuant, les retournant, voulant se refaire lors d'une prochaine partie, haussant le ton, montrant le poing, menaçant d'en venir aux mains

sortant leurs chaises quand il fait beau pour prendre l'air et faire la causette sur le trottoir

avant-bras pileux et mentons verruqueux posés sur le dossier des chaises ou le pommeau des cannes

engageant des paris, attendant que le portier du Z-BAR

- de Dieu ! spreekt gij vlaams ?

se fasse casser la gueule par un chômeur très énervé

- dat versta ik niet !

ou qu'une bagarre éclate entre un groupe de students éméchés et un couple de jeunes gens de bonne famille, que les flics débarquent, que le Zef se fasse écraser par une grosse voiture américaine

ou non

passant leur temps à regarder le temps passer

rejetant des crachats, rajustant leurs bretelles, observant les allées et venues d'une vieille deuche, reposant leur verre de pékêt, commentant la grossesse avancée de la petite Marie

- faudra pas l'chercher bien loin l'saligaud qui lui a soulevé l'capot à c'te gamine !

- un bébé du Bon Dieu, conçu à l'église, en moins de deux minutes, dans un confessionnal !

- ou sur la banquette arrière de la bagnole du curé !

- ou dans une bergerie ou un abri à oies !

buvant leur blonde ou leur brune ou leur blanche à la bouteille, laissant leur mégot se consumer sur le rebord d'un cendrier, nettoyant le tuyau de leur pipe



il y a deux marches de pierre bleue à l'entrée du café RIO

deux lourdes marches

deux marches

deux

d


quand on n'a pas les moyens de mourir

on apprend à se retenir


deux marches

saupoudrées de gros sel marin


que je gr gravis, d difficilement nt, glissant sur un sandwich fourré au fr fromage, des tartines à l'omelette, des pulpes de betteraves ou un papier g gras

gotferdoume

un cornet de fr frites jeté par un client, une capote usagée, une hostie recrachée, un z zeste de citron, une gr grenouille v rt verte, un tube de dentifrice, un tr gn trognon de pomme rouge, un papier de bonbon nc acidulé, un grgr grain de chapelet, un bouton de braguette e

bonj'oir

attrapant au vol une pièce de monnaie qq qu'on me lance

- vous êtes bien aimable, manneke !

danke, n'avend

joder


des gens âgés v vont au cimetière comme je vais au stamcafé, pour ren-

contrer des

gens


deux

deux marches

deux lourdes marches


d difficilement

joder


cloche annonçant le passage du marchand de saucisses au chou et soupe aux pois cassés


CAFE RIO

s ss s'il vous plaît ? watte ?

la m mort, ça se prend où ça se trouve, on ferme les yeux, on tr tire la langue, on avale ?

les rats d'égout se marrent q quand on les chatouille ?

avec un b bb bistouri i ?


mémoire saturée ! libérez de l'espace sur le volume qui contient les fichiers temporaires ! volume inexistant ! votre message a été supprimé sans avoir été lu !

- comment ça va, Zef ? hoe gaat't met je ? alles goed, Zef ? en forme ? alles in orde ?


c mpt compteurs de vie ayant viré au rouge, sauts latéraux pour éviter les b boules de feu que m'envoient les adversaires

s'il vous plaît ? w watte ?

- ça va aller, quoi !

je tire le fr frein à main, je d dépose mon sac cd de billes, m mes armes, mes sf fiches et mes st stylos

je m'assieds au bord rd de la route

je sors de mon nb bunker, je lève les sbr bras en l'air

- OK, j'arrête tout !

j'nf enfile ma c mb combinaison de survie, j'ct active mes balises de d tr détresse

dank u, b bonj'oir r

n'avend


effacement du d disque dur, linge bloqué dans la machine à laver, ascenseur arrêté entre deux étages, ch champignon grillé par le soleil

quand il a fait du soleil toute la nuit

il pleut toute la journée

rongeurs et cancrelats gr grgr grignotant les cordes des balançoires, dévorant les câbles des ordinateurs, abattant les calvaires, dérc déracinant les croix en bois des c cimetières et les p poteaux du téléphone pour allumer un bûcher

joder


les poissons n'aiment pas la pluie

des c cygnes-esclaves, enchaînés, les ailes graisseuses, font tourner, en gr grinçant, la grande roue de la machine à vents ts

de la machine à lever les

vents v vv vents nts ss vents ss s sss ts ssss tss s

vents vv nts v vvv vents ss vents ents tsss

v vv vvv vents s ents ss ents sss tss ssss ssssss

qui s ss sss ssss sifflent ff et rendent f fou

fou f ff fouuu f ff fff ffff fffff fouuu

fou f ff fouu f ff fff fouuuuu

f ff fouuuuuuu

ffouuu

ffou

ff

f


il faut mourir à l'heure, dans les délais, ne jamais faire attendre

on ng garde ss secrète sa maladie, on fait la file, on meurt en r ng rang, au pas, dd dans l'ordre alphabétique

s'il vous plaît ? watte ?

mel'si

il ne suffit pas de se jeter dans le canal, encore faut-il ne pas savoir nager


on pr prend son ticket à la boucherie, on attend son tour

goeie avond

n'avend, bonj'oir, danke

on nttr attrape au vol une pièce de monnaie qu'on nv vous lance

- vous êtes bien aimable, manneke !

on app pelle au s ss secours s, par télph téléphone, on se sert d'une pièce de monnaie m nd mendiée dans un couloir du métro

avec un ng gobelet en carton, pour éviter rd de transmettre la poisse à ses sg généreux bienfaiteurs

on attend son tour, les p pieds dans une flaque d'eau mazoutée, on attend nd

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames !

on se suicide d dns dans un vieux xc cimetière adossé à l'gl église du Christ Ressuscité pour ne déranger p rs personne

- à vot'bon coeur ! bien gentil ! bien aimable !


Busleidengang

un abbé de la paroisse du Christ Ressuscité, amant du Beau, amateur de vieilles deuches millésimées et d'aquarelles anglaises du XIXe siècle, explique à une petite fille tout paniquée qu'il ne lui arrive vraiment rien d'extraordinaire

et qu'il est bien possible, après tout, qu'elle soit tout simplement enceinte

- comme la Sainte Vierge, mon enfant, médiatrice de toutes les grâces, associée au Dieu-Sauveur, mère compatissante, qui aime les pauvres, réconforte les malades et soulage la souffrance des miséreux

et qu'elle l'a bien cherché ! et qu'elle aurait quand même dû prendre ses précautions ! et que tout ça est absolument de sa faute ! mais qu'on va quand même essayer de lui arranger le coup !

- vous pouvez refuser mais il serait incontestablement de votre intérêt que vous vous soumettiez à un examen plus approfondi, ma fille

- lala lalala lala

- vous pouvez y réfléchir, mais j'aimerais bien que vous preniez contact avec une faiseuse d'anges

- lala lalala lala

- avec Madame Tina, par exemple

- lala lalala lala

- et je vous soutiendrai dans cette épreuve qui le Seigneur vous impose, mon enfant, et je ne manquerai pas de vous réserver une place particulière dans mes prières

- lala lalala lala

- et je suis même disposé à vous aider financièrement, dans la mesure de mes modestes moyens, mais c'est à vous, de toute évidence, qu'il reviendra d'entreprendre les démarches nécessaires

- lala lalala lala

- vous êtes encore jeune et vous en aurez d'autres, ma fille

un abbé de la paroisse du Christ Ressuscité explique à une petite fille toute paniquée qu'elle doit garder le silence et ne partager leur secret avec personne

- sous peine de péché de mort, ma fille ! il ne serait pas bon pour le salut de votre âme que vous témoigniez contre moi, ma fille !

- lala lalala lala


et qu'en toute occurrence, elle doit, dès à présent, s'engager à préserver la paix des familles, à respecter les convenances, l'ordre public et les bonnes moeurs

- ayez confiance dans le Christ ! priez le Divin Sauveur, ma fille ! élevez votre âme, mon enfant !

- lala lalala lala

- certes, l'avortement est toujours un mal, mon enfant, mais, dans des situations particulières très délicates, il ne constituepas nécessairement une faute

- lala lalala lala


et que si, nonobstant les conseils qu'il consentait à lui donner, elle faisait preuve de légèreté coupable et décidait, par égoïsme et légèreté, de garder le bébé, elle devait dès à présent s'engager à ne jamais laisser l'enfant s'approcher de son père

- jamais ! au grand jamais, ma fille ! vous seriez interdite de messe et l'accès aux Saints Sacrements vous serait aussitôt refusé ! j'y veillerai personnellement !

- lala lalala lala


les bébés s'abiment quand on les sort de l'eau


- on fait comme on a dit, mon p'tit chou ?

- lala lalala lala

- demandez-moi encore une fois pardon pour tout le chagrin que vous m'avez causé, mon lapin, ensuite vous vous mettrez à genoux, vous me ferez une petite gâterie d'adieu, je vous donnerai ma bénédiction et vous pourrez aller en paix, mon enfant !


une enfant pleure

- Bompa Zef ?

une petite fille gratte le vernis de ses ongles qui commence à s'écailler, enlève le fard de ses joues, frotte le rouge de ses lèvres, essuie le blanc de ses paupières

- Bompa, je ne veux pas que tu partes, ne m'abandonne pas, ne me laisse pas toute seule


une petite fille saute à la corde

- youppie youp, les sorcières sont venues, lala lalala, elles sont venues en se cachant, lalala lala , youpee youp, elles ont pris mon fiancé, lala lalala

une petite fille fait redescendre sa jupe marine jusqu'aux genoux, enfile sa petite culotte de flanelle, reboutonne son chemisier

- si tu me quittes, je m'en fous, lala lalala

une petite fille se lave les cheveux, recrache son chewing-gum à la menthe, efface les traces de la laque et du gel qui maintenaient sa coiffure en place, tète son tchoc-tchoc en laine, se noue un foulard autour des hanches et se met à danser

- si tu me quittes, lala lalala, j'en prends un autre, lalala lala, si tu me quittes, lala lalala, j'te remplace, lalala lala, trois pas en avant, lala lalala, trois pas en arrière, lalala lala, trois pas à gauche, lala lalala, trois pas à droite, lalala lala

une petite fille remet ses lunettes rondes, se tresse des nattes dans le dos, les noue, y pique un noeud de satin noir

- Bompa, si tu meurs, je veux mourir avec toi


cacanéant

et cornes de crocodile

inflammation du gros orteil, oedème des paupières, mâchoires douloureuses, diabète, cholestérol et sang dans les urines

ménagères, mangez du lièvre et du lynx, du rat et du serpent, du réfugié économique et du flic politique

fourgons de l'ex-gendarmerie et double rangée de chevaux de frise à l'entrée du Palais royal


- alles goed, Zef ? qu'est-ce qui s'passe avec toi ? encore en vie ? encore en forme ? alles in orde ?


IMPASSE DES BOUGONNEMENTS


on d descend la voile pour ps passer le pont et accéder au vv vieux port

on remonte le f ff fleuve en hâlant le bateau, péniblement, j jusqu'aux collines

- ça va aller, quoi !

on s'applique sur le corps des v ventouses noires et vivaces, bientôt gorgées de sang g

joder

on tire son âne p par la queue, ivre et sourd, errant au bord des routes, les yeux x rb exorbités, les naseaux frémissants, abritant l'm âme d'un mort, dv divaguant

on le tr trait une dernière fois, pour le soulager, avant de l'abattre dans un parking, à coups d de marteau

n'avend

dank u


les as ss assassins ss se déplc déplaceront la n nuit

par gr groupes de six à sept p rs personnes, rm armés de fusils stm automatiques,

cm commandés par un hm homme muni d'n un s ss sifflet

n nus

la poitrine nd enduite de bb bouse de v vache pour se rendre rn anonymes, nv invisibles, mp impénitents

le front nt et les joues n rc noircis au charbon np pour ne pas être r reconnus

le nez d ss dissimulé d derrière un m sq masque hygiénique

la p pointe des oreilles, le cnt contour des yeux et l'xtr extrémité du p pénis p peints en rouge fl fluorescent

le front ntc ceint nt de feuilles de palme tr tressées

des crq criquets leur sautant ntr entre les j jambes


v vampires s s'gr agrippant au plafond, visages barrés de lunettes noires, dents t taillées en pointes, paraissant nts somnoler, ch chiant du boudin blanc aux pommes et aux raisins, pr prêts à fondre sur leur proie, eh

crapauds q quittant les mares et se cachant nt dans les sm massifs

à la fin de l'hiver

le crapaud gagne l'étang de sa naissance pour s'y reproduire

il traverse les autoroutes, les pistes cyclables, les rails de chemin de fer et les champs de bataille

les cynodromes, les hippodromes et les aérodromes

et nourrit le héron


corneilles fr frappant au carreau

hurlement des c coyotes à la rc recherche de leurs nourritures


bien élevés, les assassins enfilent des g gants de chirurgien et tq tq tq toquent à la ff fenêtre avant d'entrer rd dans la chambre à coucher et td de trancher la gorge de leurs pr proies


le héron confie sa vie au crapaud

on casse sa canne, son nd dentier, son nt thermomètre

on avale son ch chewing-gum et la p puce de son np portable

on enlève s son patch, on rr arrache son g goutte-à-goutte

bjour b bonj'oir rg goeie avond dg goeiedag

on brise sa carafe en cristal, son assiette de pp porcelaine et ses verres de contact ct

on achève de r mpl remplir son nc conteneur de déchets sp personnels, de merdes sc chiées, d'rg organes amputés, de spermes sv versés

n'avend

danke


quand la mort se pr présente

si elle me ss sourit

je la pr prends par la m main, je lui b baise la bouche, je lui rn renifle le c cul, je ne la laisse plus pr partir


ménagères, ayez du coeur

chants de Noël au Palais Royal


CAFE RIO


un vieux platane, couvert d'ulcères

dont les racines déchaussent les pavés du trottoir et dont la base est pourrie

un vieux platane s'abat sur une voiture en stationnement, arrache des câbles électriques, épargne de justesse le fritkot de Tina, écorche la façade du Z-BAR, situé de l'autre côté de la place


- alles goed, Zef ? toujours en forme ? alles in orde ?

édentée, nue, grotesque

assise sur un pot de chambre en plastique

fermant les yeux pour se protéger de la lumière

arrachant les pattes d'un mouche urticante avec une pince à épiler


comment p pp peut-on savoir q qu'on est déjà mort ?

les yeux se c cr creusant, le thorax et le ventre gonflant, une b boule de graisse apparaissant dans le dos, d doit-on s'habiller pour mourir, enlever ses tatouages, s'aplatir le v ventre, se tonifier les fesses, se p pp poudrer les verrues purulentes, se refaire les lèvres, se colorier le nombril et se f farder les joues, se regonfler les gn ignames, ch changer de s sexe ?

la mort est assise au bout du tunnel

sous les spots

jetant des cartes dans un chapeau

désignant du doigt les arbres qui doivent être abattus

regardant sa montre


salopette et béret, doigts couverts de plâtre, de taches de couleur et de sparadraps

un type remonte sur sa bécane, pédale contre le vent, divague au milieu de la chaussée

frôlé par le rétroviseur d'une fourgonnette de chantier

aspiré par le déplacement d'air d'un autobus matinal

accroché par un véhicule de ramassage à compression de la voirie

happé par un tracteur aveugle ou une moissonneuse-batteuse

renversé par un camion-pompe servant à déboucher les égouts et à vider les fosses septiques

fauché par une motocyclette

gm augmentation du v volume de la pr st prostate s'cc accompagnant de d ff difficultés rn urinaires, dirrh diarrhée p rs persistante sévère ou c nst constipation opiniâtre, tr tremblement des mains, des br bras, des jambes, des mâchoires et du visage, scrapie du mouton

- ça va aller, quoi !


foetus avariés, cadavres de chats mr marrons et de p pigeons bisets obstruant les sg gouttières

rigidité du tr tronc, ns insuffisances r sp respiratoires, perte de co cocoor coordination des m mm mouvements nts, p paralysie de la langue et du ph pharynx, fr fragilisation du sq lt squelette, formation de pl plaques ss séniles dans les t testicules, d détérioration des ff fonctions s ss sexuelles

comment être v vraiment sûr qu'on est tout à fait mort ?

incendie r ravageant le c tr central téléphonique, le terminal portuaire et les entrepôts

- la p'tite pièce, m'sieurs-dames ! à vot'bon coeur !


je cueille et j j'avale les bonnets de lutin qui me poussent dans les poches, je r remonte en enfance, j'bl oublie tout, je ne me souviens nsp plus de r rr rien

- bien gentil !

ni du motif du c rr carrelage de la cuisine où l'on a m'a tr torturé, ni du t mbr timbre de la v voix de mes sb bourreaux, ni de la c couleur des lacets de leurs b ttn bottines m militaires

s'il vous p plaît ? watte ?

mes oreilles c commencent à me mentir, mes yeux rêvent à midi, mes d doigts ne répondent plus au froid et au feu, je respire par un tr trou en plastique qu'ils m'ont ouvert dans le cou, mes fétiches ont perdu beaucoup de leurs p pouvoirs magiques

les mots n'ont plus les mêmes odeurs

je g gr grumine

- un seul avenir, manneke, la mort !



IMPASSE DES MURMURES


une vieille deuche s'y engouffre à nouveau

un homme en noir s'en extrait, fait signe à une petite Marie, l'appelle, l'invite à venir le rejoindre à l'intérieur de la bagnole

- tu étais encore là, toi ? tu t'habillais toujours en civil ? tu décidais d'enlever ta soutane et de la j'ter au sale ? j'te piquais tes bottines de cuir noir, tes fixe-chaussettes et ton col romain ? j'emportais ton surplis, ton aube et ton étole, ta chasuble, ton maillot de corps et ton caleçon long ? j'cachais tout l'bazar dans la cuvette des toilettes ou dans le four à micro-ondes, j'te tirais la langue et t'essayais de m'piquer avec un affreux porteplume ou un horrible tisonnier ? j'avais un grand secret et je le gardais pour moi toute seule ? je me retenais de pleurer ? qu'est-ce que ...

l'assomme d'un violent coup de bible annotée et cartonnée, lui brise un calice sur le crâne, lui ouvre le ventre, la saigne avec le couteau du sacrifice, lui arrache les tripes, la vide du fruit de ses entrailles

- il fallait la crever, cette putain, c'était un démon !


la lame du couteau doit être neuve

pour diminuer la souffrance de l'animal


une vieille deuche redémarre, en marche arrière, nerveusement, brutalement, furieusement, sans prendre garde à rien, haineusement

- diableries et sorcelleries, elle se faisait pressante ! elle voulait me présenter sa marraine ! elle voulait même rencontrer ma mère ! elle voulait que je l'épouse pour de vrai ! elle voulait que je l'aime plus que Notre Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur !


Z-BAR


le portier du Z- BAR finit de travailler vers 4 ou 5 heures du matin et

- de Dieu ! spreekt gij vlaams ?

se dépêche de rentrer dans son trou à rats ou son placard à balais et

se gave d'odeurs de foutre froid, de pot de chambre mal rincé, de déodorant bon marché, de chanvre congolais et de bougie parfumée à l'encens abandonnées par un couple d'amoureux fauchés qui l'avaient supplié de leur louer sa piaule pour une affaire urgente, un coup pressé et

ramasse quelques kleenex souillés et les jette dans la corbeille à papiers et

défroisse les draps, secoue les oreillers, entrouvre la fenêtre, aère son lit puis le refait à la va-vite, ferme les rideaux, déboutonne sa braguette et

sort quelques revues de cul planquées entre le sommier et le matelas et

les feuillette

fébrilement, fébrilement, fébrilement, fébrilement, fébrilement et

se masturbe

énergiquement, énergiquement, énergiquement, énergiquement, énergiquement

la gueule ouverte, les yeux vitreux

- con de Dieu ! con de Dieu ! con de Dieu !

dans un mouchoir, un journal de petites annonces, un gant de toilette ou des chaussettes de laine et

reconstitue ses forces de travail et

grigote rapidement quelques tartines avant le lever du soleil et l'extinction des lampadaires

omelettes au lard salé, rollmops à la mayonnaise, sardines portugaises ou marocaines en boîte et

s'étend et

s'end

or

t

mon sexe rr rentre en lui-même, à l'abri, dans sa cq coquille e

et d disparaît

- pourquoi je devrais voter pour Dieu alors qu'il me doit plein de pognon ?

gotferdoume

je r repousse avec les pieds les ss assauts des chiens ratiers et des s rp serpents d'eau

- et qu'il attend que je sois tout à fait mort pour me règler ses dettes ?

joder


tout est trop

je m m'enfonce dans des rêves sombres et torrides, d dépourvus d'oxygène

- sauvez-moi, guérissez-moi, délivrez-moi ! Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux veut me casser la gueule, le Seigneur veut me buter, Béni soit son Nom !


respirateur pp plaqué sur le visage, je tiens à la main une corde de

r rappel

qu'ils décident de couper

un j jj jour ou l'autre, sans prévenir, savent-ils seulement p rq pourquoi, eux-autres ?


tout n'est rien

ramassé par un c cca camion poubelle des s rv services sociaux urbains, on me r retrouve le lendemain matin, dans un c mm commissariat de police, au pied d'un sc escalier, les bras m menottés sd derrière le dos, les chevilles entravées, un bandeau sur rl les yeux, décédé d'un arrêt c rd cardiaque ou asphyxié par c mpr compression thoracique

ou j je me casse la gueule en sautant de l'ambulance qui me c nd conduisait aux rg urgences

côtes fracturées, rate éclatée, poumon p p rf perforé

rg régurgitant par la bouche une sb stc substance rosâtre et mousseuse

m m'enfuyant, libre b bre

à p pied ou à vélo, à dos sd d'âne ou de ch chameau

- ikke ?


CAFE RIO

café des larves et des crapauds

café des choux, café des mouches, café des blattes, café des rats

une grosse cloche signalant aux clients qu'il est l'heure de fermer


q qq ... quand je suis une ... m ... mouche ... une merde ... un cr ... crachat

ne p ... parvenant ... mmm ... même ... plus s à ... attraper au ... vv vol ... une der ... nière ... pièce ... de ... monnaie qu'on m ... me lance ...

n'ayant ... pp plus assez ... de ss souffle ... pour tt terminer ... mes ph phra ...ses ...


on ... t téléphone à la ... p police

on pr ... prélève mes ... mpr empreintes ... on ... me ... ph ... pho ... photographie de ... f face et de ... pr profil ...

on écrit m ... mon his ... histoire ...
































on me t ... transporte

ver ... verdoeme ... t ... toch


cacanéant et ... cornes de ... crocodile

on ... m'invite à ... revenir sur ... scène s saluer ... mon p pp ... public ?


la mort d'un sorcier, on fait la fête